Le jardin comme espace de deuil : nouvelles pratiques dans l’aire germanophone
Résumé
Les cimetières allemands se présentent souvent comme de riants parcs où la nature joue un rôle consolateur, conformément à une tradition du cimetière hors les murs qui trouve son origine dans la réforme luthérienne. L’entretien des tombes représente une contrainte sociale forte, qui s’exerce sur les individus ; la société allemande valorise cette activité à travers certaines formes d’émulation. La pratique de l’incinération ne cesse de gagner du terrain, dans le même temps où la déchristianisation progresse encore au profit de nouvelles formes de religiosité. Dans ce contexte, il faut étudier l’expansion importante de la « forêt du dernier repos », censée permettre le salut individuel du citoyen écologique dans une forêt qui imite la nature, mais qui continue d’être contrôlée par l’homme. Des photos originales illustrent l’analyse de ce nouveau phénomène qui souligne les différences de pratiques du quotidien au sein de l’Europe.
Abstract
The Garden as a Space of Mourning: New Practises in the German-speaking Area
German cemeteries often appear as pleasant parks where nature plays a role of consolation, according to a tradition of the cemetery outside the walls, finding its origin in the Lutherian Reformation. Tending the graves represents a strong social constraint on individuals in a society that encourages this type of activity through certain forms of emulation. The practice of incineration spreads in parallel to a process of dechristianization that goes together with new types of religiosity. The important expansion of the “forest as the final resting place” has to be analyzed in this context: it is supposed to enable the individual salvation of the ecological citizen in a forest imitating nature, but that is still controlled by man. Original photographs illustrate the analysis of this new phenomenon, underlining differences in daily practices in the heart of Europe.
Table des matières
Texte intégral
1Au cours des siècles derniers, la culture funéraire des pays germaniques s’est distinguée de celle des pays de langues romanes par une place différente accordée à la nature consolatrice. Une étude sur les jardins ne renvoie pas prioritairement au thème du cimetière dans la culture française car les cimetières français relèvent souvent, depuis le XVIIIe siècle, d’un univers minéral dépourvu de végétation, invitant le visiteur à réfléchir sur le néant implacable symbolisé par la pierre immuable. À l’inverse, les cimetières allemands sont souvent, aujourd’hui encore, comme d’ailleurs ceux d’une large partie de l’Europe du Nord, des espaces verts de loisirs inclus dans les villes, des lieux soignés et souvent luxuriants où les survivants des défunts peuvent chercher un repos et une forme de consolation dans une nature perçue comme l’essence même de la permanence de la vie.
Le cimetière, une variante du jardin en Allemagne
2La photo présentée ci-dessous peut être immédiatement identifiée comme se situant hors de l’aire germanophone.
Cimetière français
Le cimetière entoure encore l’église de ce village français.
Anne-Marie Pailhès, 2017
3Prise à l’été 2017 dans un cimetière d’Ile-de-France utilisé ici comme exemple générique, elle dévoile des rangées de tombes serrées, laissant très peu de place à la verdure. Les arbres y sont relégués à l’extérieur de l’espace clos du cimetière encore situé juste à côté de l’église du village, un lieu qui serait désigné en allemand comme Kirchhof. Les pierres tombales ne laissent pas de place à une végétation qui les recouvrirait, seules quelques mauvaises herbes réussissent à s’immiscer en ce lieu1. L’impression du promeneur rejoint celle qu’il peut avoir en parcourant les allées du Père Lachaise : un monde marmoréen, un monument en soi, « à l’aspect figé, rectiligne et exclusivement minéral2 ».
4À l’inverse, l’image d’un cimetière allemand est toute autre au premier abord, invitant à la promenade dans un paysage.
Leipzig, Südfriedhof
Leipzig, Südfriedhof, tombeau pour le fils du brasseur Naumann, 1915.
Anne-Marie Pailhès, 2018
5Un cimetière d’une grande ville au passé prospère (ici Leipzig) ne peut certes être comparé à celui d’un petit village français. Cependant, il donne une indication sur les représentations mentales, sur la place de la nature au sein du cimetière : des arbres anciens y sont présents, soutiennent même en quelque sorte ici une pierre tombale qui n’est pas taillée au cordeau, mais rappelle un menhir dans un tableau de la nature, ou signale un tombeau du néolithique (Hünengrab) dans une tradition toute romantique, plus présente en Allemagne qu’en France, renvoyant aussi au Hain germanique, ce bosquet ou tumulus de nature sacrée3 qui signale le tombeau des soldats morts au front. La partie du cimetière réservée aux tombes des soldats morts à la guerre porte toujours le nom de Ehrenhain (bosquet d’honneur).
