De Naples, le 13 Avril 1683.
Les sept galéres de nostre escadre et celles de l’escadre du Duc de Tursi partirent la nüit du 9 de ce mois, pour aller changer les garnisons des Places du
Roy d’Espagne
sur les costes de Toscane : où elles condüisent douze Compagnies d’infanterie Espagnole et quatre d’infanterie Italienne, parmi lesquelles il y a vne partie des
Bandits qui ont obtenu pardon
de leurs crimes, à condition de servir Sa
Majesté Catholique
. Le Prince Ludovisio Général de nos galéres, s’y est embarqué avec le Marquis de San Crispino Gouverneur des armes dans les mesmes places : qui a mené trois Ingénieurs pour faire travailler aux fortifications de Portolongone. Vne de ces Compagnies d’infanterie Espagnole qui sont allées sur les costes de Toscane, est celle que le
Marquis de Liche
avoit envoyée sur la terre du Prince d’Ottaviano : où on doit en renvoyer vne autre. Ce Prince et ses deux fils sont toûjours au Château de Gaëte : et on délibére dans la Vicairie Criminelle si on luy fera payer l’amende de trente mille écus, que le Fiscal prétend qu’il a encourüe,
parce qu’il ne se rendit pas ici dans trois heures, comme on le luy avoit ordonné. Le Prince de Troïa est toûjours prisonnier à Capoüe. On mande de la Basilicate qu’vn
chef de Bandits s’est remis à la teste
d’vne Troupe de vingt de ces voleurs, avec lesquels il fait des courses dans la Province. Il y en a encore beaucoup dans l’Abruzze. Nous avons appris qu’il y a eu en Sicile et en Calabre, vn
grand orage, meslé de vents et de tonnerres qui sembloient sortir du Montgibel : et qu’il a causé vne épouvente vniverselle et fait de tres grands dommage
s. Nostre
Viceroy
n’est pas encore entiérement rétabli de sa maladie : mais il ne laisse pas de s’appliquer aux affaires les plus importantes. Le 10 et le 12 de ce mois, il se fit porter au marché : et on y jetta par son ordre, des farines qui estoient gâtées. Il passa delà en deux autres endroits : où il fit distribüer le pain aux pauvres.