RIBAULT Jean, Marcel Alexandre

RIBAULT Jean, Marcel Alexandre // Naissance : 14-7-1920 à Bléville (Seine-Inférieure) ; Domicile : Sainte-Adresse Seine-Inférieure () ; Repression : Exécuté le 4-8-1944 à Epaignes (Eure) ; Décédé

Jean Ribault est le fils d’Alexandre Ribault, mécanicien dans la marine marchande et de Marcelle Le Nôtre, employée des Postes. Tous deux domiciliés à Rouen, leur fils choisit le sacerdoce religieux qu’il exerce à Sainte-Adresse où il est vicaire. Son habit n’empêche pas le jeune homme comme tous les garçons de sa génération d’être requis pour le travail obligatoire en Allemagne… Mais l’abbé s’y refuse. Aussi devient-il réfractaire et rejoint en août 1943, le département d’à côté, l’Eure, où le maquis Surcouf accueille à bras ouverts les « hors-la-loi ». Le garçon ne manque pas de charisme si l’on en juge les souvenirs de Simone Sauteur la secrétaire de Robert Leblanc, chef du maquis : « Son visage pâle, aux grands yeux pensifs, reflète une paix étrange. Pourtant, je devine quelles souffrances chaque jour doit accumuler en son cœur et je n’ai pas besoin de l’auréole pour reconnaître dans son indicible fragilité, l’énergie suprême d’un saint ». Soucieux des plus jeunes, il refuse d’être hébergé chez le curé de Saint-Georges-du-Vièvre (Eure) pour rester au maquis « et leur parler de religion ». À la veille du Débarquement et dans les jours qui suivent, on lui assigne la gestion de la pharmacie et le soin aux homme blessés ainsi que de nombreuses missions de ravitaillement auprès des fermiers.

Le 3 août, une petite équipe de la Résistance, Raymonde Mulet alias « Mireille », René Sortemboc , Kléber Mercier  et Jean Ribault, se retrouvent dans une planque qui leur est familière. Il s’agit d’une petite maison plus ou moins abandonnée sur l’exploitation d’Étienne Bréval, à Épaignes, entre Le Plessis et les Mares Fleuries. C’est là qu’ils échangent ordres et missions selon les directives de leurs supérieurs et du chef du maquis.

Dénoncés, les résistants sont encerclés au matin du 4 août par une troupe de soldats bien armés. Il s’agit de la Gestapo d’Évreux commandée par le capitaine Otto Nördling et de la Feldgendarmerie de Bernay (Eure). Le calvaire qu’endure « Jean l’abbé », est bien connu grâce au témoignage d’une des protagonistes, Raymonde Mulet, agent de liaison de Robert Leblanc.

Alors que les hommes gardés se taisent sous les coups, un soldat demande en brandissant la soutane de Jean Ribault : « À qui ce vêtement ? ». « À moi » répond Jean Ribault. « Brutalement, ils vêtirent Jean de sa soutane et il n’est aucune de ces brutes qui ne s’abstint de s’acharner sur lui à coups de poing, à coups de crosse…Et Jean était si chétif… Un coup de poing détermina un saignement de nez. Pas une parole ne s’échappait de ses lèvres. Un grand Allemand édenté que je revois très nettement s’approcha de lui et fit pour se moquer très certainement plusieurs signes de croix grotesques et frappa Jean si brutalement qu’il cria "maman " et tous de s’esclaffer en ricanant » se souvient la résistante. « Puis soutenu par deux Allemands, je vis passer près de moi un Jean l’abbé sanglant, incapable de se tenir debout, littéralement trainé par les boches qui l’emmenèrent un peu à l’écart. Le bel officier blond s’approcha et l’abattit d’un seul coup de revolver ».

Sa mémoire reste encore présente à travers les monuments où son nom a été gravé : au monument aux morts et dans l’église de Saint-Martin d’Octeville-sur-Mer, à Sainte-Adresse, sur le monument de la Résistance à Saint-Étienne-l’Allier ainsi qu’à Pont-Audemer au Mémorial et carré du maquis Surcouf.

Sources : SHD-Caen : 21P647702 ; AD76 : 4979W1 ; Papp J., Les lieux de mémoire de la Seconde Guerre mondiale dans l’Eure, p. 162 ; A. Corbin (éd.)., Journal de Puce, p. 359

Françoise Passera