De Cléves, le 6 Novembre 1689.
Nostre Electeur
est parti pour se rendre à Berlin, outré du traitement qu’il a reçeu touchant les quartiers d’hyver de ses troupes, que
l’Empereur
luy a défendu, par vne lettre fort dure, de mettre dans le païs de Iuliers : sans faire reflexion que ledit païs seroit en proye à nos ennemis, aussi bien que la pluspart des païs qui sont de l’autre costé du Rhin, si
nostre Electeur
avec vne dépense immense, n’avoit pas employé ses troupes pendant toute la Campagne, à chasser nos ennemis des places qu’ils occupoient dans l’Electorat de Cologne. Il y a lieu d’espérer que ce traitement si peu mérité par vn Prince si considérable, fera ouvrir les yeux aux autres : et leur fera comprendre combien ils agissent contre leurs véritables interests, quand ils travaillent à augmenter la puissance de
l’Empereur
. On dit que
l’Electeur de Saxe
a repris aussi, le chemin de ses Estats : n’ayant pas plus de sujet de se loüer des Ministres de
l’Empereur
, que
l’Electeur nostre Maistre
. Si la Cour de Vienne ménage aussi peu, les Electeurs, dans le temps où elle veut les porter à élire, au préjudice des constitutions de l’Empire, le Roy de Hongrie, Roy des Romains, que ne doivent ils point attendre, lors qu’ayant fait pour
l’Empereur
ce qu’ils ne peuvent faire, sans manquer à leur serment, ils auront mis
Sa Majesté Impériale
en estat de n’avoir plus besoin d’eux ?