D’Edimbourg, le 24 May 1689.
La Convention est occupée à déposer vn grand nombre d’Ecclésiastiques Protestants, qui refusent ouvertement de faire des priéres publiques pour le
Prince
et
la Princesse d’Orange
. Cette fermeté embarasse d’autant plus la Convention qu’elle apprend tous les jours, des nouvelles fâcheuses de divers endroits.
On a eu avis que quelques troupes venües d’Irlande, ont débarqué dans la Province de Lockaber : et hier matin,
ou apprit par vn courier expres, que trois vaisseaux et seize barques chargez de soldats, estoient entrez dans la Baye de Lochfin, vers la Comté d’Argyle : et qu’on ne doutoit pas qu’ils ne fussent envoyez d’Irlande par le Roy de la Grande Bretagne.
On avoit publié que ceux qui avoient suivi le Vicomte de
Dundée
s’estoient dispersez : mais on a sçeu qu’il avoit fait le tour des Provinces du Nord avec vne diligence incroyable : et qu’il y avoit ramassé de bonnes troupes. Sur cet avis la Convention envoya contre luy le Général
Mackay
avec vne partie de celles qu’il commande, qu’elle croyoit plus que suffisan-tes pour le redüire. Le 21, on reçeut des lettres, par lesquelles il assuroit que Mylord
Dundée
estoit à Invernes dans le Comté de Murray. Mais la Convention fut bien surprise d’apprendre que le mesme jour 21, il estoit entré à trois heures du matin, dans la la ville de Perth éloignée de plus de cent milles d’Innernesse : qu’il y avoit surpris les Barons de Blair et de Pook membres de la Convention et zélez Presbytériens, avec vn corps de cavalerie qu’ils avoient levé à leurs dépens, dont les chevaux luy avoient servi à monter vne partie de ceux qui le suivoient : qu’il s’estoit saisi des deniers publics, assurant les Magistrats qu’il en rendroit bon compte au
Roy de la Grande Bretagne
leur véritable maistre : que plusieurs Dames luy avoient donné leur argent et leurs pierreries : et que cent quarante Gentilshommes s’y estoient joints à luy : que le mesme jour à quatre heures apres midy, il estoit parti pour aller à la ville de
Dundée
,
ses troupes augmentant à mesure qu’il avançoit dans le païs : qu’il avoit encore surpris aux environs de cette ville, Mylord Rollo et vne troupe de cavalerie qu’il commandoit : qu’en mesme temps, deux compagnies de dragons l’avoient joint, se declarant pour
le Roy
: que plusieurs Gentilshommes de la Province d’Angus, où la ville de
Dundée
est sitüée, et beaucoup d’anciens officiers prenoient le mesme parti : et que venant à Perth, et traversant la Province d’Athol, il avoit attiré à son party le Marquis d’
Athol
et son fils le Comte de Dunmére. Ces nouvelles ont esté confirmées par les lettres du Général
Mackay
, qui écrit qu’il n’est pas assez fort pour s’opposer à Mylord
Dundée
: et demande qu’on luy envoye au plustost les troupes qu’il a laissées devant le Chasteau d’Edimbourg. La Convention les a fait partir, mais en mesme temps, elle a écrit pour faire venir les troupes Angloises qui sont sur la frontiére, quoy qu’auparavant, elle les eust priées de ne pas entrer en Ecosse.