CANVEL Raymond, François, Louis

CANVEL Raymond, François, Louis // Naissance : 29-10-1921 à Ergué-Armel (Finistère) ; Domicile : Quimper Côtes-du-Nord () ; Repression : Déporté le 23-4-1941 à  ; 16-8-1944 à Lüttringhausen (Allemagne) ; Décédé

Fils d’un employé des chemins de fer, Raymond Canvel a fait ses études à Quimper et s’est initié au pilotage dans une section d’aviation populaire. Il s’engage pour la durée de la guerre en décembre 1939 et est affecté à l’École élémentaire de pilotage de Saint-Brieuc (EEP) dans les Côtes-du-Nord. Après la démobilisation, il tente à plusieurs reprises de rejoindre les Forces françaises libres : depuis Sète, depuis Camaret. Revenu à Quimper, il se joint en janvier 1941 au projet de gagner l’Angleterre conçu par le sergent-chef Jean Dorange  et Pierre Devouassoud  qui rassemble plusieurs anciens de l’EEP.

Un bateau est acheté fin janvier 1941 à un marin-pêcheur de Saint-Malo : le Buhara, cotre de neuf mètres, désarmé au fond de la baie de la Fresnaye.

Le 12 février 1941 vers 20h30, par une « nuit longue », ils sont 15 à embarquer (dont quatre habitants de Dinard). Du fait de plusieurs avaries, le Buhara prend du retard et est arraisonné le 13 à 11 heures du matin par un patrouilleur allemand. L’équipage a pu passer par-dessus bord armes et documents. Conduits à la prison maritime de Cherbourg après une étape par Guernesey, ils sont interrogés les premières nuits par l’Abwehr puis transférés le 3 mars à la prison de Saint-Lô. Leur procès se déroule du 19 au 20 mars devant le tribunal militaire de la Feldkommandantur 722 pour « intelligence avec l’ennemi ». Il se conclut par la condamnation à mort de Dorange  et de Devouassoud  et la détention à perpétuité en Allemagne pour les autres participants, à l’exception du plus jeune. Le 12 avril 1941 au petit matin, leurs deux camarades sont fusillés à Montebourg (Manche). Raymond Canvel est déporté avec le reste de l’équipage le 23 avril, emprisonné d’abord à la prison de Düsseldorf-Derendorf puis transféré le 14 mai à la Zuchthaus de Remscheid-Lüttringhausen. Au cours de sa détention, il apprend le décès le 8 mars 1943 de sa sœur unique, Jacqueline, à Rennes, durant un bombardement. Il décède de tuberculose le 16 août 1944 en ayant perdu 15 kg du fait des conditions de vie et de travail de plus en plus dures.

Son nom figure sur une plaque fixée sur la tombe commune de Pierre Devouassoud  et Jean Dorange  au cimetière d’Orglandes (Manche), sur le monument situé dans le parc de l’abbaye de Montebourg, sur une plaque apposée au bout de la jetée de Port-Nieux (Plévenon, Côtes-d’Armor) pour le 60e anniversaire du départ. Il est également inscrit sur le monument de l’aérodrome Maurice-Bon à Quimper, sur celui érigé sur la pointe de l’Isle à Saint-Cast-le-Guildo (Côtes-d’Armor) à la mémoire des Évadés de France, ou encore celui de Saint-Lô, sur l’emplacement de l’ancienne prison, pour les victimes de la répression nazie.

Sources : Arolsen ; Landesarchiv de Rhénanie du Nord-Westphalie, Gerichte rep. 174, nr. 2 ; SHD-Caen : 21P433084 ; SHD-Vincennes : GR16P104795, GR28P8629 ; memorialgenweb.org

Isabelle Neuschwander