Histoire culturelle de l'Europe

Magdalena Kowalska

« La mélancolie, empêche-t-elle d’aimer1 ? » Un poète polonais dans un jardin de Nice

Article

Résumé

Cet article examine l’histoire et la représentation littéraire du jardin de la villa niçoise de Delfina Potocka, immortalisée dans la correspondance de Zygmunt Krasiński (1812-1859), aristocrate polonais et héraut romantique. Constamment sur la route des capitales et des stations balnéaires européennes, Krasiński fait de ce jardin un exemple de la vision romantique polonaise de la Provence et de la Côte d’Azur tout en lui donnant une signification éminemment personnelle. Sa description est empreinte d’une mélancolie caractéristique de son travail : le jardin devait être un jardin d’amour, mais l’un des personnages les plus importants, la bien-aimée, est absente. Le poète, quant à lui, revêt divers masques : celui d’un jardinier, d’un chevalier, mais aussi d’un magicien qui tente de ramener sa bien-aimée à Nice à l’aide de sorts dissimulés dans des lettres volumineuses et lourdes de sens. L’histoire du jardin comporte plusieurs étapes : l’achat de la villa, la découverte d’une source d’eau, la floraison du jardin, l’apparition du mal sous la forme d’un serpent et l’occupation de la villa par des étrangers.

Abstract

The article examines the history and literary vision of the garden of the Delfina Potocka's villa in Nice, perpetuated in the correspondence of Zygmunt Krasiński (1812-1859), an outstanding representative of Polish Romanticism. Krasiński, an aristocrat who constantly travelled to European capitals and famous resorts, represents this garden as both an example of the Polish romantic vision of Provence and Côte d'Azur and an expression of a very personal gaze. The depiction of the Nice garden is marked by melancholy, typical in this poet's work: it was supposed to be a garden of love, but one of the most important characters – the beloved one – is missing. The poet takes on various masks: a gardener, a knight, but also a magician who attempts to use spells hidden in voluminous and contentful letters in order to bring his beloved one to Nice. The history of the garden consists of several stages : the purchase of the villa, the discovery of the source of water, flowering of the garden, the appearance of evil in the form of a serpent in the garden, and the seizure of the villa by strangers.

Texte intégral

1Pour dépeindre le charme de la Provence et de la Côte d’Azur, les auteurs romantiques polonais recouraient fréquemment au topos du jardin d’Éden et de la Terre d’abondance2. La flore inconnue, le climat méditerranéen et la richesse des fruits pouvaient être source de jouissance. Cela n’était toutefois pas chose aisée compte tenu de leur situation : ayant participé au soulèvement de novembre 1830, la plupart d’entre eux fut, à leur arrivée en France, interdit de séjour à Paris et assigné à résidence dans des villes du sud et de l’est du pays, comme Avignon et Besançon. Leur séjour dans le Midi marquait la fin du rêve de pouvoir libérer leur patrie du joug des Russes qui avaient décidé du partage de la Pologne3. Les écrivains romantiques polonais ne s’intéressaient pas seulement aux jardins en raison de leur dimension symbolique, mais ils décrivaient aussi des jardins bien réels, situés dans des localités bien précises. C’est le cas notamment du jardin qui entourait la villa de Delfina Potocka à Nice et qui fut immortalisé par Zygmunt Krasiński (1812-1859), l’un des plus éminents poètes romantiques polonais. Son sort fut différent de celui de bon nombre d’émigrants polonais, bien qu’il ne soit pas non plus rentré dans son pays natal et qu’il ait, pour des raisons politiques, publié ses œuvres anonymement ou sous un pseudonyme. Ayant quitté la Pologne en 1829 pour venir étudier à l’étranger – ce départ fut précédé d’un fâcheux incident dû à l’attitude loyaliste de son père envers les autorités russes –, Krasiński ne participa pas au soulèvement de novembre 1830. En tant qu’aristocrate souhaitant préserver les valeurs de sa classe sociale et conserver son rang, il ne devait pas assumer d’emploi rémunéré. Son long séjour à l’étranger et ses nombreux voyages nourrirent une correspondance importante avec son père, ses amis et d’autres proches. L’Europe entière, de la Sicile aux stations thermales de Baden-Baden ou de Marienbad en passant par Rome, devint le paysage de ses émotions artistiques et amoureuses. Bien souvent, ce paysage prenait la forme d’un jardin, plus particulièrement d’un jardin niçois unique en son genre, parce qu’il avait été conçu et entretenu par Krasiński lui-même. L’endroit éveillait des émotions positives, semblait être un jardin d’amour. Pourtant la représentation du jardin était aussi empreinte de mélancolie, une émotion caractéristique de la vie d’un poète4 qui, à la manière romantique, connut une angoisse existentielle, cherchant le reflet de l’idéal dans la vie terrestre et souffrant des complexités de l’amour.

