De Paris, le 16 Iuillet 1689.
On a publie cette semaine, vn Edit du
Roy
du 8 de ce mois, portant création de six cents mille livres d’augmentation de gages au denier dix huit avec faculté d’estre possédées mesme par les Estrangers, et d’estre assignéeset employées en tels estats qu’il plaira aux acquereurs.
On a aussi publié vn Edit de
Sa Majesté
du 8 de ce mois, portant création de cinq cents mille livres de rente Provinciales au denier dix huit.
Le 7 de ce mois, Loüise Chrestienne de Savoye Carignan, veufve de Ferdinand Maximilien, Marquis de Bade, mourut icy, apres vne longue maladie.
Le Roy
a donne au Chevalier de Guitaud Gouverneur de la Martinique, le Gouvernement de l’Isle de S. Christophe et la Charge de Lieutenant Général des Isles Françoises de l’Amérique qui vaquoient par la mort du Chevalier de S. Laurent.
Sa Majesté
a donné le Gouvernement de la Martinique au sieur Gabaret Gouverneur de la Grenade.
Le 14, le Duc de Gesvres Gouverneur de cette ville, le Prevost des Marchands et les Eschevins assisterent à la cérémonie qui se fit pour placer dans l’Hostel de ville vne Statue de bronze de sept pieds de haut representant le
Roy
. Il y eut de grandes réjoüissances : et le soir, on tira vn grand feu d’artifice. La machine, qui représentoit le Temple de la gloire, estoit ornée de plusieurs inscriptions à la loüange de
Sa Majesté
.
On a eu avis du camp devant Londonderry du 13 du mois dernier, que les assiégeants avoient fait vne estacade à l’endroit le plus étroit de la riviére qui a cent toises de large, et huit brasses de fond. Les deux bouts sont défendus par des redoutes où on a élevé deux bateries à fleur d’eau. On a fait des retranchements fort prés des redoutes pour y loger des mousquetaires. Ces retranchements ne sont qu’à la portée du pistolet de l’estacade qu’ils enfilent. On a fait vne autre estacade plus avancée, avec des redoutes et des retranchements : et on espéroit ainsi empescher les Anglois de forcer le passage, ce qu’ils ne pouvoient faire sans vn grand péril, à cause que ne pouvant arriver à l’estacade que vent arriére, le retour seroit presque impossible. On devoit commencer le mesme jour, à bombarder la place.