De Rome, le 15 Mars 1689.
Le 10 de ce mois, vn courier extraordinaire que
le Cardinal d’Este
avoit dépesché en France sur la fin de Ianvier, au
Roy de la Grande Bretagne
, revint icy avec des lettres de
Sa Majesté Britannique
pour
le Pape
.
Le Cardinal d’Este
devoit les luy présenter et l’entretenir plus amplement des affaires d’Angleterre. Mais vne attaque de goute à la main qui oblige depuis quelques jours
Sa Sainteté
à garder le lit, l’a empeschée de signer aucune expedition, et de donner audience au
Cardinal d’Este
, au Cardinal Howard et au sieur Porter Envoyé de
Sa Majesté Britannique
, quoy qu’ils la demandent avec de grandes instances. On a sçeu par le retour de ce courier, que
le Roy de la Grande Bretagne
estoit parti de S. Germain en Laye pour se rendre à Brest, et de là
passer en Irlande, avec vn secours considérable d’argent, d’armes, d’officiers et de vaisseaux, que
le Roy Tres-Chrestien
luy a donné, afin de maintenir l’Irlande dans l’obéïssance, et de soûtenir les Catholiques de cette Isle, qui avec des forces tres médiocres, luy sont demeurez fidéles.
Ces nouvelles ont comblé de joye tous les bons Catholiques : et leur font espérer vn heureux succez de ces commencements, qu’on ne pouvoit attendre dans vne révolte presque générale des trois Royaumes, que de la générosité de
Sa Majesté Tres-Chrestienne
. Le courier ordinaire de France a apporté la nouvelle de la mort de
la Reyne d’Espagne
. Les Espagnols ont eu peine à la croire parce qu’il n’est pas venu de courier extraordinaire.