Ehrenhain : bosquet d'honneur
Le « bosquet d’honneur » pour les soldats morts pendant la Première Guerre mondiale, au cimetière berlinois Sankt-Bartholomäus.
Anne-Marie Pailhès, 2018
6À Leipzig, de nombreux habitants fréquentent assidument le cimetière du sud, parfois avec leurs enfants, pour des promenades, un jogging, ou une leçon d’histoire en plein air dans ce vaste parc à l’anglaise. Les longues allées, une surface de 80 hectares4, les arbres centenaires invitent à la promenade, sans pouvoir faire totalement oublier la présence de l’immense crématorium installé au centre de cet espace. Un rapport nouveau à la mort avait présidé à la création de ce cimetière moderne, comme l’expliquait Gustav Mönch, le directeur du cimetière, en 1898 : « Les cimetières doivent être en tout premier lieu de beaux parcs, de magnifiques endroits à l’atmosphère particulière […] et non des lieux d’horreur […]. Dans ce bel environnement, le visiteur doit aimer s’adonner au souvenir […]. Le dimanche, c’est pour beaucoup de visiteurs un beau parc »5. À Berlin, le cimetière de Friedrichsfelde, conçu à l’origine pour les pauvres, « prend rapidement l’allure d’un parc boisé et fleuri qui accueille aussi bien visiteurs endeuillés que promeneurs du dimanche »6. D’ailleurs : « Début 1884, l’Association allemande pour l’élevage et l’acclimatation des oiseaux y introduit même, sur sollicitation du Magistrat, des espèces d’oiseaux sélectionnés pour leur chant »7.
7Ces deux exemples permettent déjà quelques observations dans une perspective comparatiste. À travers les siècles, la place de la nature dans les espaces funéraires semble être toute autre en France et en Allemagne, et cette constatation vaut pour tout type de lieu funéraire. Un autre exemple, d’un lieu beaucoup plus modeste dans la même ville de Leipzig, appelle le même constat : la nature est également omniprésente dans ce petit cimetière protestant de la périphérie de la ville.
Evangelischer Waldfriedhof : cimetière de forêt évangélique
Waldfriedhof Miltitz, Leipzig
Anne-Marie Pailhès, 2017
8Il s’agit là d’un evangelischer Waldfriedhof ou cimetière de forêt géré par l’Église évangélique qui, bien que situé en bordure de ville, est ceint d’arbres. Les tombes ne sont pas des objets minéraux, mais plutôt des parterres de fleurs rivalisant de luxuriance en ce mois de juin 2017. Le cimetière reste un lieu public, exposé aux yeux de tous et où la contrainte collective qui y est exercée invite au respect des rituels séculaires d’entretien des tombes, spécifiques à l’Allemagne. Leur aménagement végétal est très important : en témoigne le fait qu’une section entière de la Bundesgartenschau, l’exposition fédérale des jardins qui se tient tous les deux ans, est consacrée à l’art funéraire (On en chercherait en vain un équivalent en France). Cet événement est aussi l’occasion de concours récompensant les plus belles tombes. Les photos sont mises en ligne, un prix étant accordé pour chaque saison.
Tombe exposition horticole 2015
Exemple de tombe concourant à l’exposition horticole fédérale de 2015 à Hambourg
Anne-Marie Pailhès, 2015
Tombe exposition horticole 2015
Exemple de tombe concourant à l’exposition horticole fédérale de 2015 à Hambourg
Anne-Marie Pailhès, 2015
9Les coutumes funéraires ont également laissé leurs traces dans la langue allemande. Un vocabulaire adéquat décrit l’entretien des tombes : avant l’hiver, puis au printemps, il faut : « das Grab abdecken », un verbe employé indifféremment dans le premier cas, pour « recouvrir la tombe » (de branchages), et dans le second cas, à l’arrivée du printemps, pour « la découvrir ». Comme si, à l’instar de la végétation, les morts devaient trouver le repos en hiver : après la fin des derniers plants emportés par le gel, après la Toussaint et ses bougies, on recouvre la tombe de branches de sapin qui resteront vertes tout l’hiver et protègeront le sol des intempéries.
Cimetière central de Neuruppin
Cimetière central de Neuruppin (Brandebourg)
Anne-Marie Pailhès, 2018
10Au printemps, à l’inverse, il faudra découvrir la tombe pour la fleurir, souvent, de plantations et de fleurs fraîches.
