De la Haye, le 19 Ianvier 1683.
Le 7 de ce mois, le sieur Campricht Résident de l’
Empereur
, présenta aux Estats Généraux vne lettre de Sa
Majesté Impériale
sur les affaires d’Oostfrise. Elle leur recommandoit de ne se point mesler des affaires entre la Princesse Mére et tutrice du Prince d’Oostfrise et les Estats du mesme pays, et de révoquer tout ce qu’ils ont fait sur
ce sujet, sans aucun pouvoir. Elle leur marquoit que la condüite qu’ils avoient tenüe jusqu’à présent, pourroit préjudicier aux droits de Sa
Majesté Impériale
, et rüiner la bonne intelligence qui estoit entre l’Empire et les Provinces-Vnies. Cette lettre estoit accompagnée d’vn mémoire du sieur Campricht, qui représentoit aux Estats Généraux que la Province d’Oostfrise avoit toûjours esté Membre et Fief de l’Empire, sans aucune dépendance des Provinces-Vnies, quoy que le Prince et les Estats d’Oostfrise eussent eu quelquefois recours aux Estats Généraux dans des temps de guerre et de troubles de l’Empire, afin qu’ils les aidassent, par leur entremise, à terminer leurs différents à l’amiable. Que cela paroissoit clairement par plusieurs traitez, et principalement par celuy de Delftzil en 1595, et par celuy d’Embden en 1606, dans lequel le Roy de la Grande Bretagne estoit intervenu, sans néantmoins prétendre aucune jurisdiction sur l’Oostfrise. Que tout ce qui s’estoit passé au contraire, n’avoit esté fait que par abus, et n’avoit esté soûtenu que par des intrigues et par la crainte qu’on avoit des garnisons des Estats Généraux. Que les différents de la Princesse et des Estats d’Oostfrise ayant esté décidez au Conseil de Sa
Majesté Impériale
, on avoit veu avec étonnement que les Estats Généraux, sans divers prétextes, avoient décidé ces différents d’vne maniére toute contraire aux décisions de Sa
Majesté Impériale
. Que cette façon d’agir allant à l’oppression des Estats d’Oostfrise et à vne vsurpation trop évidente des droits de l’Empire, Sa
Maj. Impériale
avoit esté obligée d’y pourvoir par des Lettres Conservatoires, dont Elle avoit ordonné l’exécution aux Princes du Cercle de Westphalie. Que par ces raisons et par plusieurs autres contenües dans ce mémoire, Sa
Majesté Impériale
espéroit de la prudence et de l’équité des Estats Généraux, qu’ils voudroient bien consentir à ne se mesler des affaires d’Oostfrise qu’autant que la garantie des traitez le leur pourroit permettre. Cette lettre et ce mémoire ont paru fort durs aux Estats Généraux : qui ont répondu au sieur Campricht qu’ils avoient lù avec surprise les termes dans lesquels la lettre et le mémoire estoient conceus : qu’ils le prioient de faire en sorte qu’on n’employast à l’avenir en leur écrivant, que des expressions convenables à la dignité des Estats : et qu’il reformast celles de son mémoire. Le mesme jour, le sieur Burchard Envoyé Extraordinaire de Danemark, présenta aussi vn mémoire aux Estats Généraux, par lequel il les prioit de la part du
Roy son Maistre
, de ne rien faire qui pust empescher que les différents du Prince et des Estats d’Oostfrise ne fussent terminez à l’amiable : à quoy l’
Evesque de Munster
travailloit en qualité de Directeur du Cercle de Westphalie.