De Marseille, le 9 Iuin 1683.
On a appris par des barques arrivées de Cadix et d’Alicante, qu’vn vaisseau du Roy, commandé par le Chevalierde Léry, a pris vn vaisseau Corsaire d’Alger, monté de cent cinquante hommes d’équipage, et de dix-huit piéces de canon : sur lequel il y avoit
trente Esclaves Chrestiens qui ont esté mis en liberté
. Le Marquis d’Amfreville a coulé à fonds vne barque des mesmes Corsaires : et il a repris vn bastiment chargé de marbre qu’ils envoyoient à Alger. Vne barque qui en est venüe depuis peu de jours, a rencontré le sieur de Septemme, avec cinq vaisseaux du Roy assez prés de la Rade. On a sçeu par cette voye, que le
mal contagieux estoit dans la ville
, qu’il y avoit vne
disette fort grande
, que beaucoup de familles se sont retirées à la campagne, que les Jüifs sont aussi sortis, et que la pluspart des gens de guerre qui y sont demeurez ont envoyé leurs femmes et leurs enfans hors de la ville. Tous les Corsaires se sont retirez dans le port, à l’exception de deux Caravelles, de deux barques, et du vaisseau que le Divan d’Alger a envoyé il y a quelques mois à Constantinople, dont il attend le retour avec inquiétude. Les barques ont aussi rapporté que le
Marquis du Quesne
a paru dans les mers de Barcelone, continüant sa route avec l’armée Navale du Roy.