De Berlin, le 23 Décembre 1682.
Nostre
Electeur
continüe à se mieux porter : et les douleurs de la goute, dont il a esté travaillé pendant quelques jours, sont tellement diminüées qu’on espére qu’il sera bientost en état de paroistre en public. Le
Comte de Lamberg
Envoyé Extraordinaire de l’
Empereur
, a invité Son
Altesse Electorale
de se rendre à Ratisbone, pour y conférer avec Sa
Majesté Impériale
, et avec les autres Electeurs-sur l’estat présent des affaires d’Allemagne, particuliérement sur celles qui se négocient à la Diéte de Ratisbone, et sur le péril pressant de la guerre contre les Turcs, qui paroist inévitable pour l’année prochaine. L’
Electeur de Brandebourg
a répondu que ses indispositions ne luy permettoient pas de s’engager à vn voyage qui pouvoit estre préjudiciable à sa santé : que touchant les affaires présentes de l’Allemagne, il estoit toûjours dans le sentiment que l’Empire seroit exposé à vne rüine inévitable, si l’on n’affermissoit sa paix intérieure : et si l’on ne le mettoit en estat de ne rien craindre des Infidéles, en terminant à l’amiable les différents de l’Empereur avec la France. Qu’il estoit encore temps de pourvoir ainsi au point de la seureté publique : mais qu’il estoit à craindre que pour des interests particuliers, on ne laissast perdre vne occasion si favorable, en laissant écouler le temps auquel le
Roy Tres Chrestien
avoit limité le pouvoir de son Plénipotentiaire à Ratisbone, pour écouter les propositions de paix. Que Son
Altesse Electorale
avoit desja fait déclarer ces mesmes sentiments par ses Ministres à Vienne, à Francfort, à Ratisbone et en d’autres lieux : et qu’Elle y persistoit, parce que c’estoit le seul moyen de maintenir le repos et la seureté de l’Allemagne.