De la Haye, le 5 Mars 1689.
Les Estats de Hollande continüent leurs assemblées. Les Estats de Frise continüent aussi leur assemblée à Leuvarden : et délibérent sur de nouvelles levées. Le Comte de
Sunderland
a esté mis en liberté : et il est venu en cette ville : d’où il doit se retirer à Breda. Le Marquis d’Albyville Envoyé du
Roy de la Grande Bretagne
, se dispose à retourner aupres de
Sa Majesté Britannique
. Le
Prince d’Orange
a écrit aux Estats Généraux vne lettre du 23 du mois dernier, dans la souscription de laquelle il prend la qualité de Roy. Il leur donne part de la résolution des Seigneurs et Députez des Communes : et assure les Estats que sa nouvelle dignité ne diminüera pas l’affection qu’il avoit toûjours eüe pour eux, et le soin qu’il avoit pris pour la conservation de la République. Pour leur en donner des preuves convaincantes, il leur déclare qu’elle ne l’empeschera pas de conserver la charge de Stathouder, dont il estoit revestu : et qu’il espére l’exercer avec plus d’vtilité que par le passé, préservant l’Estat des périls dont il est menacé. Il leur promet de tâcher par toutes sortes de moyens, d’établir si bien la bonne intelligence entre les deux nations, qu’elle ne puisse estre troublée, et qu’elle serve à establir leur repos et leur seureté, aussi bien que celle de la Religion Protestante. Cette lettre a causé icy beaucoup de surprise : et on délibére sur la réponse qui doit y estre faite. Il ne renvoye que sept régiments de cavalerie Hollandoise et cinq d’infanterie. Il retient les autres pour les envoyer en Irlande. On dit que le Comte de Broüay est parti pour aller en Angleterre, complimenter
le Prince d’Orange
au nom du Marquis de Gastanaga Gouverneur des Pays Bas Espagnols. Les Estats Généraux ont envoyé ordre aux Sieurs d’Odiik,
Witzem
et
Dyckfeldt
, de prendre la qualité d’Ambassadeurs, pour faire le mesme compliment.