Circonstances de l’achat de la villa à Nice

2Dans les années 1830, Delfina Potocka née Komar (1807-1877) et issue de la noblesse polonaise, était en instance de divorce. Les deux filles qu’elle avait eues de son premier mariage étaient mortes en bas âge. Après cette période douloureuse, Delfina parcourut l’Europe, où elle séduisit par sa beauté et ses talents musicaux. Elle rencontra beaucoup d’artistes et introduisit Frédéric Chopin dans les salons parisiens. C’est en 1838 à Naples5, le soir du réveillon, que commença son histoire d’amour avec Krasiński, alors qu’il venait assister à une rencontre de la société polonaise organisée par la mère de Delfina. Même si Krasiński n’était pas encore marié à cette époque, sa situation lui interdisait d’entretenir une relation officielle avec Delfina. En tant qu’héritier de la famille Krasiński, il était prévu qu’il épouse une jeune aristocrate. En dépit de cela, Krasiński et Delfina Potocka furent amants jusqu’à la mort du poète, en 1859. Leur relation évolua au gré d’événements extérieurs – comme le mariage de Zygmunt et d’Eliza Branicka en 1843 –, des amitiés de Delfina, et du temps qui la refroidit. Krasiński saisit des moments de ce bonheur commun dans plusieurs poèmes, parmi lesquels Przedświt (1843)6 ; c’est toutefois la correspondance entre Krasiński et Delfina Potocka qui nous apprend le plus sur leur amour. Celle-ci aurait compté 5 000 à 6 000 lettres7. Ces lettres sont avant tout des témoignages de l’amour romantique, mais offrent aussi des descriptions intéressantes des lieux et des coutumes observés lors des voyages européens des romantiques. Elles sont empreintes de romantisme : traitant de sujets sublimes et prosaïques, elles saisissent avec acuité et élégance la frontière entre le réel et l’imaginaire. Dans l’une de ces missives, Krasiński écrit ainsi à sa bien-aimée : « Si tu savais, Dialy, ce que c’est la mort, ce que c’est la fin d’une planète et ce que c’est la broche à faire tourner dans la cuisine8 ». Le thème du jardin est abordé d’une manière semblable : illustrant la vision romantique de l’amour de Krasiński, c’est aussi un lieu réel du travail de la terre. C’est en octobre 1842 que Delfina et Krasiński se rendent pour la première fois à Nice ensemble, quand, après leur voyage en Italie, le poète raccompagne sa bien-aimée chez sa mère. C’est alors que germe l’idée d’y construire un refuge, où ils pourraient s’abriter des rumeurs. Le jardin faisait partie du terrain de la villa achetée pour Delfina au nom de sa mère, grâce à l’argent de Krasiński, le 21 octobre 1843. Elle était située sur la colline de Carabacel. Jean-Pierre Fouchy la décrit en les termes suivants : « […] en 1843 c’est un hameau exposé au sud. Il s’agit d’un terrain bordé de bois de cyprès et d’oliviers de 11 825 m2. L’oliveraie fait 3 101 m2, le jardin 8 170 m2. La propriété ne contient que trois maisons9 ». Les remarques sur le jardin datent du mois de juillet 184610, c’est-à-dire juste après le départ de Delfina, avec laquelle Krasiński a passé un temps considérablement long à Nice, du 7 décembre 1845 au 10 juin 1846. Krasiński se jette dans le travail : il dresse par écrit « des listes de meubles, de la cuisine, des livres, tout ce qui paraît le plus terrestre sur terre11 », cherche des pots de fleurs12, étale du sable sur les sentiers13. Dans ses plans du jardin, il accorde une place particulière aux fleurs : « J’aimerais bien transformer la villa en un panier de fleurs, pour qu’elle te paraisse plus aimable14 ». Ces réflexions sur l’aménagement du jardin prennent de l’ampleur au printemps et à l’été 1847 ; l’unique interruption de la correspondance couvre le séjour de Delfina à Nice, du 29 mars au 25 mai 1847. Les derniers moments communs que Krasiński et Delfina passent dans la villa datent du printemps 1852, période au sujet de laquelle on ne dispose pas d’informations. Les plans d’aménagement du jardin semblent alors répondre aux états mélancoliques du poète qui se souvient du temps passé avec sa bien-aimée à Nice. Quand il est seul, Krasiński tente de compenser l’absence de l’être cher en se penchant sur son jardin avec soin et créativité. Les lettres sur lesquelles se fonde cet article ne renferment pas uniquement des souvenirs : leur lecture frappe par la vision du futur qu’elles déploient, par les plans élaborés par le poète. Est-ce encore la mélancolie qui s’y exprime ou simplement « le mélange », « l’atmosphère du poète », pour reprendre les termes de Novalis ?

