
Photo : SHD-Caen
DOUIN Robert, Raoul, Charles, Joseph
Né à Caen (Calvados) le 4 juillet 1891 ; domicilié à Caen ; exécuté le 6 juin 1944 à Caen.
DOUIN Robert, Raoul, Charles, Joseph // Naissance : 4-7-1891 à Caen (Calvados) ; Domicile : Caen Calvados () ; Repression : Exécuté le 6-6-1944 à Caen (Calvados) ; Décédé
Fils de Raoul Joseph Douin, sculpteur, et de Maria Anna Maier, Robert Douin hérite des dons de son père pour le dessin. Après des études secondaires, il développe ses talents artistiques auprès de son père, professeur à l’école des Beaux-Arts à Caen qu’il dirige depuis 1896. Lorsqu’il effectue son service militaire en 1912, au sein du 36e Régiment d’infanterie à Caen, il se déclare sculpteur sur pierre et sur bois. Promu sergent le 21 novembre 1913, il est rappelé par la mobilisation générale le 4 août 1914. Deux fois blessé, il retourne au front à peine remis, et se distingue par sa bravoure au combat. Marié en secondes noces avec Marie Gosset, celle-ci lui donne deux enfants, Geneviève (1925) et Rémy (1927). A la mort de son père, le 8 décembre 1930, Robert Douin, lui succède à la tête de l’École municipale des Beaux-Arts.
Dès 1940, Robert Douin s’engage au sein du mouvement Armée des Volontaires qu’il quitte
pour entrer dans le réseau de renseignement Alliance, en février 1942, à la demande
de Jean Roger, responsable du réseau pour la Manche et le Calvados. Le sculpteur qui
a adopté le pseudonyme de Civette reçoit une mission difficile. Il doit dresser une carte du littoral à l’échelle 1/10
000e, depuis Cabourg jusqu’à Isigny, et y reporter, toutes les installations et positions
militaires allemandes présentes entre ces deux communes. Pour ce faire, il mobilise
tous les agents du réseau qui peuvent se déplacer dans la zone côtière interdite,
ou sur mer, comme Georges Thomine
, alias « Cachalot », patron pêcheur à Port-en-Bessin. En octobre 1943, recherché par la Gestapo, l’ensemble du secteur « Jardin » (le Calvados) est placé sous la direction de Robert
Douin. Lui-même se déplace sur la côte, grâce à un Ausweis, sous couvert de travaux à effectuer sur les églises paroissiales des communes du
littoral. Régulièrement, l’agent de liaison, Jean Truffault, jeune Normand de 20 ans,
étudiant à Rennes, passe Rue de Geôle prendre des parties achevées de la carte pour
les acheminer, le lendemain, à Paris. Le 17 mars 1944, la Gestapo arrête Robert Douin, Jean Caby
et son épouse. Comme ses camarades du réseau, « Civette » est incarcéré à la maison
d’arrêt de Caen et interrogé. Le 6 juin 1944, il y est lâchement exécuté avec 15 autres
agents du réseau Alliance et 57 autres prisonniers.
Depuis 1944, plusieurs lieux de mémoire liés au massacre de la prison ont été créés dans la ville de Caen. Une plaque commémorative a été apposée le 6 juin 1945, à droite du portail d’entrée de la maison d’arrêt, par le syndicat des agents des services pénitentiaires des prisons de Caen, le 6 juin 1945. Des plaques de rue dédiées à plusieurs victimes, membres de la Résistance, ont été dévoilées dans les quartiers Saint-Paul, Saint-Gabriel, Maladrerie au cours des décennies 1950 et 1960. Un rond-point devant l’entrée de la maison d’arrêt a été inauguré le 12 janvier 1951 avec l’inscription « Rond-point des 87 fusillés ». Ce chiffre, pourtant erroné, a été repris sur le monument dédié aux « Résistants abattus à la prison de Caen le 6 juin 1944 » dans les jardins du Mémorial de Caen. Son inauguration date du 6 juin 1989.
Ces supports de mémoire basés sur des sources fragmentaires et fragiles témoignent, durant toutes ces années, de la méconnaissance des faits. Le nombre des victimes est aujourd’hui établi à 73. Par ailleurs, le terme de fusillés, s’il peut être utilisé par commodité de langage, ne correspond pas à la réalité. Les victimes de la barbarie nazie, 71 hommes et 2 femmes, n’ont pas été fusillées au terme d’un jugement prononcé par un tribunal militaire allemand, mais exécutées sur décision du chef de la SIPO-SD de Caen (Gestapo), avec l’aval de ses supérieurs du siège régional de la Gestapo à Rouen.
En 2025, les corps des suppliciés du 6 juin 1944 n’ont toujours pas été retrouvés. Cependant la connaissance des faits progresse grâce à de nouveaux éléments documentaires, aux sondages et aux fouilles archéologiques des services du département du Calvados, de la DRAC Normandie et des services de l’Etat. L’espoir demeure parmi les descendants des victimes de les retrouver un jour.
Sources : AD14 : 9W70, procès de la bande à Hervé, interrogatoire de Collard Daniel, du 2 mai 1945 , Caen, état civil, NMD, 1891, 1916, 1923, TD-naissances, 1923-1932 ; recensements Caen-Est 1911-1926, Caen-Ouest 1931-1936 ; fiche matricule militaire n° 1039, classe 1911 ; AP : R. Douin/MRDN ; G. Caraes, Le réseau Alliance, 2021
Gérard Fournier
Mots-clés :
- 4-7-1891
- Caen, Calvados
- Caen, Calvados
- 17-3-1944
- Caen, Calvados
- Caen, Maison d'arrêt, Calvados
- 6-6-1944
- Caen, Calvados




