De Cologne, le 8 Octobre 1689.
Le 6 de ce mois, les assiégez dans Bonn firent vne vigoureuse sortie : et les assiégeants y perdirent beaucoup de monde, ainsi qu’aux précédentes. Deux transfuges rapportérent qu’ils ne manquoient pas de farines comme on le croyoit dans le camp : et qu’ils avoient des moulins qu’ils faisoient tourner avec des chevaux. Depuis hier, on a commencé à battre la place de trois batteries : l’vne des Impériaux qui est de douze piéces de canon : la seconde, des troupes de Brandebourg qui est de quarante pieces : et la troisiéme, des Hollandois et des troupes de Munsster qui est de vingt quatre pieces. La derniére batterie est assez pres des palissades. On prépare tout pour faire attaquer demain, par seize cents hommes, vn ouvrage à corne devant la Stockporte, apres que les mines qui sont dessous auront esté découvertes. On a commandé à l’attaque de Brandebourg, deux cents mousquetaires, cent cadets et quatre bataillons avec des haches, pour couper les palissades : et donner l’assaut à la contrescarpe demain ou le jour suivant. Il avoit esté résolu de le donner dés le 6 : mais il fut jugé à propos de le différer, sur ce qu’on apprit qu’il y avoit des mines sous les angles.
Vne bombe des assiégeans a mis le feu à des grenades des assiégez dans les dehors : ce qui a causé quelque desordre.
Cet Archevesché et le pays de Iuliers et de Bergue sont entiérement rüinez par ce siége, parce que les fourageurs enlévent les bleds et les apportent au camp : où ils amenent aussi tout le bétail, quoy que les habitans ayent non seulement fourni les fourages qui leur ont esté demandez, mais encore payé les contributions et les deux simples qui ont esté accordez à
l’Electeur de Brandebourg
, pour l’engager à employer ses troupes à ce siége.