Du camp de Gerpines, le 7 Septembre 1687.
L’armée du
Roy
commandée par le Mareschal de
Humiéres
, décampa le 1r de ce mois de Florennes, pour venir à Gerpines : d’où les ennemis étoient décampez quelques heures auparavant, sur l’avis de sa marche, ayant passé la Sambre entre Charleroy et Chasselet. On a sçeu que dans la rencontre de Valcourt, les ennemis avoient eu plus de neuf cents hommes tüez ou blessez. Ils sont campez à Montigny sur la Sambre : et ils ont mis des corps de gardes sur les bord de cette riviére jusqu’à Namur.
Le Prince de Valdeck
avoit résolu d’envoyer à Charleroy les malades de son armée, qui sont plus de quatre mille. Mais le Gouverneur ne les a pas voulu recevoir. Il y a beaucoup de division parmy leurs troupes : et elles se battent souvent quand elles se rencontrent au fourage. La Maison du Roy partit le 3, avec les deux bataillons de Normandie et celuy du Royal de la Marine, pour aller en Allemagne. Le 4e, on apprit que les ennemis avoient ordonné aux habitans du Chasselet, de leur porter des fourrages. Le Mareschal de
Humiéres
y envoya douze cents chevaux soûtenus de quelque infanterie, qui en enlevérent vne grande partie et firent brûler le reste. Les ennemis crurent qu’on alloit les attaquer : et ils se mirent en bataille avec du canon derriere les guez. La nüit du 5 au 6, la premiére ligne de nostre armée s’avança avec trente pieces de canon. On dressa deux batteries, vne de dix piéces vis à vis l’extrémité de la droite du camp des ennemis, qui est pres de Charleroy, l’autre de vingt, vis à vis de Montigny sur Sambre. On commença à la pointe du jour à se canonner de part etd’autre, et il n’y eut des nostres que neuf ou dix hommes tüez ou blessez.