123. Rien n’est plus poétique que le souvenir et le pressentiment ou la représentation de l’avenir. Le présent habituel articule les deux par limitation – Il en résulte une contiguïté par cristallisation […]. Mais il y a un présent spirituel – qui identifie les deux par dissolution – et ce mélange est l’élément, l’atmosphère du poète. […]

124. Les représentations du passé nous tirent vers la mort – vers la fuite. Les représentations de l’avenir – nous incitent à la vie, à l’incarnation, à une activité d’assimilation.

C’est pourquoi tout souvenir est douloureux – et tout pressentiment joyeux. Celui-là tempère la vivacité trop exubérante – celui-ci accroît une vie trop faible15.

3À l’exception d’un voyage avec un ami en Sicile et d’un séjour au lac de Côme à Varenne avec Delfina, l’époque niçoise marqua pour Krasiński le moment où il s’orienta davantage vers la vie et les réflexions sur l’incarnation.

Un homme mélancolique et un poète sous le masque du jardinier

4On peut recourir aux mots de Kristeva pour décrire la situation dans laquelle se trouve Krasiński qui tente de contrôler sa bien-aimée en travaillant à son jardin et en le décrivant dans ses correspondances :

Si le mélancolique ne cesse d’exercer une emprise aussi amoureuse que haineuse sur cette Chose, le poète trouve le moyen énigmatique d’être à la fois sous sa dépendance et…ailleurs. Déshérité, privé de ce paradis perdu, il est infortuné ; cependant, l’écriture est l’étrange moyen de dominer cette infortune en y installant un « je » qui maîtrise les deux côtés de la privation : les ténèbres de l’inconsolé aussi bien que le « baiser de la reine ».

« Je » s’affirme alors sur le terrain de l’artifice : il n’y a de place pour le « je » que dans le jeu, le théâtre, sous le masque des identités possibles […]16.

5L’écriture de ces lettres et la création de ces mondes de correspondances pour rendre le « je » épistolographique présent a permis à Krasiński d’échapper tant à sa bien-aimée, qui n’a pas voulu le rejoindre, qu’à l’obscurité de son âme, qui est plongée dans la mélancolie. Dans ses lettres, Krasiński ne cesse en effet de supplier Delfina de venir le rejoindre à Nice. Il se sert du jardin comme d’un moyen de tentation. Décrivant minutieusement le jardin et relatant avec précision ce qu’il y fait, le poète souligne que la villa et le jardin ont besoin des yeux et des idées de sa bien-aimée :

Si tu travaillais un tout petit peu ici, tu aurais un très joli jardin. Ici il suffit de semer et Dieu lui-même prend soin de tout. Ces belles-de-jour bleues poussent très bien près de la tonnelle. Et partout autour d’autres villas, semées partout, une richesse inouïe de fleurs et de plantes, et d’arbres, et de lierres de formes différentes17 !

6Le poète invoque et souhaite ardemment la venue de Delfina, alors même que celle-ci ne prévoit pas de lui rendre visite, ni dans un avenir proche, ni dans un avenir lointain :

7Quand tu arriveras ici et si mes petites fleurs ne sèchent pas, tu pourras constater qu’elles égalent les dentelles en vêtements élégants et les ornements gothiques en architecture18.

Quand tu arriveras, tu ne reconnaîtras point la villa. […] la villa est belle et il ne lui manque que tes yeux posés sur elle19.

8En tant que poète, Krasiński se fait le porte-parole de la création – celle du jardin, de sa description poétique et de sa propre personne. À travers ses lettres, il présente à la maîtresse du jardin des moments-clés de sa vie, où son absence se fait particulièrement ressentir. Trois étapes importantes structurent la vie du jardin – et la relation amoureuse : la découverte d’une source d’eau, l’entrée du mal dans le jardin et enfin l’irruption d’étrangers.

9La première étape, qui est aussi la plus importante, est la découverte de l’eau. Cette découverte marque le moment d’une émotion bien connue des conquérants de terres vierges : « le mystère et l’esprit de découverte se peignant sur son visage », le jardinier annonça à Krasiński: « […] dans ton jardin, du côté de Venanson, près de la caverne, à quelques pieds à peine sous le sol, se cache une source d’eau vive, alors cela vaudrait la peine de faire creuser ces quelques pieds et l’eau jaillira20 ». Le mystère cède toutefois rapidement la place au quotidien, le poète soulignant que la villa prendra de la valeur grâce à cette découverte. Aussi, les travaux de creusement d’un puits démarrent au printemps 1847, ce qui doit permettre de garantir le succès du projet floristique du poète : « Et, quand elle [la fontaine] sera là, tu ne pourras plus répéter que rien ne réussira dans cette villa à cause du manque d’eau. Il y en aura tant que nécessaire pour qu’on n’en manque pas en été21 ». Ce projet est étroitement lié à celui de faire venir la bien-aimée à Nice, le poète espérant qu’ils y passeront du temps ensemble dès que la fontaine sera installée : « Nous planterons ici ensemble le chou, et à ce moment-là nous nous réjouirons des fontaines qui y sont installées, car il n’y aura pas besoin d’acheter de l’eau22 ». On peut relever le souhait qu’il exprime de planter des légumes avec sa bien-aimée, non seulement parce qu’il réapparaît à plusieurs reprises, mais aussi parce que, dans la correspondance, aucun projet de planter des fleurs autour de la villa avec Delfina n’est évoqué. D’où vient cette idée prosaïque de cultiver ensemble un jardin potager ? L’idée s’exprime et gagne en importance dans les fragments de la correspondance qui parlent de l’inquiétude et des doutes du poète : « Serons-nous un jour encore ensemble dans la villa, plantant des légumes et piochant le sol23 ? » Dans les dernières remarques épistolaires que Krasiński fait sur le jardin « planter des légumes » n’est plus qu’une phrase vidée de son sens qui met fin au rêve de travailler avec l’être aimé dans le jardin de la villa, de vivre à deux, de sauver leur amour : « Que Sa volonté soit faite ! Qu’Il ne me fasse pas perdre mon père et me fasse te voir ! – Et puis planter des carottes dans la villa […]24 ». Priver le jardin de son imaginaire poétique, c’est accepter la destruction de ce rêve.

