WEILL Suzanne

WEILL Suzanne // Naissance : 20-4-1875 à Elbeuf (Seine-Inférieure) ; Domicile : Le Havre Seine-Inférieure () ; Repression : Déportée le 3-5-1944 à  ;  ; Rescapé Theresienstadt Tchécoslovaquiee

Suzanne Weill est issue d’une famille juive alsacienne installée après la guerre de 1870 à Elbeuf, où l’entreprise que codirige son père Isaac Weill-Kinsbourg devient la plus importante maison de négoce de drap. Le 20 août 1894, elle épouse Léon Meyer  à Elbeuf. Le couple vit au Havre et Suzanne donne naissance à trois filles, dont Denise  en 1896. Léon Meyer entame au début du XXe siècle une longue carrière politique, dans l’ombre de laquelle vit Suzanne, rarement évoquée dans les biographies de son mari.

Avec sa fille Denise, Suzanne Meyer suit son époux, contraint de se réfugier en zone libre après sa révocation en tant maire du Havre. La famille s’installe en octobre 1941 à Grenoble (Isère) à l’Hôtel Napoléon, où Suzanne accueille aussi sa petite-fille Christiane Grunebaum, dont la mère est décédée et le père a rejoint Londres. En 1943, peu avant que les Allemands n’occupent la zone italienne, les Meyer quittent Grenoble et trouvent refuge dans le village thermal de Saint-Martin-d’Uriage (Isère). Le 6 février 1944, Suzanne y est arrêtée par un commando SS avec son mari et sa fille lors d’une rafle de Juifs. Tous trois sont acheminés à Drancy, où Suzanne Meyer est enregistrée sous le matricule 14669. Seule la jeune Christiane, cachée, échappe à la déportation.

Son mari étant susceptible de servir de monnaie d’échange en tant que personnalité, Suzanne Meyer est déportée avec lui et leur fille non pas à Auschwitz (par le convoi no 69 comme prévu initialement), mais au camp de Bergen-Belsen le 3 mai 1944 (convoi 80B). Transférée le 12 juillet à Theresienstadt (mle 284-XXIV/3), elle doit sa survie au statut de notable conféré à Léon Meyer. Libérée le 10 mai 1945 dans un état de santé précaire, elle est rapatriée quelques jours plus tard avec son époux et sa fille. Après un retour temporaire de son mari au Havre, elle s’installe avec lui à Paris, où elle décède le 26 mars 1949.

Son nom est inscrit sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah.

Sources : Arolsen ; AN : F/7/15494/A ; CDJC :  F/9/5716, F/9/5785 ; SHD-Caen : 21P 560 123 ; EC (Elbeuf, Le Havre) ; Bruttmann, T., « L’‘action Brunner’ à Grenoble », Revue d’Histoire de la Shoah, 2002/1 no 174, p. 18-43 ; Feuß, A., Das Theresienstadt-Konvolut, 2002, p. 50 ; ushmm.org, yadvashem-france.org

Corinne Bouillot