COHEN Juliette, Rachel

COHEN Juliette, Rachel // Naissance : 16-10-1902 à Paris (Seine) ; Domicile : Rouen Seine-Inférieure () ; Repression : Déportée le 20-11-1943 à  ;  ; Assassinée

De nationalité française, elle est l’épouse de Bernard Holstein  et la mère de deux enfants : Jean né en 1924 et Denise  née en 1927. Elle est sans profession, s’occupe de sa famille et de la maison. Elle fait partie de la petite équipe qui s’implique dès février 1942 dans le centre social de l’UGIF-Nord, qui n’est pas encore institué officiellement mais vient en aide aux familles juives en grande difficulté. Juliette Holstein s’active avec trois autres femmes dans la préparation et l’envoi de colis pour les internés. Elle assiste avec angoisse à l’arrestation de son époux le 6 mai 1942 et se réjouit d’apprendre trois mois plus tard sa libération et son retour à la maison. Mais dans la nuit du 15 au 16 janvier 1943 vers 9 heures, elle est arrêtée à son domicile avec son époux et sa fille Denise par la police française, parce que d’origine juive. Cette troisième rafle de Juifs dans le « Grand Rouen » et à Elbeuf est décidée et préparée par la section antijuive de la Gestapo de Paris, avec l’accord du lieutenant-colonel SS Adolf Eichmann à Berlin et l’aide de l’antenne régionale de la Sipo-SD établie à Rouen. Le capitaine SS Röthke, chargé de la déportation des Juifs de France, tire profit de l’attentat commis le 2 janvier contre un officier de la Feldkommandantur 517 place de la gare. Il ordonne l’arrestation immédiate de tous les Juifs de la Seine-Inférieure et fait passer la rafle pour un acte de représailles. Juliette Holstein est amenée au commissariat central de police près de l’hôtel de ville, où elle doit déposer ses biens personnels : clef, argent, bijoux récupérés ensuite par les nazis. Puis elle est détenue quelques heures dans le centre d’internement de la rue Poisson, aménagé dans les locaux de l’actuel collège Fontenelle de la rue des Requis. Avant la fin du couvre-feu, elle est transférée par le train de Paris Saint-Lazare et un autobus parisien réquisitionné dans le camp de Drancy où elle est internée dans la soirée avec 222 Juifs de la Seine-Inférieure. Après la découverte du tunnel d’évasion sous le camp, Juliette Holstein est déportée avec son époux par le convoi n°62 du 20 novembre 1943 dans le centre de mise à mort d’Auschwitz où elle est assassinée.

Sources : SHD-Caen 21P463845 ; Mémorial de la Shoah Paris /AN : fichier de Drancy ; AD76 : 3352W2, 51W170 ; Holstein D., Je ne vous oublierai jamais mes enfants d’Auschwitz , p. 17, 18, 19, 22, 23, 24, 31, 41 ; Holstein D. Le Manuscrit de Cayeux-sur-Mer juillet-août 1945, p. 27, 29, 30, 39, 84, 109-112 ; Bottois F., De Rouen à Auschwitz les Juifs du « Grand Rouen » et la Shoah 9 juin 1940-30 août 1944, p. 215, 216

Françoise Bottois