10Le mystère recouvre également l’étape suivante de l’histoire du jardin, le moment de l’apparition du mal qui, comme dans la Bible, se dissimule sous la forme d’un serpent. En effet, lors d’une soirée, après qu’un morceau d’enduit tombe du bâtiment, l’inquiétude gagne les animaux. Le lendemain matin, on apprend qu’un serpent s’est introduit dans le jardin : ce serpent est « terrible », « probablement deux aunes et demi de longueur », « des couleurs superbes, or et argent au ventre, malachite et violet sur le dos25 ». D’après les témoignages des hommes de la villa, il aurait été terrifiant et aurait pu effrayer les dames, parmi lesquelles Delfina et la femme du jardinier : « Dieu merci tu n’es pas tombée sur ce dragon. Tu aurais été épouvantée sur-le-champ […]26 ». L’épisode du serpent se produit juste après le départ de la bien-aimée. Pour conjurer la malédiction, le serpent doit être empaillé pour venir orner la salle de séjour de la villa.

11Bien que passagère, l’irruption d’étrangers dans la villa provoque une vague de mélancolie chez Krasiński. Cet événement pénible et douloureux a lieu presque jour pour jour lors du neuvième anniversaire de la première rencontre du poète avec Delfina. Krasiński arrive à Nice empli du rêve – impossible – de la retrouver dans la villa, et, lorsqu’il y pénètre, aperçoit des personnes inconnues, un feu de cheminée, des vêtements dans les armoires : « J’ai cru que je rêvais, que c’était une apparition, un fantôme, que je devenais fou27 ». Krasiński apprend que la villa avait été louée à d’autres personnes pendant qu’il séjournait avec Delfina à Fontainebleau. N’ayant pas pu avoir connaissance du message qui l’en prévenait, Delfina n’avait pas pu transmettre l’information à Krasiński. À la suite de cet événement, le poète commence à regarder le monde avec les yeux d’un homme qui a franchi la frontière entre la vie et la mort. Ses lettres deviennent alors des mémoires d’outre-tombe : « Je me croyais mort et revenant sur des lieux jadis connus, qui ne me reconnaissent point car peuplés déjà par d’autres […]28 ». La rencontre avec le jardin se fait au cours de cette soirée pleine de tristesse, à la tombée de la nuit. Pendant les jours suivants, l’inquiétude le hante : « Dès mon arrivée à Aix, dès ce moment-là, dès cette heure-là, j’ai commencé à souffrir de nouveau de la mélancolie. […] Nice est tout à fait différente. […] La villa louée !! Il n’y a plus de toi29 ». Le 20 décembre 1847, Krasiński écrit à sa bien-aimée : « j’irai voir la villa […] je reverrai la villa que je n’ai vue qu’au crépuscule. Je la verrai, et je compterai les fleurs et les pots à fleurs30 ». Cette rencontre est révélatrice des rapports entre le jardin personnifié et son créateur-poète.

Dans un triangle amoureux : le poète, le jardin et sa maîtresse

12Chaque élément de cette relation amoureuse peut être défini par son statut ontologique. Le poète est à Nice et chacun de ses actes, aussi bien pratiques que rêvés, témoigne de cette présence. Le jardin existe également, mais son statut est plus chancelant, en équilibre fragile entre création et destruction : la vie des fleurs est soumise aux caprices du temps et aux travaux du jardinier ; le jardin dépend de celui qui en prend les commandes tandis que sa maîtresse est définie en premier lieu par son absence. Dans cette relation, le discours est par conséquent marqué par l’éloignement des interlocuteurs. Le poète parle aux fleurs du jardin et elles lui répondent ; il espère aussi qu’elles vont intercéder en sa faveur auprès de la maîtresse du jardin – quand il n’y sera plus. Le poète est donc « le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé31 » – à moins qu’il n’espère y trouver la consolation ?

