De Cologne, le 30 Mars 1683.
Le 24 et le 26 de ce mois, les Bourgeois se présentérent en grand nombre à la Maison de Ville, pour demander au Magistrat qu’il permist vne assemblée générale des Communes : mais il refusa cette permission. Les
Communes se rassemblérent tumultüairement le 27
: et elles résolurent de ne se séparer qu’apres que le Magistrat les aura entiérement satisfaites. Le sieur Iodoci Résident de l’
Empereur
leur présenta il y a quelques jours, vn nouveau rescrit par lequel Sa
Majesté Impériale
les menaçoit à cause qu’elles ne déféroient point à ses ordres. Mais elles répondirent qu’il estoit juste qu’elles se maintinssent dans leurs anciens droits. Elles ont protesté qu’elles feront au premier jour, exécuter les jugements rendus contre quelques Bourgmestres, puis que le Magistrat ne vouloit pas les faire exécuter luy mesme : et elles luy ont demandé à cet effet, copie des Sentences. Les
affaires sont de cette façon plus broüillées que jamais
, en cette ville. Les troupes se plaignent de ce qu’elles n’ont point esté payées depuis quatre mois : et les soldats désertent tous les jours. Son
Altesse Electorale
a fait distribüer des commissions pour la levée d’vn régiment de Dragons et de deux régiments d’Infanterie. Les Députez de Liége sont partis d’ici pour s’en retourner. Les Estats de cet Archevesché se séparérent hier, apres avoir accordé à son
Altesse Electorale
vingt huit mille écus pour le passé, et vingt deux mille par mois pour l’avenir. On a défendu ici, dans l’Archevesché de Cologne, et dans les Duchez de Iuliers et de Bergue, toutes les levées pour les étrangers : et des officiers Hollandois qui estoient venus de Zutphen en cette ville pour en faire, n’en ont pû obtenir permission du Magistrat.