
BLOCH Mathilde
Née le 26 mai 1858 à Saint-Dié (Vosges) ; domiciliée à Pirou (Manche) ; déportée le 3 février 1944 à Auschwitz ; assassinée.
BLOCH Mathilde // Naissance : 26-5-1858 à Saint-Dié (Vosges) ; Domicile : Paris Seine () ; Repression : Déportée le 3-2-1944 à ; ; Assassinée
Mathilde Daltroff, née Bloch, est issue de plusieurs générations de Juifs français.
Elle épouse à Paris, le 3 juillet 1884, Gustave Daltroff, d’un an son aîné, qui est
alors commis d’agence de change. Elle est mère d’au moins trois enfants, dont deux
survivants lorsque la guerre éclate : Jeanne
et Georges, nés à Paris en 1884 et en 1888.
Conservant son appartement parisien, 12 rue Saint-Maur, dans le 11e arrondissement, Mathilde vient, avec sa fille, se réfugier dès septembre 1939 dans leur maison de Pirou, rue du Brocq. Mathilde est alors veuve, et son fils reste à Paris.
Les deux femmes se soumettent aux mesures imposées aux Juifs par les autorités allemandes et françaises. En septembre 1941, le préfet de la Manche indique au maire de Pirou que par décision du Feldkommandant, Mathilde est dispensée du pointage quotidien institué en juin 1941 (hebdomadaire à partir d’octobre) mais qu’elle ne peut quitter sa résidence. Cela sans doute en raison de son âge : elle a alors 83 ans.
Surveillées, la mère et sa fille échappent néanmoins aux premières arrestations de
Juifs dans le département, protégées par leur nationalité française. Mais en novembre
1943, alors que tous les Juifs étrangers ou ayant acquis la nationalité française,
qui ne s’étaient pas cachés, ont été arrêtés, les Allemands ordonnent l’éloignement
des derniers Juifs de la région normande. Le 23 novembre 1943, le préfet de la Manche
reçoit l’ordre d’évacuation des Juifs de son département. Il recourt aux motocyclistes
de la gendarmerie pour assurer rapidement la remise des convocations. Mathilde et
Jeanne Daltroff
n’ont pas osé se soustraire à l’ordre de repli apporté par un gendarme de Lessay,
accompagné du maire de Pirou. Le lendemain, 24 novembre, elles prennent librement
le train pour Paris. Dans la Manche, seulement deux autres personnes répondent à la
convocation : Daniel Vallobra
et Jules Bessis
. Selon le préfet de la Manche, plusieurs « ont profité du court laps de temps qui
leur était laissé pour disparaître », d’autres n’habitaient plus le département.
À leur descente du train, la mère et la fille sont conduites par les Allemands au château de Grignon à Orly (Seine), cédé à l’Union Générale des Israélites de France (UGIF) par le Secours National sur ordre des autorités d’occupation, ce mois de novembre 1943.
Le 27 janvier 1944, les Allemands transfèrent les occupants du château dans le camp de Drancy. Mathilde reçoit le matricule 12 786. La semaine suivante, elle est déportée par le convoi n° 67, avec sa fille. Parti le 3 février vers 11 heures, le train circule plus de trois jours pour parvenir à Auschwitz. Étant donné son âge, Mathilde est gazée dès son arrivée, le 6 février 1944 ; c’est la plus âgée des déportés du département de la Manche.
Son nom figure sur le Mur des noms au Mémorial de la Shoah, sur le monument aux morts de Pirou, sur celui des victimes du nazisme de la Manche de Saint-Lô, ainsi que sur le Mémorial manchois de la Shoah à Cherbourg.
Sources : SHD-Caen : 21P440373 ; AD76 : 40W164 ; AD50 : 123ED5H3, 129J21 ; Les déportés du château de Grignon, p. 7 ; memorialdelashoah.org ; stevemorse.org ; memorialgenweb.org
Olivier Jouault
Mots-clés :
- 26-5-1858
- Saint-Dié, Vosges
- Paris, Seine
- Pirou, Manche
- 24-11-1943
- Paris, Seine
- Orly, Château de Grignon, Seine
- Drancy, Seine (12786)
- Auschwitz
- Auschwitz, Pologne