13Les soins prodigués au jardin prennent une forme thérapeutique :

Je crois que si je n’avais pas ta villa je deviendrais fou à cause d’un désespoir sourd qui m’envahit, de la conviction de ma propre chute spirituelle, et pourtant là chaque petite herbe et chaque pierre me calment et me bercent, me promettent que tu leur souriras doucement quand tu arriveras, et leur promesse me donne du courage et me renforce32 !

14Mais le chemin vers la guérison est encore long, car elle n’est possible qu’après la réunion avec l’être aimé. La végétation du jardin porte la promesse de la venue de la Delfina, s’en faisant en quelque sorte le porte-parole. Mais, bien que la promesse lui soit adressée – « ils me promettent », « cette promesse m’encourage » – le sourire de la bien-aimée va aux objets du jardin et non à ses protecteurs – « tu leur souriras ». Si Krasiński récite les vers de Nerval – « Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m’as consolé » – le « toi » s’adresse au jardin.

15Au moment où la maîtresse se rend dans le jardin, son protecteur n’y sera plus. Même si la perte est réparée, celui qui le désirait tant a disparu. Donnant de plus amples détails quant à la crise existentielle du poète à ce moment-là, la lettre suivante contient également les reproches qu’il adresse à la bien-aimée :

Écoute, sais-tu pourquoi je prends un soin si ridicule de chaque cuillère, de chaque chaise, de chaque corniche, de chaque fleur et du mur de cette villa ? Sais-tu pourquoi ? Or, c’est parce que je sens que sous la forme de cette maison et de ce jardin […] je puis t’être utile – tandis que je ne puis aucunement te servir personnellement, je ne puis te porter ni encouragement ni douceur. Alors quand je reste tout seul dans ce jardin, dans cette maison, je ressens au moins cet encouragement : « Un jour, un jour après ma disparition ou après ma mort, se promenant ici, elle retrouvera dans chaque brique, dans chaque arbuste, dans chaque grain de gravier sous ses pieds, mon amour […] ». Je sers tes murs, je sers tes arbres et je sais qu’un jour ils plaideront pour moi et te forceront à verser quelques larmes sur moi33 !

16Dans la vision du poète, au lieu de sourire au jardin, la bien-aimée s’y rend pour y pleurer, tout comme lui-même avait inondé les fleurs de ses larmes : « Chaque matin je pleure dans ta villa, ce qui soulage les fleurs lorsqu’elles manquent de pluie ; je pleure du chagrin et de l’ironie du sort qui fait que tu n’es pas avec moi parmi ces fleurs et ces arbres34 ». Des configurations différentes de la présence et de l’absence caractérisent cette relation, car le poète se sent encouragé quand, paradoxalement, « il reste seul dans le jardin » !

17L’instant du retour de sa bien-aimée est tellement improbable pour le poète qui, dans ses lettres, dresse une image si réaliste de son arrivée, qu’il commence à repousser ce moment à plus tard, dans un avenir imprécis, dans le temps de son inexistence. Cette inclination vers l’avenir, mais un avenir qui signifie l’écoulement du temps et la mort – des éléments caractéristiques de ce poète qui tombe souvent malade – introduit la notion de frontière et le sentiment de fin dans un jardin alors en plein épanouissement : « Avant de mourir, j’aimerais bien voir ton jardin plein de fleurs. […] Où trouverai-je une autre maison si agréable et jolie ? un petit morceau de terre où chaque herbe parlerait à mon cœur ?35 ».

18La description de la rencontre du poète avec le jardin le soir où il apprend que la villa a été louée, indique que c’est précisément le jardin qui pourrait être le dernier îlot de son rêve amoureux tandis que la maison est envahie par les contingences matérielles et financières, par des personnes étrangères au microcosme amoureux des deux amants et du jardin. Cette première visite après le voyage a lieu sur le perron et dans le séjour où les Anglais qui louent la villa lui ont appris les conditions du contrat de location ; en passant, il n’a été qu’un bref instant dans le jardin même, noyé dans la pénombre, endormi. Ces deux espaces – maison et jardin – réservent un sort différent au poète : « Ces chambres à toi et à moi ne m’ont pas reconnu ! Elles ne m’ont pas dit un mot !36 ». En revanche, le jardin l’accueille dans les jours suivants, dès le matin, lui pose de nombreuses questions et donne des réponses au nom des fleurs :

Hier, j’étais aussi dans la villa. Malgré les nuages et l’absence de lumière, elle m’a accueilli bonne, reconnaissante, en fleurs, sans avoir perdu la moindre plante ou le plus petit arbuste confiés à son cœur froid, sauf ce gros acacia qui a séché. Il y a de la verdure autour d’elle, pas comme l’année dernière à la même époque où la gelée a tout figé. Tout est vert et épanoui. Un déluge de fleurs37.