11Cette présence de la nature dans les cimetières allemands (ou bien l’implantation de ces cimetières dans la nature) renvoie aux particularités de l’histoire religieuse allemande. En effet, dans la tradition catholique, le salut de l’âme s’achète par la proximité de la sépulture avec celle des saints, ou avec leurs reliques conservées dans les églises. Jusqu’à la Réforme, il fallait donc être enterré le plus près possible des églises, dans le Kirchhof, nom qui désigne ce cimetière entourant l’église. Sur ce point, Luther a introduit une rupture importante en ne reconnaissant pas le culte des saints : « Ainsi la tombe située dans l’église ou près de celle-ci perdit sa justification théologique, le cimetière entourant l’église perdit son statut de locus sacer et la tombe située près de ce lieu autrefois sacré perdit son effet propice au salut de l’âme »8. Dans son essai Ob man vor dem Sterben fliehen möge (1527) (« Si l’on peut fuir devant la mort »), il prône clairement la création de cimetières hors des villes, se référant au modèle antique et à des considérations hygiéniques, et critiquant le cimetière de Wittenberg de son époque, situé au centre de la ville, et devenu un espace non propice au recueillement en raison de toutes sortes d’activités qui s’y déroulaient. Il en vient même à affirmer qu’il préfèrerait être enterré dans la forêt, citation souvent reprise depuis pour justifier la tradition romantique du tombeau dans la forêt, et à notre époque, la création de forêts du dernier repos : « Si je désire un ensevelissement honorable, j’aimerais mieux être jeté dans l’Elbe ou enterré dans la forêt »9.
Incinération et sépulture : influence sur la conception des cimetières
12La photographie suivante fait apparaître une autre différence importante entre la France et l’Allemagne :
Cimetière de Miltitz, à Leipzig
Cimetière de Miltitz, Leipzig
Anne-Marie Pailhès, 2017
13La taille des tombes, des carrés d’à peine cinquante centimètres de côté, renvoie à une pratique intense de l’incinération, bien plus importante de l’autre côté que de ce côté-ci du Rhin. En France, pays de tradition catholique, la pratique de la crémation a été longtemps interdite, conformément aux directives de Rome. C’est seulement depuis 1963 qu’elle est tolérée par le Vatican, et qu’elle devient de plus en plus courante, même si cet arrière-plan religieux se traduit aujourd’hui encore par des différences notables entre pays de tradition catholique et pays du Nord de l’Europe10. La population française serait même toujours particulièrement réticente face à la « privatisation » des funérailles que constitue la crémation, privant la collectivité familiale d’un lieu d’inhumation public. Comme l’écrit Marie-Frédérique Bacqué11 :
Si les funérailles et les rites funéraires sont en effet destinés à la bonne santé sociale et psychique des survivants, c’est en partie parce qu’elles impliquent la participation de la collectivité. Les proches sont les témoins de la destination du défunt, ils ont assisté à sa mise en terre, ils gardent en mémoire le lieu final de son ‘repos’. En revanche, si la destination de l’urne n’a pas été fixée d’emblée, il sera difficile de réunir à nouveau la famille pour lui permettre de témoigner de sa destination finale. On voit donc que si l’inhumation se déroule complètement sous le regard de l’ensemble des témoins, la crémation et surtout le lieu final du devenir des cendres a lieu en deux étapes, dont la dernière reste secrète car trop privée12.
14En 2016, les incinérations concernaient environ 30 % des décès en France13, contre plus de 60 % en Allemagne. En Allemagne, il faut tenir compte de certains facteurs culturels pour expliquer que l’incinération ait été pratiquée de façon intensive ; ils ne sont pas seulement d’ordre religieux, mais aussi de nature plus politique. En effet, l’État prussien a légalisé cette pratique dès 1880 et les Églises protestantes (dans un pays où celles-ci représentaient environ la moitié des croyants) l’ont autorisée dès les années 1920. Par ailleurs, il s’est agi d’une pratique très répandue dans les milieux athées, francs-maçons et communistes, et favorisée en RDA pendant les quarante ans d’existence de cet État (1949-1989). Le taux de crémation était deux fois plus élevé en RDA qu’en RFA dans les années 198014. La RDA se plaçait ainsi dans la tradition des libres penseurs issus des Lumières et du socialisme moderne ; la propagation de l’incinération s’insérait dès le XIXe siècle dans le programme du parti social-démocrate15. Pour ces raisons idéologiques et économiques, l’État de RDA faisait la promotion active de ce type de sépulture dans une urne. Actuellement, les États où elle est le plus pratiquée en Europe sont ceux où une politique publique active a poussé en ce sens : Grande-Bretagne, Suède, Danemark, République tchèque, Suisse16.
15Ces facteurs expliquent pourquoi aujourd’hui 90 % des décès survenus dans un Land de l’Allemagne de l’Est sont suivis d’une incinération, soit bien plus encore que dans l’ensemble de l’Allemagne.
