De Londres, le 30 Septembre 1683.
La Cour est toûjours à Winchester. On écrit d’Oxford qu’vn des Régents du Collége de Lincoln, a essté cité devant les Grands Iurez pour avoir
tenu des discours séditieux, et pour avoir inspiré des maximes dangereuses
à ses Ecoliers. Le Bill ou acte d’accusation contenoit, entre autres choses, qu’il avoit recommandé à ses Ecoliers la lecture du
livre
de
Iean Milton
pour justifier le parricide commis en la Personne du
feu Roy
, quoy que ce livre ait esté condamné par vn acte du Parlement. Il esoit aussi
accusé d’avoir dit que la Souveraine püissance dépendoit du peuple : que les Communes pouvoient juger et déposer les Roys, et exclure de la succession à la Couronne ceux qu’elle en jugeroit incapables
. Les Grands Iurez déclarérent l’accusation bien fondée, et quelques vns jugérent que selon les loix il pouvoit estre poursüivi comme criminel de Haute Trahison. Il a esté ordonné que le jugement de cette affaire seroit remis aux prochaines Assises : et que cependant, l’accusé donneroit caution. L’Vniversité d’Oxford voulant faire paroistre son zéle pour le service du
Roy
, et employer toute son autorité pour supprimer ces pernicieuses maximes, a ordonné que l’accusé seroit retranché de son Corps. Le sieur Halton, à la place du Vice-Chancelier, a fait publier vn Decret,par lequel l’Vniversité l’exclud, et le bannit à perpétüité avec défense de venir à Oxford, et d’approcher plus pres de cinq milles des lieux où elle fait les exercices si ce n’est pour se présenter devant les Iuges. Vn
particulier accusé d’avoir tenu des discours injurieux contre la mémoire du feu Roy, et d’avoir obligé ses domestiques à travailler le jour de sa mort, qui est célébré avec des priéres publiques dans l’Eglise Anglicane, a esté cité devant les Iuges, qui l’ont obligé à donner caution de dix mil livres sterlin pour comparoistre, quand il en sera requis
. Le
Roy
a accordé des Lettres d’abolition à Mylord Howard d’Escrik, et au sieur Shepherd, dans la maison duquel les principaux complices de la
derniére conspiration
s’estoient souvent assemblez pour délibérer sur l’exécution de leur abominable dessein.
Sa Majesté
leur pardonne par ces Lettres toutes les fautes, pour lesquelles ils pourroient estre recherchez, comme criminels de haute et de petite trahison. Le 27 de ce mois, il y eut à Oxford vn
grand tremblement de terre
: mais il ne dura pas longtemps.