MENETRAY Henri, Albert

MENETRAY Henri, Albert // Naissance : 11-1-1922 à Lille (Nord) ; Domicile : Saint-Malo Ille-et-Vilaine () ; Repression : Déporté le 28-4-1941 à  ;  ; Rescapé Lüttringhausen Allemagne

Fils unique, Henri Ménétray a suivi une formation à l’école d’industrie de Rennes. S’étant initié au pilotage à la section d’aviation populaire de l’aéroclub de Dinard (Ille-et-Vilaine), il s’engage pour la durée de la guerre en octobre 1939 et est affecté comme élève pilote à l’Ecole élémentaire de pilotage de Saint-Brieuc (EEP) dans les Côtes-du-Nord où exerce le sergent-chef Jean Dorange . Démobilisé depuis Agen, il retourne à Saint-Malo où il réside 5 rue Toullier et travaille auprès de sa mère. Il s’associe activement au projet de rejoindre les Forces françaises libres en Angleterre, conduit par Jean Dorange  et Pierre Devouassoud  qui rassemble plusieurs anciens de l’EEP. Un bateau est acheté fin janvier 1941 à un marin-pêcheur de Saint-Malo : le Buhara, cotre de neuf mètres, désarmé au fond de la baie de la Fresnaye.

Le 12 février 1941 vers 20h30, par une « nuit longue », ils sont 15 à embarquer (dont quatre habitants de Dinard). Du fait de plusieurs avaries, le Buhara prend du retard et est arraisonné le 13 à 11 heures du matin par un patrouilleur allemand. L’équipage a pu passer par-dessus bord armes et documents. Conduits à la prison maritime de Cherbourg après une étape par Guernesey, les passagers sont interrogés les premières nuits par l’Abwehr puis transférés le 3 mars à la prison de Saint-Lô. Leur procès se déroule du 19 au 20 mars devant le tribunal militaire de la Feldkommandantur 722 pour « intelligence avec l’ennemi ». Il se conclut par la condamnation à mort de Dorange  et de Devouassoud  et la détention à perpétuité en Allemagne pour les autres participants, à l’exception du plus jeune. Le 12 avril 1941 au petit matin, leurs deux camarades sont fusillés à Montebourg (Manche).

Henri Ménétray est déporté avec le reste de l’équipage le 23 avril 1941, conduit d’abord à la prison de Düsseldorf-Derendorf, puis transféré le 14 mai à la Zuchthaus de Remscheid-Lüttringhausen. Premiers prisonniers politiques français à y être détenus, ils bénéficient de l’aide des prisonniers politiques allemands pour supporter des conditions de vie et de travail de plus en plus dures. Libéré le 15 avril 1945 par l’US Army, Henri Ménétray est rapatrié le 7 mai par le centre d’accueil de Jeumont (Nord). Il est décédé le 18 août 1996 à Saint-Broladre (Ille-et-Vilaine), à l’âge de 74 ans.

Son nom figure, au côté de ceux de ses camarades du Buhara, sur le monument pour les Évadés de France érigé sur la pointe de l’Isle à Saint-Cast-le-Guildo (Côtes-d’Armor) et sur la plaque inaugurée à Port-Nieux à Plévenon (Côtes-d’Armor) pour le 60e anniversaire de son départ.

Sources : Arolsen ; Landesarchiv de Rhénanie du Nord-Westphalie, Gerichte rep. 174, nr. 8 ; SHD-Caen : 21P596013 ; SHD-Vincennes : GR16P410526, GR28P8629 ; deces.matchid.io

Isabelle Neuschwander