16Cette pratique de plus en plus intensive a donné lieu au développement d’une culture funéraire spécifique, caractérisée par la réduction de l’espace nécessaire à une inhumation déjà devenue relativement symbolique comme le montre la taille réduite des tombes dans nombres de cimetières allemands. Phase ultérieure : dans le columbarium, la notion de tombe est réduite à l’attribution minimale d’une petite case.
17Les études de Philippe Ariès ont fait apparaître clairement à quel point l’évolution des pratiques funéraires était intimement liée à celle des mentalités. L’historien voyait dans leurs formes contemporaines un signe du refoulement de la mort dans la société industrielle, d’une « mort inversée » oblitérée, allant de pair avec un anonymat renforcé. Le développement de la culture dite « alternative » en Allemagne, qui touche une large part de la société allemande17, devait obligatoirement laisser des traces dans la culture funéraire contemporaine dans la mesure où il traduit une évolution des mentalités et des pratiques de la vie quotidienne. Les acteurs de 1968 ne se sentaient pas encore personnellement concernés par ce sujet pendant les décennies de grande expansion de la culture alternative, au cours des années 1970 et 1980. C’est une fois arrivés aux portes de la mort que ces hommes et ces femmes se sont posé la question de savoir quel type d’inhumation ils souhaitaient pour eux-mêmes et pour leurs proches18.
Nouvelles formes de mémoire et de religiosité dans la nature
18L’intensification de la pratique de l’incinération a marqué les années 1980 et 1990. À partir des années 1990 et surtout des années 2000, la question du rituel funéraire s’est posée en d’autres termes, trouvant des réponses encore relativement individuelles. Il est cependant interdit d’avoir sa propre sépulture à domicile, en Allemagne comme en France, et de répandre des cendres humaines dans la nature.
19La déchristianisation, telle qu’elle a été à l’œuvre en RDA, n’a cependant pas été remplacée par le seul « athéisme scientifique », qui a fait largement disparaître les croix des cimetières de toute l’Allemagne de l’Est. Dans tous les pays occidentaux, de nouvelles formes de croyance ou de « rapport au monde » se sont développées, en particulier celles qui étaient liées à l’expansion d’une vision « New Age » du monde. Ce courant de pensée, directement importé des États-Unis, a touché de larges parts de la société allemande et du monde germanophone en général dès les années 1980, avant d’être exporté en Allemagne de l’Est au cours des années 199019. Les cimetières eux-mêmes n’ont pas été épargnés par cette évolution. C’est à Vienne, capitale sociale-démocrate au sein d’un État resté très marqué par le catholicisme, qu’on en trouve un exemple tout à fait frappant au sein du plus grand cimetière municipal (Wiener Zentralfriedhof – Cimetière central de Vienne). C’est ici qu’a été aménagé en 1998/99 le « Parc du repos et de la force » (Park der Ruhe und Kraft) d’après une idée de l’architecte autrichien Christof Riccabona. Se référant au chemin de croix, il est décrit comme « un parc paysager » (Landschaftspark) qui s’organise en six « stations » qui doivent « inviter à la détente physique et spirituelle » en suivant les « lignes énergétiques » ; pour ce faire il a été conçu « selon l’ancienne tradition de la géomancie », nous apprend la brochure officielle20. L’« ancienne tradition » dont il est ici question a en fait été remise au goût du jour par le New Age qui prône l’harmonie et la communication avec le cosmos à travers une « nouvelle religion » qui serait « orientalisée »21. Ses thématiques sont reprises dans le parcours proposé au promeneur ou visiteur : rappel des traditions culturelles préchrétiennes avec le menhir de la station 1 : « Le portique et la pierre debout » ; référence aux débuts de la chrétienté avec la « cathédrale » suggérée par quelques pierres et cinq arbres ; trois bassins forment, à la station 3, le signe de l’infini. Les douze menhirs de la station 4 rappellent directement Stonehenge, haut-lieu du New Age ; le dépliant insiste d’ailleurs sur leur signification : « Le chiffre ‘12’ n’est pas seulement le signe de la force du soleil, mais celui des 12 signes du zodiaque et du rythme annuel de la nature ». La station 5 est consacrée à l’élément « Feu », on peut y allumer des bougies et y faire brûler de l’encens. La dernière station présente une hache de marbre blanc, à double tranchant, « symbole de sagesse ». Il faut peut-être voir dans cet aménagement d’une partie du cimetière municipal une réponse contemporaine au musée de la sépulture établi à quelques pas, qui rappelle le faste des enterrements de la capitale austro-hongroise22.
