De Londres, le 26 May 1689.
Le 16 de ce mois, le Bill pour la levée de la taxe par teste fut leu la troisiéme fois : et il fut resolu d’accorder trois mille livres sterlin aux officiers de l’Echiquier, pour les frais du recouvrement des sommes qui en proviendront. Le 17, les Seigneurs firent faire la premiére lecture d’vn Bill pour réhabiliter la mémoire de la Dame l’Isle, qui ayant donné retraite à quelques vns des complices de la conspiration de Newmarket, fut condamnée à estre brûlée suivant la loy, qui ordonne cette peine pour les femmes coupables de Haute Trahison. Les Communes reçeurent vn message du
Prince d’Orange
, par lequel il leur donnoit part de sa résolution de déclarer la guerre à la France. Le mesme jour, il fit publier la déclaration de guerre contre cette Couronne. Le 18, il devoit venir à la Chambre des Seigneurs : mais les nouvelles qu’il reçeut par deux couriers, du combat donné par le Vice-Amiral
Herbert
, à la flote de France le fit différer. On a tâche de couvrir le peu de succez de cette premiére hostilité, en faisant croire que les vaisseaux François estoient beaucoup supérieurs en nombre. On a débarqué en divers ports, vn tres grand nombre de blessez, qu’on dit estre au nombre de six à sept cents : et on travaille en diligence, à radouber les vaisseaux, dont la pluspart sont fort maltraitez. Le sieur
Powel
vn des Iuges du Banc Royal, comparut à la Chambre pour rendre compte de sa condüite dans l’affaire du Comte de
Dévonshire
, condamné à vne amende de trente mille livres sterlin. On écouta aussi les luges qui donnérent il y a quelque temps, vne déclaration solennelle touchant l’autorité du Roy pour dispenser des loix : et ces affaires furent remises à la huitaine. Le 19, on fit la troisiéme et derniére lecture du Bill pour autoriser les Commissaires du Grand Seau : et d’vn autre pour casser la sentence de mort prononcée et exécutée pour crime de Haute Trahison, contre le
Colonel Algernoon Sidney
. L’Orateur dit que
le Prince d’Orange
souhaitoit que les Députez de chaque Province, nommassent des Commissaires pour le recouvrement des deniers qui proviendront de la taxe par teste : personne ne se présentant pour en prendre le parti, ny pour en faire les avances. Le 21,
le Prince d’Orange
alla à la Chambre des Seigneurs : et donna son consentement aux actes suivants. Le premier, pour asseurer le gouvernement present, en desarmant les Catholiques et ceux qui sont réputez tels.
Le second, pour déclarer que la promotion Simoniaque d’vne personne ne peut pas préjudicier aux autres.
Le troisiéme, pour rectifier vne erreur qui s’estoit glissée dans le premier. Le quatriéme, pour la naturalization de Henry de Nassau et de quelques autres. Le cinquiéme, pour casser la procédure criminelle contre le
Colonel Algernoon Sidney
. Le mesme-jour, les Députez des Estats d’Escosse eurent audience publique du
Prince
et de
la Princesse d’Orange
: et ils leur présentérent vne lettre des mesmes Estats : l’Acte pour leur déférer la Couronne : vn mémoire des griefs de la nation : et vne Adresse pour demander que la Convention fût changéeen Parlement. Ils luy présentérent ensüite, le serment du Couronnement, qu’il presta nonobstant toutes les clauses qui y ont esté ajoûtées, qui sont la pluspart contraires à celuy qu’il a preste lors qu’il s’est fait couronner pour l’Angleterre. Le 26,
le Prince d’Orange
alla à Portsmouth, visiter la flote : et distribüa quelque argent aux matelots. On a travaillé dans les deux Chambres à dresser l’Acte d’amnistie : et il a esté résolu d’en excepter ceux qui ont eu part à la suspension des loix, les Commissaires establis extraordinairement pour les affaires. Ecclésiastiques, et ceux qui ont conseillé l’emprisonnement des Evesques, et qui ont eu part à leur jugement. On n’a encore pû establir le fond de sept cents mille livres sterlin pour les dépenses de la flote : et
on a proposé vne imposition d’vn schelin pour livre sterlin, sur tous les biens meubles et immeubles, et mesme sur les pensions.
L’Acte qui concerne les Protestans Nonconformistes a esté reglé : et il a esté résolu que les loix Pénales contre ceux qui n’iront pas aux Eglises selon les statuts, subsisteront dans leur ancienne vigueur. On n’a aucune nouvelle d’Escosse, si ce n’est que le Chasteau se maintient toûjours dans l’obéïssance du
Roy
, et que le Colonel
Mackay
qui l’assiégeoit est allé dans le Nord, contre le Vicomte de
Dundée
.