De Ratisbonne, le 24 Mars 1689.
Il ne s’est rien passé à la Diete dans les séances du 19 et 21 de ce mois. On y devoit examiner vn projet qui a esté proposé icy pour l’armement de l’Empire et pour les desseins de la Campagne : mais on a esté obligé de remettre les délibérations sur ce sujet, parce que la pluspart des Ambassadeurs n’ont pas les instructions necessaires. Cependant, le temps de l’ouverture de la Campagne est si proche, qu’il n’y a aucune apparence que ce projet puisse estre reglé et que l’execution en paroit impossible cette année. Mais les Electeurs de
Baviere
, de
Saxe
et de
Brandebourg
, et les Princes de Lunebourg, de Hesse-Cassel, et les autres qui ont des troupes nombreuses sur pied, ont proposé de les joindre à celles de
l’Empereur
, des Cercles et des Alliez étrangers pour s’opposer aux entreprises des François, à condition que les moindres Estats leur payeront vn subside d’argent dont il sera convenu. On avoit resolu hier, à la pluralité des voix, que l’armement de l’Empire seroit de cent mille hommes : mais ce résultat demeura encore en suspens, sur ce que les Ministres du Collége des Princes, à la réserve de ceux de Magdebourg, de Hesse-Cassel, de Lunebourg et de Saxe, alléguérent qu’ils n’avoient pas les instructions suffisantes. On délibéra ensüite, sur le rétablissement de la Chambre Impériale de Spire : et il fut résolu, nonobstant l’opposition des Ministres d’Austriche et du Collége des Villes, qu’elle demeureroit à Francfort jusqu’au mois de Septembre prochain, apres lequel terme on proposeroit les villes d’Erfort et de Hildesheim. On délibéra dans la mesme séance, sur les Avocatoires publiez dans l’Empire : et on résolut que le Directoire de Mayence en dresseroit vn projet, auquel chacun des Ambassadeurs et des Députez pourroit ajoûter ou changer ce qu’il jugeroit à propos. La pluspart des Princes Ecclésiastiques, particuliérement les Evesques de Bamberg, de
Munster
, de Paderborn et de Hildesheim continüent leurs plaintes contre les Electeurs et les Princes Protestans : qui ayant le plus de troupes, prennent par force des quartiers d’hyver et font des véxations extraordinaires sur leurs terres, nonobstant les défenses cy devant faites, et qu’on avoit proposé de réïtérer dans la Diéte. Le Baron de Platern fait de fortes sollicitations pour obtenir que l’Evesché d’Osnabruch soit donné et demeure héréditaire à la Maison des Princes de Lunebourg : alléguant qu’elle a rendu et qu’elle rend encore tous les jours des services considérables.