De Londres, le 5 Aoust 1683.
On a publié les circonstances de la mort et les derniéres paroles de ceux qui ont esté
exécutez
pour la
conspiration
. Le Capitaine Walcot, William Hone et Iean Rouse, témoignérent par leurs discours, et par les déclarations qu’ils donnérent aux
Shérifs
, vne extréme douleur de leur crime. Ils avouérent qu’ils avoient mérité la mort : ils demandérent plusieurs fois pardon au
Roy
: et ils exhortérent le peuple à profiter de leur exemple, et à ne pas
se laisser séduire par les pratiques sédicieuses
de ceux qui sous prétexte de Religion, les avoient
engagez à conspirer
contre le
Roy
, sous le régne duquel l’Angleterre s’estoit en peu de temps, rétablie en vn estat plus florissant qu’elle n’estoit avant les derniéres guerres
civiles.
Mylord Russel
ne pût à cause du grand brüit, prononcer le discours qu’il avoit préparé, mais il le donna aux
Shérifs
. Il taschoit de se justifier par ce discours : et néantmoins, il avoüoit quelques circonstances qu’il est difficile d’accorder avec les protestations qu’il faisoit de son innocence. Vn particulier avoit offert de prouver par témoins que le
Comte d’Essex
avoit esté tüé dans la Tour. Mais ayant esté examiné au Conseil, ceux qu’il a prodüits ont desavoüé les choses qu’il avoit avancées. Il a esté obligé de donner caution pour quatre mille livres sterlin : et on le doit poursuivre aux prochaines Assises pour avoir essayé de suborner des témoins. L’Vniversité d’Oxford assemblée en corps le 21 du mois dernier, censura vingt sept propositions contraires au devoirs des sujets envers le
Roy
. Ces propositions se trouvent dans les Livres de Buchanan, de Knox, de Milton, de Baxter, et dans plusieurs écrits en langue vulgaire, qui ont esté publiez en ce Royaume pendant les derniers troubles, et en Ecosse par les Ministres Presbytériens Chefs des Fanatiques. Cette Vniversité les a déclarées hérétiques et scandaleuses : et elle a ordonné que les
Livres dont elles ont esté tirées seront brûlez dans la Cour des principaux Colléges
. Elle a aussi
défendu la lecture de ces Livres, et ordonné que la censure seroit affichée dans tous les Colléges d’Oxford
. Enfin, elle a enjoint à tous les Professeurs, Régents et Catechistes, d’enseigner la doctrine contraire à celle qui est contenüe dans ces propositions. Cette censure fut présentée au Roy le 3 de ce mois. L’Vniversité de Cambridge luy présenta le 4, vne Adresse pour luy témoigner qu’Elle avoit en
horreur la conspiration
: et qu’elle détestoit les maximes impies et sanguinaires de ceux qui en avoient esté les auteurs et les complices. La ville de Cantorbéry, les
Iuges
et les grands Iurez du Comte de Somerset, ceux des Comtez d’York et d’Oxford ont aussi fait présenter à
Sa Majesté
de semblables Adresses, par leurs Députez, avec des asseurances de leur zéle inviolable pour son service. Il a esté ordonné à tous les Officiers des troupes d’Irlande, et de la garnison de
Tanger
, de se rendre incessamment à leurs ports. Le Marquis de Tilladet, Envoyé Extraordinaire de France, arriva ici, le 2 de ce mois. Le 3, il eut audiance du
Roy
et de la
Reyne
: et le 4, il l’eut du
Duc
et de la
Duchesse d’York
. Le mesme jour, le
Roy
ordonna qu’on publieroit vne déclaration, pour donner part à ses sujets de l’heureuse découverte de la
Conspiration
contre
Sa Majesté
et contre le
Duc d’York
: et pour ordonner qu’il y auroit vn jour de priéres publiques en action de graces, qui seroient faites selon la forme prescrite dans la mesme Déclaration. Le
Prince Georges
de Danemark a esté complimenté par toutes les personnes de qualité, et les Ministres étrangers. Le 7, il épousa la
Princesse Anne
, fille du
Duc d’York
dans le Palais de Saint Iames, en présence du
Roy
, de la
Reyne
, du
Duc
et de la
Duchesse d’York
: et ils furent tous complimentez par les Ministres Estrangers qui sont en cette Cour.