La Gazette de Renaudot

De Bonn le 14 Mars 1689.

Le Marquis de Sourdis ayant eu avis qu’vn grand corps des troupes de Brandebourg avoit défait trois compagnies du régiment de Furstemberg, partit de Nüys le 12 de ce mois, avec vn détachement de douze cents chevaux, le régiment de Provence, et vingt cinq hommes par compagnie de celuy de Castres, pour aller se saisir d’vn passage par où les ennemis devoient venir. Il apperçeut à demy lieuë de Nüys, deux gros escadrons, qui d’abord le vinrent charger : mais sa cavalerie et les dragons les reçeurent avec tant de vigueur, qu’ils les obligérent à prendre la füite, apres en avoir tüé vn grand nombre. Le Marquis de Sourdis s’avança ensüite, pour se rendre maistre d’vn bois qui estoit devant luy. En mesme temps, quarante escadrons se présentérent avec mille hommes d’infanterie : et nonobstant la grande inégalité du nombre, il ne laissa pas de les combattre avec assez de succez, jusqu’à ce que la cavalerie et les dragons n’ayant pû soûtenir vn si grand corps, se retirerent en quelque désordre. Cependant l’infanterie fit ferme : et le Marquis de Sourdis s’estant mis à la teste, fit sa retraite en bon ordre. Le combat dura depuis huit heures dumatin jusques au soir. Il y perdit environ deux cents hommes. La perte des ennemis a esté du moins aussi grande, quoy qu’ils la diminüent, et qu’ils augmentent à leur ordinaire, celle des François. Le Marquis de Castres s’est extrémement distingué en cette occasion, ainsi que le sieur de Bartillat Maréchal de Camp, qui fut blessé à la jambe.