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LOUVRIER Louis, René
Né le 27 août 1905 à Mâcon (Saône-et-Loire) ; domicilié à Silly-en-Gouffern (Orne) ; déporté le 17 août 1944 à Buchenwald ; rescapé.
LOUVRIER Louis, René // Naissance : 27-8-1905 à Mâcon (Saône-et-Loire) ; Domicile : Silly-en-Gouffern Orne () ; Repression : Déporté le 17-8-1944 à ; ; Rescapé Dachau Allemagne
Louis Louvrier naît le 27 août 1905 à Mâcon, de Louis et Claudine Louvrier. De 1927 à 1944, instituteur à Silly-en-Gouffern, il exerçe également la fonction de secrétaire de mairie. En septembre 1930, il épouse Balbine Foglietti, elle aussi institutrice, à Argentan (Orne). Le couple a un jeune fils lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate. Mobilisé comme sergent dans le génie, il est démobilisé fin août 1940.
Louis Louvrier, alias « Loulou » ou « François » commet ses premiers actes de résistance
à titre individuel dès septembre 1940 : en sa qualité de secrétaire de mairie, il
se livre à une obstruction systématique des ordres allemands, que ce soit concernant
l’obligation de déposer les fusils de chasse ou la non-observation des ordres de réquisition
de denrées alimentaires. Courant 1941, il fournit de fausses pièces d’identité à plusieurs
Juifs pour leur permettre de gagner la zone non occupée. En juillet 1942, suite à
son recrutement par Robert Aubin
, il rejoint l’Organisation civile et militaire, et plus particulièrement le réseau
Centurie. Puis, en septembre 1943, il rencontre Henri Bronne du secteur d’Argentan
et rejoint les rangs de l’Armée secrète. Il reçoit pour mission de constituer un groupe
de résistance à Silly-en-Gouffern, dont il prend la tête, ainsi que de camoufler un
dépôt d’armes dans la forêt de Gouffern. Courant mars 1944, il accueille le corps
franc O.C.M. départemental, commandé par René Launay, en forêt de Gouffern. En outre,
il s’occupe d’héberger et ravitailler des réfractaires au S.T.O. en leur fournissant
de fausses cartes d’identité, des cartes de ravitaillement ainsi que des certificats
de travail, distribue des tracts et la presse clandestine, repère des terrains d’atterrissage
ou encore camoufle des postes récepteurs clandestins. Fin mai 1944, il succède à la
tête du secteur d’Argentan à Xavier Vimal du Bouchet
suite à l’arrestation de ce dernier et coordonne les actions entre les groupes d’Argentan,
Silly, Trun (Orne) et Coudehard (Orne). Après le débarquement, il organise avec le
maquis de Silly l’abattage d’arbres sur les routes traversant la forêt afin de ralentir
la montée des unités allemandes vers le front de Normandie.
Le 20 juin 1944, le village de Silly-en-Gouffern est cerné par une compagnie de la
Wehrmacht. Louis Louvrier est arrêté par des agents de la Sipo-SD de l’Orne, renforcés par plusieurs auxiliaires français dirigés par Bernard Jardin.
Il est sévèrement torturé à son domicile, sous les yeux de son fils et de son épouse,
cette dernière étant elle-même torturée par la suite. Il est emmené par les Allemands
à Coudehard afin de localiser le maquis mis en place par Albert Giroux
, en vain. Il est transféré à Condé-sur-Sarthe (Orne), lieu de repli des services
allemands d’Alençon (Orne), en compagnie de son épouse et de plusieurs autres habitants
de Silly-en-Gouffern arrêtés en même temps. Louis Louvrier est de nouveau interrogé
et torturé pendant plusieurs heures, avant d’être incarcéré à la prison d’Alençon.
Toutes les personnes arrêtées le 20 juin 1944 sont finalement relâchées, à l’exception
de Louis Louvrier, qui a assumé seul toutes les responsabilités lors des interrogatoires.
Le 2 août ou le 4 août 1944, il est transféré au camp de transit de Royallieu, à Compiègne
(Oise), sous le matricule 46 784. Le 17 août 1944, il est déporté en Allemagne par
le dernier convoi quittant le camp de Royallieu. Louis Louvrier arrive au camp de
Buchenwald le 21 août 1944 (mle 78 532). Du 2 octobre 1944 au 4 avril 1945, il est
travailleur de force au Kommando de Bad Gandersheim, dans une usine d’avions. Devant l’avancée des troupes alliées,
il est transféré au camp de concentration de Dachau le 27 avril 1945.
Deux jours plus tard, le camp est libéré par les troupes états-uniennes. Louis Louvrier, en compagnie de plusieurs camarades, s’évade de Dachau le 11 mai 1945. Sans passer par un seul camp de transit, afin d’éviter toute période de quarantaine médicale, il rentre en France par ses propres moyens : après Strasbourg et Paris, il arrive à Silly-en-Gouffern le 16 mai 1945, où il parvient dans un état de grande faiblesse en raison de son amaigrissement et de ses blessures.
À l’été 1945, Louis Louvrier rédige et publie ses souvenirs de déportation sous le titre Extermination : Compiègne, Buchenwald, Dachau. Souvenirs d’un déporté. Il s’engage également dans les mouvements de résistants et déportés. L’année suivante, il est nommé directeur du Centre d’apprentissage d’Argentan, nouvellement créé. Il exerce cette fonction jusqu’à son décès le 9 décembre 1960 dans cette ville. Une plaque a été inaugurée en son hommage à l’école de Silly-en-Gouffern, qui porte son nom. Le stade qui a été construit à l’emplacement de l’ancien centre d’apprentissage d’Argentan est également baptisé en son honneur.
Sources : SHD-Caen : 21P566703 ; SHD-Vincennes : 16P378 827 ; AD14 : 996W/33 (235) ; EC (Argentan) ; L. Louvrier, Extermination : Compiègne, Buchenwald, Dachau ; A. Mazeline, Clandestinité, La Résistance dans le département de l’Orne ; C. Geslain (dir.), Histoire d’une ville. Argentan de 1939 à 1945 ; AERI, La Résistance dans l’Orne, cédérom
Tristan Rondeau
Mots-clés :
- 27-8-1905
- Mâcon, Saône-et-Loire
- Silly-en-Gouffern, Orne
- 20-6-1944
- Silly-en-Gouffern, Orne
- Alençon, Orne
- Compiègne, Royallieu, Oise (46784)
- Buchenwald (78532)
- Gandersheim (78532)
- Dachau
- 29-4-1945
- Dachau, Allemagne




