LEON Dora

LEON Dora // Naissance : 8-2-1943 à Paris (Seine) ; Domicile : Rouen Seine-Inférieure () ; Repression : Déportée le 2-9-1943 à  ;  ; Assassinée

La petite Dora, déportée à l’âge de six mois et trois semaines, est la plus jeune victime de la Shoah en Normandie. Ses parents, Merkado Leon  né en 1907, marchand ambulant, et Mazaltow née Kavayero  en 1908, sont originaires de Smyrne, Izmir à l’heure actuelle, en Turquie. Arrivés en France en 1933, ils résident à Rouen au 174 rue Eau-de-Robec avec la mère de Mazaltow, Perla Kavayero . Tous trois sont arrêtés au cours de la grande rafle de Juifs qui frappe l’agglomération rouennaise dans la nuit du 15 au 16 janvier 1943. Ils sont acheminés dès le lendemain vers le camp de Drancy. Enceinte, Mazaltow est transférée dès le 17 janvier à l’hôpital Rothschild. Trois semaines plus tard, elle accouche de Dora, dont la naissance est enregistrée par la mairie du 12e arrondissement de Paris au 15 rue Santerre, l’adresse de la maternité de l’hôpital.

Dora n’a pas pu bénéficier, comme d’autres nouveau-nés de l’hôpital Rothschild, des opérations de sauvetage menées par le réseau de résistance qui s’y est établi, car la surveillance s’est accrue en 1943. Passé le délai de six mois où les nourrissons peuvent rester à la maternité avec leur mère, elle est envoyée à Drancy (mle 1024) avec Mazaltow, réintégrée au camp vraisemblablement dans le courant du mois d’août 1943. Elle a à peine le temps de faire la connaissance de son père. Celui-ci s’adresse le 31 août au consulat de Turquie pour tenter de faire retirer sa famille de la catégorie des « déportables », en vertu de sa nationalité, la Turquie étant un pays neutre. En vain. Deux jours plus tard, le 2 septembre 1943, Dora est déportée avec ses parents et sa grand-mère dans le convoi no 59 à destination d’Auschwitz. Cette toute petite fille périt-elle dans le train qui la conduit vers le centre de mise à mort, ou bien est-elle gazée à son arrivée ? Administrativement, elle est considérée comme décédée le 7 septembre 1943, soit cinq jours après le départ du convoi.

Un pavé de la mémoire lui rend hommage devant le 174 rue Eau de Robec à Rouen, dernier domicile de ses parents. C’est sous patronyme de Dora Merkado que le Mémorial de la Shoah honore sa mémoire.

Sources : SHD-Caen : 21P736525 ; AD76 : 3352W2 ; EC (Paris 12e) ; Muestros Dezaparesidos, Mémorial des Judéo-Espagnols déportés de France, 2019, p. 181-260 ; M. Laffitte, A. Wieviorka, À l’intérieur du camp de Drancy, p. 204, 210 ; Brull-Ulmann, C., Les enfants du dernier salut, 2017 ; stevemorse.org, memorialdelashoah.org

Corinne Bouillot