Du Camp de Campredon, le 26 May 1689.
Le 17 de ce mois, sur les neuf heures du matin.
Le Duc de Noailles
alla voir sortir la garnison de Campredon. Il entra sur les cinq, heures du soir dans la place : et il y fit en mesme temps chanter le Te Deum. Ensüite, il alla visiter le Chasteau où on trouva toutes sortes de munitions de guerre en abondance avec dix pieces de canon. Le 24, les Consuls de la Vallée de Ribes et des lieux voisins de Campredon vinrent se soûmettre. On eut avis que le Viceroy de Catalogne avoit fait vn détachement de cavalerie et d’infanterie des Sommetins, qui venoit au secours de la place, et qui estoit arrivé à Aulot à cinq lieües d’ici. Le mesme jour,
le Duc de Noailles
monta à cheval, accompagné du Comte de Chazeron et du Marquis de Rivarol avec vn détachement de quinze cents hommes d’Infanterie et d’vne partie de la cavalerie de l’armée, pour aller s’asseurer du village de S. Paul, de S. Iean de Badesse et de quelques autres lieux fermez qui servoient de retraite aux Miquelets Espagnols : ayant dessein de marcher ensüite, au devant du secours qui venoità Campredon. Il rencontra à demie lieuë du Camp, vn Trompette qui estoit allé avec la Garnison pour la condüire à Gironne : et il sçeut que ce secours estoit de cinq cents chevaux et d’environ mille fantassins : et qu’ils avoient décampé de grand matin, d’Aulot pour s’en retourner, sur l’avis de la prise de Campredon. Le mesme Trompette rapporta que les Espagnols avoient arresté Dom Diego Rodado, pour persüader aux peuples qu’il n’avoit pas bien défendu la place.
Le Duc de Noailles
revint au camp avec son détachement. Hier, on en fit d’autres pour aller se saisir des postes dont il avoit résolu de s’assurer. Les habitans de la Vallée de Ribes vinrent se soûmettre : mais il ne voulut pas les recevoir avant qu’ils luy eussent remis les Tours de Ribes qui sont fortifiées sur la pointe d’vn rocher et capables d’arrester vne armée. Il les menaça s’ils n’en chassoient la garnison Espagnole, de faire entrer les troupes dans leur pays. Aujourdhuy, ils sont revenus et ils ont asseuré que la garnison estoit sortie.
Le Duc de Noailles
a receu leur soûmission : et a envoyé vn détachement dans les Tours de Ribes. Les peuples viennent de huit ou neuf lieuës à la ronde, faire les mesmes soûmissions : et on asseure que l’allarme est grande à Girone et par tout aux environs.