D’Edimbourg, le 23 Iuillet 1689.
Le 13 de ce mois, on leut en l’assemblée des Estats, le projet d’Acte pour abolir l’Episcopat, et les Actes des Parlements de 1662, 1663, et 1681, qui l’avoient rétabli. La clause par laquelle on laisse au
Prince d’Orange
et aux Estats le pouvoir d’établir vne nouvelle forme de gouvernement Ecclésiastique, fut longtemps debatüe : et le 5, elle fut reglée en ces termes : Qu’ils établiroient par l’avis et le consentement du Parlement, la forme de gouvernement Ecclésiastique qui s’accorderoit le mieux aux inclinations du peuple. On approuva vn autre Acte pour casser celuy de 1669, qui établit la Suprémacie Ecclésiastique en la personne du Roy : et vn autre pour casser toutes les sentences rendües depuis l’année 1660, particuliérement pour trahison, sédition et autres crimes qui y ont rapport : ordonnant aussi que toutes les confiscations et amendes ordonnées par les mesmes sentences, n’auroient point de lieu : et que ceux qui avoient à cette occasion, souffert quelque dommage, pourroient avoir recours à l’Assemblée, qui auroit soin de leur en procurer le dédommagement. Le Grand Commissaire demanda avec de nouvelles instances vn subside pour les besoins presents du Royaume : mais cette affaire fut remise à vn autre jour. L’Acte pour la suppression de l’Episcopat contient en substance : Que les Estats ayant déclaré par leur résultat du 21 d’Avril dernier, que toute Prélature et supériorité Ecclésiastique au dessus de la Prestrise,a toûjours esté tres onéreuse, insupportable à la nation, et contraire à l’inclination de la plus grande partie du peuple, depuis le commencement de la Réformation, qui avoit esté faite par de simples Prestres :
le Prince
et
la Princesse d’Orange
abolissent par cette raison toutes les dignitez Ecclésiastiques supérieures à celle de Prestre, cassant et annullant tous Actes contraires : et déclarant que de l’avis et du consentement des Estats, ils établiroient et feroient passer en loy, le gouvernement Ecclésiastique, qui seroit le plus conforme aux inclinations du peuple. La proposition qui avoit esté faite au nom de quelques Ecclésiastiques Episcopaux, de regler dans vne Assemblée les points de Religion contestez avec les Presbytériens, a esté rejettée.
Le 19, le Grand Commissaire fit sçavoir qu’il avoit reçeu vne lettre d’vne main inconnüe, qui contenoit l’avis d’vn dessein formé par vn grand nombre de personnes, pour se saisir des Députez des Estats et les massacrer : pour mettre le feu à plusieurs endroits de la ville, et se déclarer pour
le Roy
. On ne sçait encore qu’en croire : plusieurs de ceux qui sont accusez ayant fait paroistre vn grand attachement aux interests du
Prince d’Orange
.
Cependant, il fut résolu d’arrester toutes les personnes suspectes : et mesme de les appliquer à la torture pour les obliger à déclarer leurs complices qu’on dit estre plus de cinq cents, et toutes les circonstances de la conspiration. L’Acte en fut passé le mesme jour : et on arresta en mesme temps le Duc de
Gourdon
, le Comte de
Hume
, Mylord Oxenford et trente six autres personnes. Hier, le Général
Mackay
revint icy, sans avoir osé se hazarder davantage à poursuivre le Vicomte de
Dundie
, qui se maintient toûjours avec vn corps assez considérable de troupes, dans le Locqhaber : où il estoit presque impossible de le forcer. Il a mandé au Duc de
Hamilton
qu’il traiteroit les prisonniers qu’il a entre les mains, de la mesme maniére qu’on traiteroit ceux qui ont esté arrestez pour estre demeurez fidéles au
Roy
.
On a eu avis aujourdhuy, que huit à neuf cents Irlandois estoient débarquez sur la coste d’Argyle, ayant esté transportez de Karicfergus par trois frégates Françoi-
-ses : et qu’à leur retour en Irlande, elles ont pris deux frégates Escossoises qui croisoient de ce costé là.