De Naples, le 25 May 1683.
Les quatre galéres qui avoient esté envoyées contre les Corsaires Turcs, revinrent ici le 22 de ce mois : ayant obligé deux de leurs galiotes à s’éloigner et à laisser la liberté à nos vaisseaux de naviger vers la Calabre. Le
Marquis de Liche
a résolu de faire armer vne galiote et deux félouques longues pour
donner chasse
avec plus de succez aux mesmes Corsaires : qui évitent aisément la rencontre des galéres avec leurs bâtiments legers. Ce
Viceroy
a envoyé vn ordre tres rigoureux aux Commandans des garnisons de Calabre de faire marcher la nüit, des partis de Cavalerie le long des plages pour
empescher le débarquement des Pirates.
Il a aussi envoyé ordre à ceux qui commandent dans les tours, de donner soigneusement avis des vaiseaux qu’ils découvriront et qu’ils croiront estre ennemis, afin que les paysans qui travaillent à la campagne ne soient pas surpris et
emmenez en esclavage, comme ils l’ont esté les années derniéres
. Le 23, deux Compagnies d’infanterie Espagnole partirent d’ici, et prirent la route de l’Abruzze : où elles doivent estre employées avec d’autres troupes à
poursuivre les Bandits
, dont le nombre s’est tellement augmenté, qu’on appréhende qu’ils ne viennent commettre jusques dans la ville Capitale, les desordres qu’ils font dans le plat pays des environs. La galére qui avoit esté donnée au Prince Ludovisio est revenüe apres l’avoir débarqué dans ses terres : où il s’est retiré sur ce qu’il a sçeu qu’on avoit dessein de donner à vn autre sa charge de Général des galéres de Naples. Quelques
faux monoyeurs ont esté depuis peu arrestez
: et d’autres se sont sauvez des prisons. On continüe de faire travailler au réglement des monnoyes d’argent : mais il s’y trouve toûjours beaucoup de difficulté.
Il ne s’est pas trouvé plus de six ou sept cens mille écus de
bonne monoye dans les huit Banques publiques de cette ville : et il en faut rabatre la dixiéme partie pour le supplément du poids. Le
Marquis de Liche
a nommé le Chevalier Gio. Battista Brancaccio et le Duc de Girifalco pour travailler à l’accommodement du Prince d’Ottaiano avec le Duc de Matalone.