De Turin, le 4 Septembre 1686.
Des Religionaires qui furent chassez de cet Estat, il y a environ trois ans, et qui se répandirent dans les païs des Cantons Süisses, s’estoient assemblez en armes dans le Canton d’Vry, avec d’autres de la mesme religion et de différente nation, jusques au nombre de quatre cents. Mais les Süisses du mesme Canton qui sont Catholiques en arrestérent cent cinquante, qu’ils ont fait amener au
Duc de Savoye
: et ils dissipérent le reste. Cinq ou six cents autres ont trouvé le moyen de passer, et d’entrer dans les Estats du
Duc de Savoye
par le Chablois et le Faussigny. On en a fait trois prisonniers, qui ont déclaré qu’ils avoient reçeu de l’argent du
Prince d’Orange
pour l’exécution de leur entreprise : et qu’ils espéroient estre joints par les nouveaux convertis de ce voisinage, et suivis par vn plus grand nombre de refugiez en Allemagne.
Le Duc de Savoye
a envoyé vn des deux bataillons du régiment des gardes, avec deux régiments d’infanterie, et donné tous les ordres nécessaires pour leur empescher l’entrée dans les vallées de Lucerne. Hier, on eut avis par vn courier, que le Comte de Vérüe et le Comte de Los Gouverneur de Suse, avoient chargé l’arriére garde de cette troupe de mutins : et l’avoient poussée jusques à des postes gardez par le Marquis de Laray, avec quelques troupes Françoises, qui les repoussérent jusques dans des vallons, où ils les tenoient enfermez.
