D’Edimbourg, le 10 Avril 1689.
Le Duc de
Gourdon
apres avoir amusé les Députez de la Convention par diverses conférences, leur fit enfin déclarer qu’il avoit reçeu avis que
le Roy
son maistre et le leur estoit arrivé en Irlande : et qu’il estoit résolu de luy conserver le Chasteau dont il luy avoit confié la garde. Il fit aussi sçavoir aux Magistrats qu’il vouloit témoigner sa joye par vne décharge de l’artillerie : les asseurant en mesme temps, que ce seroit sans faire aucun dommage à la ville : ce qui ne laissa pas d’y causer vne épouvente générale. La Convention a depuis résolu de faire bloquer le Chasteau : et on a préparé des sacs de laine, pour en faire les approches. Les gardes ont esté renforcées aux environs : ce qui n’a pas empesché plusieurs personnes d’y entrer.
Le 2, la Convention écrivit au
Prince d’Orange
vne lettre signée au nom de l’Assemblée par le Duc d’
Hamilton
, pour réponse à celle qu’il luy avoit écrite. On luy donne en cette lettre, le titre de Roy d’Angleterre, et on le traite de Majesté : mais sans prendre la qualité de sujets.
Elle contient en substance, que les Estats d’Escosse le remercient de ce qu’il a accepté l’administration des affaires : qu’ils mettront en délibération la lettre qu’il leur a écrite : et qu’ils espérent prendre des résolutions qui luy seront agréables, et qui assureront la Religion Protestante, les loix et les libertez du païs : et pour ce qui regarde l’vnion proposée entre les deux Royaumes, qu’on ne doute pas que
le Prince d’Orange
ne conduise les affaires de telle maniére, que l’Angleterre sera disposée à y concourir, comme au meilleur moyen d’assurerleur bonheur, et d’établir vne paix de longue durée. Trois Evesques qui estoient restez dans l’assemblée, refusérent de signer la lettre : alléguant les mesmes raisons qui les avoient empeschez d’approuver l’Adresse présentée à Londres par le Duc d’
Hamilton
et d’autres Seigneurs Escossois, pour offrir le gouvernement du Royaume au
Prince d’Orange
. Mylord
Rosse
fut nommé pour porter cette lettre. Le 4, la Convention ordonna que quelques troupes arrivées d’Angleterre sous le Colonel
Mackay
seroient mises en quartiers dans les fauxbourgs, et à Leith. Le 5, il fut résolu que les milices de chaque Comté prendroient les armes et seroient assemblées durant six jours, pour se trouver au rendez-vous au premier ordre, avec des vivres pour trois semaines. On nomma vn Committé composé de huit Seigneurs, huit Chevaliers et huit Bourgeois, pour établir la forme du gouvernement. Le 7, Le Colonel
Mackay
fut nommé Général des milices : et il fut résolu qu’on luy fourniroit tout ce qui seroit nécessaire pour le blocus du Chasteau, et qu’il seroit autorisé pour faire de nouvelles levées. On leut vne lettre de Mylord Livingston, par laquelle il exposoit les raisons qui l’avoient obligé à se retirer de l’assemblée : et vn autre du Vicomte de
Dundée
sur le mesme sujet. Il fut ordonné que ceux qui avoient pris les armes dans les Comtez d’Argyle, de Glasgow ou en d’autres endroits et qui n’estoient pas enrôlez, seroient remerciez et renvoyez. On leut vne lettre du Comte de
Perth
Grand Chancelier, prisonnier dans le Château de Sterling, par laquelle il demandoit permission de se faire servir par ses domestiques : ce qui luy fut accordé. Le Comte de
Crawford
fut nommé pour faire prester aux Magistrats de cette ville vn nouveau serment, par lequel ils promettront de reconnoistre l’autorité de la Convention. Le sieur William Drummond a esté chargé de tirer du Chasteau de Sterling, quatre mille mousquets, cent barils de poudre, mille piques, soixante dix-sept paires de pistolets, pour les transporter à Glasgow, et les distribüer dans les Provinces de l’Oüest. Il fut aussi résolu d’accorder à tous les Catholiques qui s’addresseront à la Convention, des passeports pour sortirdu Royaume.
Tous les Evesques se sont retirez ainsi qu’vn grand nombre de Seigneurs et d’autres Deputez. La pluspart des Magistrats d’Edimbourg ont quitté leurs charges, et ont esté déposez, ayant refusé de prester serment à la Convention. Le 9, le Committé opina à declarer le thrône d’Escosse vacant par forfaiture : mais on n’est pas encore convenu des raisons, ny de la maniere dont cette declaration sera conçeüe. Le Vicomte de
Dundée
a esté proclamé rébelle.