De Madrid, le 21 Septembre 1689.
On fait de grands préparatifs pour la reception de
la Reine
. On avoit eu icy beaucoup de joye des nouvelles venües de Catalogne, qui portoient que Campredon avoit esté repris : et qu’vne partie des troupes Françoises avoient esté défaites. Mais on a sceu que les François avoient fait sauter les fortifications : et qu’ils avoient eu plusieurs avantages sur nos troupes. Les amis du Gouverneur des Païs-Bas ont voulu faire valoir icy, comme vne action d’vn grand éclat, qu’il ait forcé le retranchement d’entre Tournay et Menin, et fait vn fort court séjour dans ce retranchement : mais l’on n’en fait pas grand cas icy, n’ayant pas trouvé qu’il y ait beaucoup dequoy se vanter d’avoir si peu demeuré sur les terres de France, pendant que l’armée de Hollande et celle de France ont passé la campagne dans les terres de nostre domination : et que
les partis François ont brûlé plus de quarante villages, dont on a veu le feu de Bruxelles.
On est d’autant moins satisfait de ce Gouverneur tant icy qu’aux Païs-Bas, qu’il nous a engagez dans cette guerre, en nous faisant esperer que les armées li--guées contre cette Couronne, se joindroient ensemble bien avant au delà des vieilles frontiéres de ce Royaume : ce que luy ny aucun de nos Alliez n’ont exécuté, puisque jusques à present, la guerre s’est faite sur les bords du Rhin et dans le cœur de la Flandre, qui a esté également rüinée par nos Amis et par nos Ennemis. On ne sçait aucunes nouvelles certaines de l’estat du siége de Larrache.