BESSIS Choua

BESSIS Choua // Naissance : 15-1-1896 à Tunis (Tunisie) ; Domicile : Cherbourg Manche () ; Repression : Déporté le 3-2-1944 à  ;  ; Assassiné

Choua Bessis qui se fait appeler Jules vit à Cherbourg depuis 1927, exerçant avant l’Occupation le métier de marchand ambulant de primeurs et confiserie. Il est manœuvre sur un chantier de l’Organisation Todt en 1943. Jules Bessis vit maritalement au 33 rue Louis Philippe à Cherbourg avec Françoise Huet née Leroy qui a trois jeunes enfants, nés en 1937 (Berthe), 1940 (Liliane) et 1943. Tunisien, « protégé français », il échappe à l’évacuation des étrangers de Cherbourg en 1940 et aux premières arrestations, mais en novembre 1943, « pour des raisons d’ordre militaire », les Allemands exigent l’évacuation de tous les Juifs de Normandie. La gendarmerie française est chargée de leur porter un ordre d’embarquement pour Paris où ils seront pris en charge par l’Union Générale des Israélites de France (UGIF). Absent au passage des gendarmes à son nouveau domicile, 14 impasse Couppey, Jules Bessis obtempère pourtant à l’ordre transmis par ses voisines. Ses deux filles aînées, aussi visées par l’opération, sont réfugiées dans le Loiret avec leur mère, « aryenne » et enceinte d’un troisième enfant.

Jules Bessis monte librement dans le train en gare de Cherbourg le 25 novembre 1943. Arrivé gare Saint-Lazare, il est conduit au château de Grignon à Orly (Seine), géré par l’UGIF. Au total, 38 personnes y sont gardées par les forces de l’ordre françaises. En plus de Jules Bessis, trois autres viennent de la Manche : Mathilde Daltroff , sa fille Jeanne  et Daniel Vallobra . Le 27 janvier 1944, les Allemands transfèrent les occupants du château au camp de Drancy où Jules Bessis est enregistré sous le matricule 12 759. Le sort des « évacués » de Grignon bascule en quelques jours : la semaine suivante, la plupart sont déportés depuis la gare de Bobigny par le convoi n° 67, le 3 février 1944. Jules Bessis meurt à Auschwitz, probablement gazé à son arrivée.

Son nom est inscrit sur le Mur des noms du Mémorial de la Shoah, ainsi que sur le Mémorial manchois de la Shoah érigé à Cherbourg.

Sources : SHD-Caen : FN ; AD76 : 40W164 ; AD50 : 2Z240, 4M37/2823 ; Les déportés du château de Grignon, p. 6 ; memorialdelashoah.org ; stevemorse.org ; memorialgenweb.org

Olivier Jouault