19C’est un endroit où le poète se réfugie et s’abrite de la mélancolie : « tant que j’étais dans la villa verte hier, j’étais bien38 ». Pourtant, et in Arcadia ego… Le paradis n’est pas exempt de maladies ou de malheurs : il arrive même aux arbres de sécher, même le climat méditerranéen peut être rude en hiver. Mais le fait le plus illogique dans tout cela, c’est que le poète, le jardin et sa maîtresse n’arrivent pas à se rejoindre dans l’espace-temps – alors même que le jardin peut être un intermédiaire entre des mondes différents :

Toutes les fleurs demandaient des nouvelles de toi, et je leur répondais et je leur disais : « Poussez, poussez pour votre maîtresse, pour qu’elle vous voie belles un jour, mes enfants, et pour qu’elle se souvienne de moi », et toutes, agitant leurs feuilles mouillées de rosée, me murmuraient : « Nous pousserons, nous pousserons »39.

20Pareil au créateur, le poète donne des ordres au jardin qu’il a conçu. Dans cette lettre, il est beaucoup plus minutieux que la Bible qui énumère seulement « la verdure, l’herbe portant de la semence, des arbres fruitiers » (Genèse 1:11) ; et il est plus poétique, car il énumère seulement des fleurs : belles-de-jour, azalées, rhododendrons, muguets. Juste après ce passage, le poète interrompt pour un moment la description du jardin, comme s’il s’était calmé et qu’il avait été rassuré par les fleurs, réconforté de nouveau – lorsqu’il est encore seul, avec la flore du jardin.

Les activités dans le jardin en tant que modèles de la conception romantique de l’amour

21Les soins que Krasiński prodigue au jardin ne reflètent pas uniquement son amour qui rappelle celui des troubadours, du poète qui était un serviteur fidèle de sa dame et parfois aussi un chevalier la protégeant contre le danger, comme par exemple celui des dragons-serpents. Ils illustrent aussi sa conception de l’amour, ce dont témoigne un fragment qui évoque un acte souvent répété par le poète, celui de fixer des plantes sur les murs des bâtiments (« je viens de la villa. Je regardais des fleurs, je fixais des arbustes sur les colonnes et sur les murs »40) :

[…] j’ai fixé des étreintes douces autour de colonnes et des murs, et j’ai fixé nombre de ces étreintes. Je leur ai ordonné de pousser éternellement et d’adoucir les pierres dures. Un jour, quand je ne serai plus, toutes ces plantes qui grimpent éternellement en haut et qui embrassent éternellement tout, qui envahissent, prennent, pressent et serrent, te rappelleront mon âme41 !

22Indirectement, le poète adresse un reproche amer à sa bien-aimée : elle a un cœur de pierre, ses étreintes pourraient l’adoucir et lui apprendre à aimer. Encore une fois, en se projetant vers le moment indéfini de la disparition de sa propre disparition, il exprime sa conviction de la réunion des amants. Ils sont alors réunis dans la perspective terrestre autant que transcendante, dans un monde idéal. Sous la forme de fleurs qui se plient, son âme enchâsse la bien-aimée, depuis les racines jusqu’aux bourgeons et fleurs, jusqu’à ce qui est encore plus élevé – l’idée. La richesse des formes énumérées – fleurs, gerbes, guirlandes – symbolise la multitude des sentiments et des actes du poète. Les liens semblent être aussi délicats que la tige d’une fleur, mais il est difficile de les couper dans ce buisson. Même si la bien-aimée se défend parfois contre ses étreintes, dans la perspective divine, les amants forment une unité : « Dieu ne verra pas de mondes en granit derrière les fleurs cachant ces mondes des esprits. Tu as tout cela en miniature dans ta ville aujourd’hui42 ». Pour cette description, Krasiński prend en exemple les belles-de-jour : elles sont particulièrement significatives, car elles ont été choisies au début, quand il créait le jardin en pensant à sa bien-aimée, qui un jour les avait tant appréciées : « […] Aujourd’hui j’ai planté autour de la tonnelle uniquement différentes espèces de belles-de-jour, les plus belles formes et les fleurs suspendues dans l’air, rappelant celles que tu avais tant aimées jadis, plantées dans le pot à fleurs devant le magasin de la fleuriste, celle en face de l’église de la Madeleine43 ».

23La villa de Nice n’a pas pleinement répondu aux attentes de Krasiński : cet endroit n’est pas devenu un refuge, les amants n’y ont pas passé des années à planter des légumes ensemble et en toute quiétude. En concevant ce projet, le poète polonais a dû, comme tous les romantiques, prendre conscience qu’il appartenait à un monde idéal et ne pouvait pas être concrétisé dans la vie terrestre. Le jardin lui a cependant permis de ressentir des moments de ce « bonheur d’être triste44 » comme des moments de solitude, quand il écrit des lettres à Delfina et rédige des rapports d’avancement des travaux de jardinage. « Le présent habituel », mentionné par Novalis, semble être plus important que le souvenir des instants heureux entre les amants (parce qu’il y en a de moins en moins) et que le pressentiment d’une femme-piège représentée par le poète sous la forme de fleurs qui se plient.

