De Rome, le 10 Aoust 1683.
Le 4 de ce mois, le Cardinal Pio qui a la protection des affaires d’Allemagne, reçeut vn Courier extraordinaire dépesché de Passau, par le Cardinal Bonvisi. Il confirma les mauvaises nouvelles qu’on avoit apprises du siége de Vienne : et il y ajoûta des circonstances tres fâcheuses. Le 5, le Cardinal Pio eut audiance du
Pape
sur ce sujet. Le lendemain,
Sa Sainteté
fit tenir vne Congrégation d’Estat extraordinaire : dans laquelle on délibéra sur les secours dont l’
Empereur
avoit besoin en vne occasion si pressante. Le Cardinal Cibo représenta au nom du
Pape
, le péril où la ville de Vienne se trouvoit rédüite, et les malheurs où la Chrestienté seroit exposée par la prise de cette place. Les Cardinaux furent d’avis qu’il falloit exhorter les Princes d’Italie à fournir des sommes selon leur pouvoir, pour les joindre à celles que le
Pape
devoit envoyer incessamment aux Nonces qui sont en Allemagne et en Pologne, pour les distribüer selon qu’il seroit nécessaire : et qu’il falloit aussi exhorter tous les Princes Chrestiens à secourir puissamment l’
Empereur
pour la cause commune de la Chrestienté. Le
Pape
a résolu ensüite, de faire sçavoir à l’
Empereur
qu’il feroit tenir trois cent mille écus à ses Nonces en Allemagne et en Pologne, pour les dépenses de la guerre. Le 6 de ce mois, on fit vn Service solennel pour le Cardinal Gallio dans l’Eglise de Propaganda fide, dont le Collége est héritier de tous ses biens.