De Ratisbone, le 28 Avril 1683.
Le 26 de ce mois, le Collége des Princes s’assembla : et on y fit plusieurs propositions tendantes à terminer le différent qui est entre ce Collége et celuy des Electeurs. Les Ministres d’Austriche proposérent de nouveau, de faire vn résultat des opinions différentes des deux Colléges, et de l’envoyer à l’
Empereur
. Les Députez de Magdebourg, de Lauteren, de Hildesheim, de Munster, de Paderborn et de Wirtemberg s’opposérent fortement à cet expédient. Ils représentérent qu’il estoit inutile dans la conjoncture présente, et mesme qu’il pouvoit avoir des conséquences dangereuses pour la liberté des Estats de l’Empire. Le Député de l’
Electeur de Brandebourg
, pour la Principauté de Magdebourg, représenta le péril où l’Allemagne est exposée par le grand armement des Turcs : qu’ainsi il estoit nécessaire de s’vnir contre ces ennemis communs, pour les empêcher de faire de nouvelles conquestes. Qu’à l’égard d’vn résultat commun des différentes opinions des deux Colléges supérieurs, il avoit déja témoigné que cet expédient ne pouvoit estre mis en vsage : et que si on s’en estoit servi en quelques occasions, elles n’avoient aucun raport aux affaires présentes. Que le Collége des Electeurs avoit raison de ne pas consentir à cette proposition puis qu’il estoit contre le stile de la Diéte, et contre la liberté des Estats, qu’on voulût obliger les Colléges à faire rapport à l’
Empereur
, de leurs différentes opinions. Qu’il n’estoit pas enfin nécessaire de demander, à l’occasion de la guerre contre les Turcs, qu’on introdüisît vne nouveauté dans les délibérations de la Diéte, puis que cette guerre n’avoit jamais esté considérée comme vne guerre de l’Empire : et que le secours contre les Turcs avoit toûjours esté demandé par l’
Empereur
et
accordé par les Estats, comme vn secours charitable et volontaire. Le 28, le Député de Paderborn et de Munster opina sur le mesme sujet : et il déclara qu’il réïtéroit au nom de son Maistre, toutes ses déclarations précédentes. Il fut néantmoins, conclu à la pluralité des voix, qu’on proposeroit encore au Collége Electoral de dresser vn résultat commun, où les différentes opinions seroient expliquées. Mais le Collége Electoral persiste dans ses conclusions d’établir la paix avec la France avant toute autre délibération : et de ne pas souffrir que sous prétexte de terminer le différent des deux Colléges Supérieurs, il soit donné aucune atteinte à leur ancienne liberté. L’
Electeur de Baviére
partit de Munich le 27 de ce mois, pour aller à Vienne : et pour se rendre avec l’
Empereur
à la reveüe générale des troupes destinées pour la défense de la Hongrie.