Notes

1  Zygmunt Krasiński, Listy do Delfiny Potockiej, Varsovie, Państwowy Instytut Wydawniczy, 1975, vol. 3, lettre du 31/05/1847, p. 342. Les traductions sont de l’auteure, sauf mention contraire.

2  Le thème du jardin et de l’ermitage comme deux espaces importants dans les récits des émigrés polonais dans le Sud de la France a été abordé dans le chapitre III du livre : Magdalena Kowalska, Prowansja w pismach polskich romantyków, Toruń, Wydawnictwo Naukowe UMK, 2013, p. 163-194.

3  Laurent Rzepala, Polonais en Provence. De l’exil au refuge (1831-1942), Wood Dale, Éditions universitaires européennes, 2013.

4  Marek Bieńczyk, Melancholia. O tych, co nigdy nie odnajdą straty, Varsovie, Sic!, 2000. Piotr Śniedziewski dans son article « Obraz czarnego słońca w wybranych utworach francuskich i polskich romantyków (rekonesans) », Prace Polonistyczne, 2015, p. 199-215, montre l’importance du motif du soleil noir dans l’écriture de Krasiński.

5  Et non à Madrid, comme l’indique fautivement Jean-Pierre Fouchy, Une polka à Nice. La présence polonaise sur la Côte d’Azur, Nice, Incognito Éditions, 2011, p. 43.

6  Sigismond Krasinski, L’aube, Le dernier. Poèmes, traduits du polonais par Constantin Gaszynski, Paris, Dentu, 1863. « Przedświt » signifie, au sens exact du terme, « avant l’aube ». Beaucoup d’œuvres de Krasiński ont été traduites en français et Krasiński lui-même a écrit en français : Jean Stanislas Clément, « Krasiński and France », in Zygmunt Krasiński, Romantic Universalist. An International Tribute, éd. W. Lednicki, New York, Polish Institute of Arts and Sciences in America, 1964 ; Joanna Pietrzak-Thébault, « Francuskojęzyczna twórczość Krasińskiego – czy, komu, po co potrzebna ? Rozpoznanie », in Wokół Krasińskiego, éd. M. Sokalska, Cracovie, Wydawnictwo Uniwersytetu Jagiellońskiego, 2012, p. 11-22.

7  Zbigniew Sudolski, « Introduction », in Zygmunt Krasiński, op. cit., vol. 1, p. 8. Selon Jean-Pierre Fouchy : « Il lui a écrit 5 000 lettres dont 700 restent à la postériorité » (op. cit., p. 43).

8  Zygmunt Krasiński, op. cit., vol. 3, lettre du 16/02/1847, p. 274.

9  Jean-Pierre Fouchy, op. cit., p. 44. La villa abrite aujourd’hui l’Institution Stanislas ; sur son site internet, on mentionne aussi la propriétaire d’autrefois, Delfina Potocka : http://stanislas-nice.com/site/histoire /(consulté le 23 août 2019). Plus d’informations sur l’histoire de la villa à trouver dans : Edgar Petit, La maison sur la colline. La villa Potocka, Petit Séminaire, École Masséna, Institution Stanislas de Nice, Nice, Serre, 1995. Des photos de la villa, de l’époque et récentes, sont à retrouver dans : Konstanty Gaszyński, Zygmunt Krasiński i moje z nim stosunki, Opinogóra, Muzeum Romantyzmu w Opinogórze, 2009, p. 143, ill. 38 et dans Jean-Pierre Fouchy, op. cit., p. 77. Plusieurs sources indiquent que l’adresse actuelle est le 2, bd de Cimiez (Marek Bieńczyk, « Nicea », in Atlas polskiego romantyzmu, http://nplp.pl/artykul/nicea/ (consulté le 23 août 2019) ; Aleksandra Sekuła, Mapa romansu Zygmunta Krasińskiego i Delfiny Potockiej, in Atlas polskiego romantyzmu, http://nplp.pl/artykul/mapa–romansu–krasinskiego–i–potockiej/ (consulté le 23 août 2019) ; Magdalena Kowalska, op. cit., p. 338. Cette adresse était encore exacte en 1938, comme l’indique Sudolski (op. cit., p. 730), mais l’adresse actuelle est 25, avenue Bieckert. La localisation de la villa peut aussi être vérifiée dans les plans de Nice de la fin de XIXe siècle, par exemple dans le Guide-touriste. Plan de la ville de Nice, avec indication des rues, places, hôtels, banques, dressé par Ad. de R., https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b530248884 (consulté le 23 août 2019). La villa de Potocka est incluse dans la légende sous le numéro 210.

