DALTROFF Jeanne

DALTROFF Jeanne // Naissance : 29-12-1884 à Paris (Seine) ; Domicile : Paris Seine () ; Repression : Déportée le 3-2-1944 à  ;  ; Assassinée

Jeanne Daltroff, est célibataire, institutrice à la retraite en septembre 1939. Elle vit avec sa mère, Mathilde , 12 rue Saint-Maur, dans le 11e arrondissement. Dès le début des hostilités, elles partent se réfugier dans leur maison de Pirou, rue du Brocq.

Recensées, surveillées, la mère et sa fille échappent aux premières arrestations de Juifs dans le département, protégées par leur nationalité française. Mais en novembre 1943, les Allemands ordonnent l’éloignement de tous les Juifs de la région normande. Les Juifs étrangers ou ayant acquis la nationalité française ayant été tous arrêtés à cette date, la mesure ne concerne plus que les Juifs français. Sur la foi des « garanties [qui] ont été données par les autorités allemandes quant à leur personne et à leurs biens », le gouvernement français prête son concours à cette mesure de « repli de tous les israélites de la Région de Rouen ». « Sauf défection de dernière heure », le préfet régional prévoit d’évacuer 59 personnes dans l’Orne, 25 dans le Calvados et 19 dans la Manche, soit un total de 103. L’Eure et la Seine maritime sont considérés comme « n’ayant plus de Juifs » en raison des arrestations antérieures.

Le 23 novembre 1943, le préfet de la Manche fait porter les ordres d’évacuation par la gendarmerie. Le commandant de la brigade de Lessay, accompagné du maire de Pirou, transmettent à Jeanne Daltroff et à sa mère l’ordre de se rendre sur le champ à Paris où l’Union Générale des Israélites de France (UGIF) les accueillera. N’ayant pas osé désobéir, elles prennent librement le train le lendemain, 24 novembre, comme deux autres personnes dans le département : Daniel Vallobra  et Jules Bessis . Selon le préfet de la Manche, plusieurs « ont profité du court laps de temps qui leur était laissé pour disparaître », d’autres n’habitaient plus le département.

À leur descente du train, la mère et la fille sont conduites par les Allemands au château de Grignon à Orly (Seine), cédé à l’UGIF par le Secours National sur ordre des autorités d’occupation. Au total, 38 personnes y sont hébergées, venant des trois départements bas-normands et de la région parisienne. Selon la déposition de Georges Daltroff, « Au château de Grignon, c’était un officier français qui avait la responsabilité des détenus. Il avait autorisé ma sœur à revenir à son domicile à Paris, pendant quelques heures, domicile qu’elle avait conservé et à ce moment-là, j’y ai revu ma sœur. C’est elle qui m’avait dit avoir été arrêtée par la Gestapo à la gare St-Lazare, puis conduite au château de Grignon avec ma mère ».

Le 27 janvier 1944, les Allemands conduisent les occupants du château de Grignon dans le camp de Drancy. Jeanne reçoit le matricule 12 787. La semaine suivante, le 3 février, elle est déportée avec sa mère par le convoi n° 67. Elles sont très vraisemblablement gazées dès leur arrivée à Auschwitz, le 6 février 1944.

Jeanne Daltroff figure sur le Mur des noms au Mémorial de la Shoah, sur le monument aux morts de Pirou, sur celui des victimes du nazisme de la Manche de Saint-Lô, ainsi que sur le Mémorial manchois de la Shoah à Cherbourg.

Sources : SHD-Caen : 21P440370, 21P440373 ; AD76 : 40W164 ; AD50 : 129J21 ; Les déportés du château de Grignon, p. 7 ; memorialdelashoah.org ; stevemorse.org ; memorialgenweb.org

Olivier Jouault