De Hambourg, le 10 Octobre 1689.
On apprend par les dernieres lettres de Stokholm, que
le Roy de Süede
n’estoit pas encore revenu du voyage qu’il estoit allé faire vers Gottembourg. L’Envoyé de Danemark propose tousjours vn renouvellement d’alliance entre les deux Couronnes : surquoy on n’est pas encore entré en negociation. Les marchands sujets de la Süede attendent avec impatience, le retour de
Sa Majesté
pour luy de mander la protection qu’on leur a fait esperer dans les affaires qu’ils ont avec les Hollandois et
le Prince d’Orange
: qui sans avoir aucun égard aux traitez avec l’Angleterre et les Estats Generaux se sont saisis de plusieurs vaisseaux sous pretexte qu’ils estoient chargez de marchandises de France. Les marchands Danois ont fait aussi de grandes plaintes au
Roy de Danemark
sur le mesme sujet. Il a reçeu vne remise de cent trente mille écus pour le premier payement de la somme stipulée avec
le Prince d’Orange
, pour les sept mille hommes qu’il doit envoyer en Escosse.
Sa Majesté Danoise
partit de Coppenhague le 1r de ce mois, pour se rendre à Ripen en Iutlande : où ils doivent estre embarquez. Le
Duc de Holstein-Gottorp
est revenu icy depuis quelques jours : mais on croid qu’il ira bientost establir sa Cour à Gottorp. Ses Ministres ont eu plusieurs conferences avec ceux du
Roy de Danemark
touchant le projet d’vn renouvellement d’alliance. On a eu avis que le Prince IuleFrançois Duc de Saxe-Lavembourg est mort en Boheme, où il avoit de grands biens. Il estoit fils du Duc Iule Henry et d’Anne Magdelaine Poppel de Lobkowitz sa troisiéme femme. Il nâquit en 1640 : et succeda en 1666, à son frere François Erdman, dans le Duché de Saxe-Lavembourg. Ce Prince avoit fait en 1671, vne transaction avec
l’Electeur de Saxe
, par laquelle ils estoient convenus d’vn pact de succession mutüelle en cas de défaut d’heritiers mâles. Comme il n’en a laissé aucun de son mariage avec la Princesse Marie Hedwige Palatine de Sultzbach,
l’Electeur de Saxe
a envoyé prendre possession de Lavembourg et des prefectures de Nevenhaus, Franshagen, Schvartzenbech, d’Attelnburg, d’Atterndorf et de ses autres biens dans le voisinage de cette ville. La maison d’Anhalt s’y est opposée ayant quelques pretentions sur ces estats : et elle est soûtenuë par
l’Electeur de Brandebourg
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