10  Zygmunt Krasiński, op. cit., vol. 3, lettre du 08/07/1846, p. 52.

11  Ibid., lettre du 26/05/1847, p. 333.

12  Ibid., lettre du 16/02/1847, p. 274.

13  Ibid., lettre du 22/02/1847, p. 285 : « Je mets du sable et du gravier sur les voies et les sentiers, là où je peux. Je presse Carl. Tes petits pieds qui y marcheront resteront bien secs ».

14  Ibid., lettre du 21/03/1847, p. 330.

15  Novalis, Semences, traduit de l’allemand par Olivier Schefer, Paris, Allia, 2004, p. 297.

16  Julia Kristeva, Soleil noir. Dépression et mélancolie, Paris, Gallimard, 1989, p. 157.

17  Zygmunt Krasiński, op. cit., vol. 3, lettre du 23/07/1846, p. 75.

18  Ibid., lettre du 30/07/1846, p. 80.

19  Ibid., lettre du 21/12/1847, p. 509.

20  Ibid., lettre du 13/11/1846, p. 191.

21  Ibid., lettre du 29/05/1847, p. 337.

22  Ibid., lettre du 20/06/1847, p. 358.

23  Ibid., lettre du 31/03/1848, p. 777.

24  Ibid., lettre du 01/04/1848, p. 780.

25  Ibid., lettre du 26/05/1847, p. 335.

26  Ibid.

27  Ibid., lettre du 18/12/1847, p. 489.

28  Ibid., p. 491.

29  Ibid., p. 493. Pareillement dans la lettre écrite deux jours plus tard : « je sens, je sens, je sens, je tombe de nouveau dans la mélancolie, je tombe » (lettre du 20/12/1847, p. 504).

30  Ibid., lettre du 20/12/1847, p. 504.

31  Magdalena Siwiec, « Przestrzeń onirycznych ogrodów : Krasiński i Nerval », in Dziedzictwo Odyseusza. Podróż, obcość i tożsamość, identyfikacja, przestrzeń, éd. M. Cieśla-Korytowska, O. Płaszczewska, Cracovie, Universitas, 2007, p. 243-264.

32  Zygmunt Krasiński, op. cit., vol. 3, lettre du 23/01/1847, p. 221-222.

33  Ibid., lettre du 31/05/1847, p. 343.

34  Ibid., lettre du 06/03/1847, p. 312.

35  Ibid., lettre du 23/07/1846, p. 76.

36  Ibid., lettre du 18-19/12/1847, p. 491.

37  Ibid., lettre du 21/12/1847, p. 507.

38  Ibid., p. 508.

39  Ibid., p. 507-508.

40  Ibid., lettre du 03/03/1847, p. 303.

41  Ibid., lettre du 04/03/1847, p. 304. Dans la première phrase de la citation en polonais se trouve un exemple intéressant de l’anadiplose : « uściski miękkie zarzuciłem koło słupów i murów, a zarzuciłem takich uścisków dużo ». Au centre de la construction, il y a la répétition du prédicat : « zarzuciłem », et de part et d’autre, deux valeurs des étreintes : la douceur et l’abondance.

42  Ibid., p. 305.

43  Ibid., lettre du 30/07/1846, p. 80.

44  Mirosław Strzyżewski, Romantyczna nieskończoność. Studium identyfikacji pojęcia, Toruń, Wydawnictwo Naukowe UMK, 2010, p. 14.

Pour citer ce document

Magdalena Kowalska, «« La mélancolie, empêche-t-elle d’aimer1 ? » Un poète polonais dans un jardin de Nice», Histoire culturelle de l'Europe [En ligne], Prochains numéros, Jardin et mélancolie en Europe entre le XVIIIe siècle et l’époque contemporaine, Jardin et création littéraire : "setting", topos, métaphore,mis à jour le : 12/11/2019,URL : http://www.unicaen.fr/mrsh/hce/index.php?id=1268

Quelques mots à propos de : Magdalena Kowalska

Université Nicolas-Copernic, Torun, (Pologne)

Magdalena Kowalska a soutenu une thèse de doctorat en lettres et sciences humaines intitulée La Provence dans la production littéraire des auteurs romantiques polonais et parue en polonais aux éditions scientifiques de l’Université Nicolas-Copernic en 2015. Elle s’intéresse à la réception de la Provence et de la Côte d’Azur dans l’écriture des auteurs romantiques polonais dans « Les romantiques polonais à la recherche du temps des troubadours », in La réception des troubadours au XIXe siècle, éd. Jean-François Courouau et Daniel Lacroix, Paris, Classiques Garnier (à paraître). Elle a également publié Litanic Verse III. Francia, Berlin, Peter Lang, 2018 dans le cadre du projet Le poème litanique dans les cultures régionales d’Europe (2014-2018, Université de Varsovie).