CHENU Pierre, Georges, Auguste, Richard

CHENU Pierre, Georges, Auguste, Richard // Naissance : 1-2-1922 à Aubry-en-Exmes (Orne) ; Domicile : Fel Orne () ; Repression : Déporté le 28-10-1943 à  ;  ; Rescapé Bergen-Belsen Allemagne

Fils d'Auguste Chenu, domestique, et de Valentine Leroy, cultivatrice, Pierre Chenu devient pupille de la Nation après la mort de son père en 1930. Domicilié au lieu-dit le Bas-Fel, Pierre Chenu, bûcheron, entre en résistance en juin 1942 sous le pseudo de « Pierre Grand » et rejoint le mouvement Vengeance dirigé localement par René Sénaque. En mai 1943, ayant refusé de répondre à sa convocation pour le travail obligatoire en Allemagne, Pierre Chenu gagne le maquis du Petit-Bornand (Haute-Savoie), sur le plateau des Glières, accompagné de Bernard  et Robert Launay , Bernard Legarlantezeck  et Maurice Lejeune . À son arrivée le 27 mai, il intègre le groupe du lieutenant Simon. Il prend part à différents combats armés et assure des missions de renseignement et de ravitaillement. C’est au retour de l’une d’elles, le 25 août 1943, que Pierre Chenu est appréhendé à Saint-Laurent, près de la Roche-sur-Foron, par des troupes italiennes qui, après avoir fait feu, contraignent le groupe de maquisards à la reddition. Son arrestation décide ses camarades à rejoindre l’Orne, d’autant plus que le maquis peine à assurer le ravitaillement en vivres et en munitions de jeunes hommes toujours plus nombreux.

Le lendemain de son arrestation, Pierre Chenu est conduit à la prison d’Annecy avant d’être transféré le 30 août à Chambéry puis le 16 septembre au Fort de Montluc à Lyon où il reste interné jusqu’au 8 octobre 1943, date à laquelle il fait son entrée au camp de transit de Royallieu (Frontstalag 122) à Compiègne dans l’Oise (matricule 19 200). Le 28 octobre, il fait partie d’un convoi de déportation de 935 hommes parti de Compiègne. Deux jours plus tard, il arrive au KL de Buchenwald, déclare le métier d’ouvrier agricole et devient le matricule 31 021. Sur sa fiche d’identification complétée lors de son immatriculation, le mot « Meerschaum » (« écume de mers ») est inscrit au crayon. Décidée à la fin de l’année 1942, cette opération doit répondre aux besoins croissants en main-d’œuvre du IIIe Reich, engagé dans la « guerre totale », faisant des camps de concentration un réservoir de « travailleurs » au service de l’industrie de guerre allemande.

Le 3 janvier 1944, il est affecté à Dora au Kommando d'Ellrich dans lequel les détenus doivent aménager une usine souterraine de la Mittelwerke. Le 14 septembre 1944, il est de retour au camp de Dora. Le 4 avril 1945, Pierre Chenu est évacué vers le KL de Bergen-Belsen où il arrive après quatre jours de voyage. C’est là qu’il est libéré le 15 avril par l’Armée britannique.

Le 2 mai 1945, il est rapatrié en France dans un état de santé très médiocre, atteint aux poumons et souffrant d’hernies.

Pierre Chenu se marie à Fel le 1er mars 1946 avec Juliette, Marguerite Rivière qui donnera naissance à huit enfants. Il restera profondément traumatisé par l’horreur vécue au camp de Dora et devra cesser rapidement son métier de carrier, trop affaibli par les séquelles de sa déportation. Pierre Chenu s’est éteint le 29 novembre 2011 à Écouché (Orne).

Sources : Archives Arolsen ; SHD-Caen : 21P659688 ; SHD-Vincennes : 16P126319 ; EC (Aubry-en-Exmes) ; Le livre des 9000 déportés de France à Mittelbau-Dora, p.458 ; AERI, La Résistance dans l’Orne, cédérom ; asso-buchenwald-dora.com

Sébastien Beuchet