CHETLER Beli, dite Kettler Berthe

CHETLER Beli, dite Kettler Berthe // Naissance : 26-7-1895 à Braïla (Roumanie) ; Domicile : Rouen Seine-Inférieure () ; Repression : Déportée le 11-2-1943 à  ;  ; Assassinée

Née à une date incertaine (peut-être le 26 juillet), Beli Chetler est originaire de la région roumaine de Valachie mais de parents polonais. Beli Chetler, dite Berthe Kettler, émigre en France en 1901 ou 1902 avec eux et ses sœurs Viche/Victoria  et Ruhla/Rose . La famille s’installe d’abord à Paris puis s’établit à Rouen en 1910. Célibataire sans enfant, Berthe est naturalisée Française par décret du 4 mai 1933. Longtemps vendeuse dans le commerce de son père puis marchande ambulante, elle exerce ensuite la profession d’interprète.

En octobre 1940, elle est recensée comme Juive à son domicile rouennais du 130 rue des Charrettes et doit porter l’étoile jaune à partir de juin 1942. Elle est ensuite autorisée par les autorités d’occupation à quitter la ville et à séjourner à Yerville, petite commune du Pays de Caux, pour assister sa sœur Victoria gravement malade. Mais pour en apprendre davantage sur la vente de l’immeuble familial dans le cadre de l’aryanisation, elle se présente le 5 octobre 1942 au bureau rouennais d’André Coulon, délégué régional aux questions juives, qui s’acharne sur elle après avoir constaté une triple infraction à la législation antisémite : une prétendue dissimulation de l’étoile sous le revers de sa veste, un déplacement illégal entre Yerville et Rouen et un retour après le couvre-feu. Le préfet régional Parmentier demande son arrestation dans la rafle des 9 et 14 octobre 1942, alors que c’est celle de Juifs étrangers que la Sipo-SD avait ordonnée. Le 13 octobre à 20 h, des gendarmes de la brigade de Yerville l’appréhendent à son domicile. Elle est conduite le lendemain au centre rouennais de rassemblement de la rue Poisson, qu’elle quitte le 16 dans l’après-midi, avec les autres victimes de la rafle, pour être transférée à Drancy, en région parisienne.

Dans ce camp de transit des populations juives, elle passe trois mois jusqu’à l’arrivée de Victoria, arrêtée à son tour dans la rafle de janvier 1943. Toutes deux sont alors déportées le 11 février suivant par le convoi no 47 à destination d’Auschwitz. Berthe y est assassinée.

Son nom, avec celui de ses sœurs, est gravé sur la stèle des morts en déportation de la synagogue de Rouen (« Melles Kettler ») et le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris honore individuellement sa mémoire (« Berthe Kettler »).

Sources : AN (en ligne) : BB/34/482 ; SHD-Caen : 21P 468 745 ; AD76 : 3352W2, 40W112, 22W/Z33929 ; ressources.memorialdelashoah.org

Corinne Bouillot