De L’Ille le 15 Décembre 1689.
Le Gouverneur des Pays-Bas n’ayant point encore procuré aux sujets du
Roy
la justice que le Maréchal de
Humiéres
luy avoit envoyé demander par le sieur d’Artagnan, dans les premiers jours du mois d’Octobre dernier, touchant les différentes demandes que les alliez du
Roy son Maistre
, faisoient aux mesmes pays du
Roy
pour là contribution,
ledit Maréchal de
Humiéres
a envoyé le sieur de Phelypeaux Mestre de Camp de cavalerie vers ledit Gouverneur, pour luy renouveller les mesmes instances, et luy faire entendre que les sujets du
Roy son Maistre
seroient contraints de dédommager ceux du Roy, du préjudice qu’ils avoient receu de la multiplicité desdites demandes : sur quoy ledit Gouverneur, apres l’avoir traité avec beaucoup de civilité, luy a répondu qu’il communiqueroit aux alliez du
Roy son Maistre
les plaintes que luy a faites le sieur de Phelypeaux, et ensüite par forme de conversation luy a exageré le grand nombre de troupes des Alliez du Roy son Maistre qu’il avoit présentement à ses ordres, et luy a dit qu’il prétendoit ne faire plus la guerre défensivement, et qu’au printemps prochain, et mesme de meilleure heure que le Roy n’avoit jamais fait, il prétendoit attaquer vne des plus considérables places de Sa Majesté. Le sieur de Phelypeaux l’aremercié de la bonté qu’il avoit de vouloir bien l’avertir de son projet, dont il rendroit compte au Maréchal de
Humiéres
: et cependant, l’a assuré qu’il n’y avoit pas vne des places de la frontiére du Roy, qui ne fût en estat de le bien recevoir, si l’envie luy prenoit de s’en approcher dés à present.