D’Edimbourg, le 20 Aoust 1689.
On publia la semaine derniére, vn Acte pour donner pouvoir au Conseil d’Estat de convoquer toutes les personnes capables de porter les armes. Cet ordre fut expédié sur la nouvelle qu’on eût d’vn grand combat donné le 6 de ce mois, pres du
Blair d’Athol
, entre les troupes commandées par le Vicomte de
Dundie
et celles du Major Général
Mackay
. Il commença vers les cinq heures du soir, par l’aisle droite composée de Highlanders ou Montagnards, et d’Irlandois, commandez par le Colonel
Canon
. Ils chargérent quatre régiments Anglois avec tant de furie, qu’apres vne longue résistance ils les défirent : et la pluspart furent taillez en pieces. Le Vicomte de
Dundie
poussa les troupes du Prince d’Orange si vigoureusement, qu’apres quatre heures de combat, elles furent obligées à prendre la füite. Le carnage fut grand : et on assure qu’il y eut plus de quatre mille hommes tüez. Le 11, on leut à l’assemblée des Estats, vne lettre par laquelle le Général
Mackay
mandoit que la perte n’estoit pas si grande, quoy qu’elle se confirme de plus en plus, et qu’il demande avec empressement vn renfort de troupes, des munitions et des vivres. Il mandoit aussi que le Vicomte de
Dundie
avoit esté tüé dans le combat. D’autres assurent qu’il est mort de ses blessures quatre heures apres : et que le Comte de
Dunfermling
et le Colonel
Canon
ont pris le commandement des troupes. Elles ont obligé les habitans de la campagne à leur fournir des vivres et des bestiaux. Le Comte de
Dunfermling
a envoyé sommer quelques Seigneurs de se joindre à luy pour le service du Roy, me--naçant de mettre tout à feu et à sang dans leurs terres, s’ils ne se remettoient à leur devoir. Le Grand Commissaire a demandé au nom du Prince d’Orange, vn subside extraordinaire de cinq cents soixante et dix sept mille livres sterlin : sur quoy les Estats n’ont pas encore delibéré. L’assemblée a esté prorogée par son ordre, lors qu’on s’y attendoit le moins, et avant que d’avoir passé l’Acte pour établir le gouvernement Presbytérien. Le régiment du Comte d’
Angus
a pris ce prétexte pour refuser de servir.