D’Edimbourg, le 21 Octobre 1689.
Le 11 de ce mois, le Conseil d’Estat fit publier vne proclamation par laquelle l’assemblée des Estats de ce Royaume, qui devoit se tenir le 18 de ce mois, est prorogée jusqu’au 30 de Décembre. Cette prorogation faite sans la participation des principaux de la nation, a esté tres mal reçeüe : et plusieurs ont résolu de faire sur ce sujet, de fortes remontrances.
Ils se plaignent de ce que
le Prince d’Orange
ayant accepté la Couronne aux conditions spécifiées dans les articles qui luy furent présentez par les Commissaires envoyez en Angleterre et ayant juré de les observer, n’en avoit néantmoins observé aucune
: que plusieurs actes nécessaires pour establir la forme de gouvernement souhaitée par les Estats, avoient esté suspendus par la prorogation : qu’il n’avoit eu aucun égard aux plaintes qu’ils avoient faites contre quelques officiers déclarez incapables de tenir aucuns emplois : qu’il avoit fait plusieurs actes de pouvoir arbitraire, donné des dispenses contraires aux Loix, et empesché le cours des procédures commencées, en obligeant les Estats à se séparer. Ils avoient résolu d’envoyer des Députez pour s’en plaindre au
Prince d’Orange
, qui avoit fait entendre que cette députation luy déplaisoit. Ils n’ont pas laissé d’en envoyer quelques vns, qui ont ordre de luy présenter vne Adresse, et de sçavoir si ses Commissaires ont agi par son ordre, afin que s’il les désavoüe, ils puissent estre poursuivis selon la rigueur des loix. Le Colonel
Canon
se fortifie toûjours dans le Nord : et le Major Général
Mackay
qui estoit allé de ce costé là, pour s’opposer aux courses des Highlanders ou Montagnards, en est revenu le 20. Ils ont enlevé depuis peu, le Comte de
Dunfermling
: et l’ont condüit dans l’Isle de Mull, sur le brüit qui s’estoit répandu qu’il vouloit accepter l’amnistie. Les régiments Anglois qui doivent passer en Irlande, mirent à la voile le 17, avec vn vent favorable.