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BRUNET Henri, Charles, André

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BRUNET Henri, Charles, André

Né le 12 avril 1902 à Caen (Calvados) ; domicilié à Caen ; fusillé le 20 septembre 1943 à Paris (15e).

BRUNET Henri, Charles, André // Naissance : 12-4-1902 à Caen (Calvados) ; Domicile : Caen Calvados () ; Repression : Fusillé le 20-9-1943 à Paris (Seine) ; Décédé

Fils de Pierre, marchand de meubles, et d’Alice, Henri Brunet passe son baccalauréat au lycée Malherbe de Caen et effectue son service militaire au sein du « Train des Équipages ». Il monte ensuite une affaire de cartonnage à Paris puis épouse Paulette en 1927. Le couple a deux enfants nés en 1929 et 1931. Officier de réserve, il est mobilisé en 1939 avec le grade de capitaine avant d’être réformé pour raison médicale. Il décide alors de se réinstaller à Caen, au 19 rue Saint-Martin, avec sa famille, dans l’espoir que les problèmes de ravitaillement soient moins critiques qu’à Paris. Il ouvre donc, rue Saint-Manvieu, un atelier d’héliogravure permettant la reproduction de plans. Presque aussitôt, il reçoit la visite d’un officier allemand qui le somme d’accepter de travailler pour les forces d’occupation, faute de quoi son atelier serait réquisitionné. Brunet se voit donc confier régulièrement la duplication de plans secrets.

Au début du mois d’avril 1941, il est contacté par un ingénieur des Ponts-et-Chaussées de l’Orne, Louis Esparre Lien interne, agent du Service de renseignements (SR) de l’Air de Limoges (Haute-Vienne) qui est à la recherche de photos et de croquis d’avions de la Luftwaffe. Henri Brunet accepte aussitôt de se mettre au service du SR français comme « agent P2 » sous le pseudonyme de « Renard » et de dupliquer un exemplaire supplémentaire des documents allemands qui lui passent entre les mains. Entre les mois d’avril et de mai 1941, Henri Brunet a pu remettre à Louis Esparre une quinzaine de plans, parmi lesquels certains concernaient les fortifications de la côte normande, les dépôts de munitions, l’arsenal de Cherbourg (Manche), l’usine d’électrométallurgie de Dives (Calvados) ou encore la structure des sols des régions côtières.

Au mois de février 1942 des officiers de la 716e division d’infanterie allemande stationnés en Normandie s’aperçoivent qu’Henri Brunet a cherché, à deux reprises, à subtiliser une copie des plans qui lui avaient été confiés. Ils alertent l’Abwehr à Paris. L’atelier d’Henri Brunet est perquisitionné, sans résultat. L’affaire semble en rester là. Mais le contre-espionnage allemand réussit bientôt à infiltrer dans le réseau un agent double (un policier français nommé Rocher) qui prétend appartenir aux services secrets britanniques et propose de faciliter l’acheminement des plans à Londres. Tous les quinze jours, Henri Brunet continue de se rendre à Paris pour apporter sa « production » à la « Société française de représentation de machines-outils » (SFRMO), entreprise qui sert de couverture à la Résistance. Au début du mois d’octobre 1942, l’Abwehr a la certitude que le SR français est destinataire des doubles des plans de la 716e division et au même moment, l’agent double continue de remonter les ramifications du réseau. Le Sicherheitsdienst (SD) lance alors son coup de filet le 11 novembre 1942, le jour même où la Wehrmacht envahit la Zone sud, suite au débarquement allié en Afrique du Nord. Henri Brunet figure parmi les premiers résistants du réseau à être arrêtés. En décembre, quatre autres membres du réseau sont pris Louis Esparre, Pierre Doucet Lien interne, Paulette Duhalde Lien interne et Cécile de Majo-Durazzo. Interné à la prison de Caen, le résistance est ensuite emprisonné à Rouen (Seine-Inférieure) puis Fresnes.

Les résistants sont inculpés pour espionnage et traduits devant un tribunal de guerre de la Luftwaffe. Le procès se déroule du 1er au 11 mai 1943 dans l’enceinte de la prison de Fresnes (Seine) dans un baraquement voisin des cachots. Selon l’acte d’accusation, 4000 plans de toutes natures sont passés entre les mains d’Henri Brunet. Le tribunal ne manque pas de relever « l’incompréhensible insouciance des autorités militaires allemandes ». Mais cela n’est pas retenu comme circonstance atténuante : « les aveux de l’accusé Brunet sont complets. Il a déclaré qu’il a toujours espéré que la France reprendrait le combat. Aussi, dans cette attente, il ne s’était jamais considéré comme démobilisé et il s’était promis de continuer à combattre pour son pays ». Henri Brunet est condamné à mort avec cinq de ses co-accusés et tombe gravement malade, ce qui conduit à la suspension de la sentence le concernant le 27 mai 1943 car admis à l’Hôpital de la Pitié à Paris, dans l’attente d’une expertise médicale. Tandis que Paulette, son épouse, multiplie les démarches pour tenter d’obtenir la vie sauve pour son mari, les médecins concluent à une diminution de sa responsabilité personnelle. Le 18 septembre, le recours en grâce est pourtant rejeté définitivement. Deux jours plus tard, le 20 septembre, il est fusillé au stand de tir de Balard.

À Caen, une rue et un groupe scolaire portent son nom. Il figure également sur la plaque apposée à Paris avenue de la Porte-de-Sèvres à la mémoire des 146 fusillés du stand de tir de Balard aujourd’hui détruit, et sur celle des morts pour la France située dans la cour de l’Hôtel de Ville de Caen. Il est également inscrit sur le mémorial 1939-1945 des services spéciaux de la Défense nationale à Ramatuelle (Var).

Sources : SDH-Caen : 21P ; AD 14 : EC (Caen) ; QuellienJ. (dir.), Livre Mémorial des victimes du nazisme dans le Calvados, 2004, p. 43 ; fusilles-40-44.maitron.fr

Jean-Pierre Ravery, Delphine Leneveu

Mots-clés :

Fusillé
  • 12-4-1902
  • Caen, Calvados
  • Caen, Calvados
  • 11-11-1942
  • Caen, Calvados
  1. Caen, Calvados
  2. Rouen, Seine-inférieure
  3. Fresnes, Seine
  4. Paris, Hôpital de la Pitié, Seine
  5. Fresnes, Seine
Décédé
  • 20-9-1943
  • Paris, Seine
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