De Paris, le 17 Iuillet 1683.
Le 4 de ce mois, les troupes du
Roy
sortirent du Camp de Bouquenon, et descendirent dans la prairie pour attaquer le fort qui estoit sur vne hauteur. L’apresdînée,
Sa Majesté
s’y rendit avec toute la Cour : les Dames estant à cheval. On y trouva le Régiment du Roy seul en bataille : et on luy fit faire l’exercice. Cependant,
Monseigneur le Dauphin
donna les ordres pour l’attaque du Fort : et il alla le reconnoistre, accompagné du Duc de Villeroy. Il y avoit pour le défendre sept Bataillons de Champagne, de Normandie, de Navarre, de Roüergue, de la Marine et Vieille Marine, des Fuseliers et des Dragons de la Reyne, dont on avoit fait vn détachement qui formoit vn corps de garde au bas de la montagne. On fit marcher l’armée en bataille : et le Fort fut investi par les troupes, qui demeurérent pres d’vne heure en présence, au brüit de l’artillerie. On donna le signal de l’attaque, par le feu qui fut mis à vne traînée de poudre :et en mesme temps, les troupes marchérent jusqu’au glacis du Fort, sans tirer, quoi que ceux qui estoient derriére les retranchemens fissent leurs décharges en se retirant dans les pallissades. Le feu commença enfin de part et d’autre : et le Fort fut attaqué et défendu dans toutes les formes.
Le 6,
Monseigneur le Dauphin
partit de Bouquenon à la pointe du jour : et vinst jusqu’à Sar-Loüis, à la teste des troupes de la Maison du Roy.
Le mesme jour 6, le
Roy
et la Reyne accompagnez de
Monsieur
et de
Madame
, vinrent coucher à Sarbruck.
Le 7, la Cour arriva à Vaudevrange, passant par le Camp des troupes de la garnison de Sarbruck, composée des Bataillons de Picardie, de Navarre, de la Couronne, de Humiéres, de Vaubecourt, de Crussol et du Régiment Dauphin, avec quatre compagnies des Dragons Dauphins.
Le 8, le
Roy
monta à cheval et alla voir les Travaux de Sar-Loüis, qu’il trouva fort avancez.
Sa Majesté
a esté tres satisfaite du bon estat de ses troupes : et Elle a donné des gratifications considérables aux Colonels et aux Capitaines.
Le
Roy
estant pari de Vaudrevange a continüé sa route par Metz, Malatour et Verdun : et le 15,
Sa Majesté
arriva à Châlons.
Le 13,
Monseigneur le Dauphin
qui estoit parti le matin de Verdun, arriva à Versailles : où il trouva Madame la
Dauphine
et Monseigneur le Duc de
Bourgogne
en tres parfaite santé.
Le Sieur de Mezeray, Historiographe de France et Secrétaire perpetüel de l’Académie Françoise, mourut ici il a quelques jours, âgé de soixante et quatorze ans.
Ces jours passez, Anne Marie Amelot, veuve du feu sieur Nicolai, Premier Président de la Chambre des Comptes, mourut en cette ville, en sa 73e année.