De Bruxelles, le 12 Octobre 1689.
Nous avons appris par des lettres de l’armée, que le Comte d’Artagnan Major Général d’infanterie, estoit venu trouver nostre Gouverneur Général de la part du Maréchal de
Humiéres
, pour se plaindre de ce que pendant que les Pays Bas Espagnols joüissoient de la liberté de leur com--merce et de la culture de leurs terres au moyen de la contribution qu’ils payoient à la France, les sujets du
Roy
son maistre ne joüissoient pas de la mesme tranquillité en payant la contribution à nos places, estant inquiétez des demandes de tous les Princes nos alliez, et luy déclarer en mesme temps, que si cela ne finissoit dans le terme d’vn mois, et que les choses ne fussent reglées, de maniére qu’en payant vne seule contribütion, soit à nos places, soit à quelqu’vn des Princes nos Alliez, les sujets du
Roy
son maistre n’estoient à couvert de toutes demandes des autres Princes nos Alliez, et les sauvegardes de celuy auquel ils auroient payé, respectées par toutes les troupes des Princes confédérez contre luy,
le Roy
son maistre ne souffriroit plus de contribution, et feroit exercer toutes sortes d’actes d’hostilité contre les habitans du plat pays de l’obéïssance du
Roy d’Espagne
, à portée des places du
Roy
son maistre. A quoy il a ajoûté que son maistre trouvoit fort juste que les Princes nos alliez avec les troupes desquels nous luy faisons la guerre, eussent part aux contribütions que leursdites troupes nous donnent moyen de tirer du pays soûmis à l’obéïssance du
Roy de France
: mais qu’il demandoit que l’on réglast à qui la contribution de chaque Province appartiendroit. On nous mande que nostre Gouverneur Général l’a traité avec toutes sortes de civilité, qu’il l’a congédié en l’assurant qu’il feroit tous les devoirs possibles pour régler avec les Princes nos Alliez, cette affaire : de maniére, que la contribütion pût subsister : ce qui est bien à désirer pour la conservation de ce pays, qui a souffert vne perte de plus de dix millions de florins depuis le commencement de la Campagne, ayant nourri également les armées amies et ennemies, et reçeu beaucoup moins de dommage de ces derniéres, que de celles qui sont venües pour le protéger. L’armée des Espagnols et celle des Hollandois sont campées à deux lieües de Leuze. Le quartier général du Marquis de Gastanaga estoit le 9 de ce mois, à Brugelet : celuy du Prince de Vaudemont à Athe : celuy du
Prince de Waldeck
à Cambron : et celuy du Comte de Nassau Général de la cavalerie Hollandoise, à Lens.