Menhirs, Vienne, Autriche
Le cercle des menhirs à Vienne, Cimetière central
Anne-Marie Pailhès, 2017
20Cet exemple montre que le lien à la nature dans un espace domestiqué a été ici renouvelé par une conception qui s’éloigne volontairement de la tradition chrétienne ou athée en introduisant une nouvelle dimension spirituelle dans un lieu public toujours défini comme un « parc », c’est-à-dire une variante publique, de plus grande envergure, d’un jardin. Il présente une nature modelée par l’homme qui y introduit des symboles et des références à différents systèmes religieux. Ce phénomène reste cependant isolé en Europe, les usages funéraires en mutation étant surtout mis en place sous la pression du changement de mentalité des individus qui poussent les institutions en charge des cimetières (communes ou Églises) à adapter la législation, celles-ci précédant rarement la demande de changement.
21Les formes de cimetières deviennent de plus en plus dépouillées, voulant imiter la nature : d’abord ensemble minéral situé autour de l’église, le cimetière est devenu un système structuré en marge des villes, souvent boisé, intégrant une large part de décoration végétale. À Vienne, la partie New Age du cimetière est conçue en fonction d’arbres préexistants auxquels elle donne sens en leur adjoignant des éléments porteurs d’une vision spécifique du monde.
22Le tombeau situé dans un cimetière à l’allure de parc ou de jardin servait à perpétuer l’image de la situation sociale des défunts23. En témoignent par exemple les somptueux tombeaux des banquiers, marchands et éditeurs de la ville de Leipzig24. À l’inverse, le FriedWald semble être une leçon d’humilité et de recueillement face à la mort.
Cimetière du sud, Leipzig
Leipzig, Südfriedhof
Anne-Marie Pailhès, 2017
L’expansion des sépultures en pleine nature : « FriedWald » et « RuheForst »
23La forme nouvelle du FriedWald, apparue depuis une vingtaine d’années, peut être interprétée comme l’aboutissement ultime de ce processus de rapprochement de la nature, de l’éloignement d’une Église qui détenait le monopole d’interprétation de l’existence. Actuellement, les sépultures en pleine nature représenteraient environ 6,5 % du total des sépultures25.
Berlin, Friedhof Sankt-Bartholomäus
Berlin, Friedhof Sankt-Bartholomäus
Anne-Marie Pailhès, 2018
24En Allemagne non plus, il n’est pas autorisé d’utiliser les forêts publiques comme cimetières en pleine nature, d’où la nécessité d’aménager des espaces forestiers destinés à jouer le rôle de « dernière demeure ».
25C’est en 1993 qu’Ueli Sauter, ingénieur en Suisse (alémanique), a eu l’idée de relier ses idées écologiques à l’expression d’un deuil personnel causé par la disparition d’un ami cher. Il a également pris soin de déposer un brevet européen pour son invention, « FriedWald ® », commercialisée comme une franchise par l’entreprise de droit privé FriedWald GmbH. Le banquier Axel Baudach et la juriste Petra Bach ont importé ce concept en Allemagne, où le premier enterrement en « FriedWald » a eu lieu en 200126. Au premier abord, ce terme donne l’impression linguistique d’être un terme ancien, typiquement germanique. Il se compose de Wald, la forêt, mais aussi de Fried, signifiant à la fois la paix et la clôture. Le terme exprime donc parfaitement l’idée d’un espace clos, d’un espace de paix dans la forêt. Contrairement aux apparences, il s’agit cependant d’un néologisme habile, connoté comme un terme ancien qui rappellerait un retour aux sources.
26Une entreprise concurrente du même type a vu le jour en 2003 : « RuheForst ». Elle semble avoir calqué son nom sur celui de FriedWald. Littéralement, RuheForst signifie « Bois du repos », il s’agit aussi d’une marque déposée qui exprime sa singularité par l’emploi d’une majuscule au milieu du mot composé, comme FriedWald.
27En France, cette pratique est interdite par la loi car si la dispersion des cendres est tolérée, l’installation d’une sépulture en pleine nature est illégale27. De quoi est-il ici question ? Il s’agit en quelque sorte de s’assurer de son vivant une mort « écologique », c’est du moins le discours tenu par les entreprises concernées. Les cendres du défunt ou de la défunte doivent retrouver le cycle naturel en étant peu à peu incorporées à la terre. Cet objectif est tout d’abord visé par l’utilisation d’une urne « biodégradable », variation moderne sur le modèle de l’urne antique qui ornait les parcs paysagers. Mais cette urne n’est pas destinée à perpétuer le souvenir du ou de la disparu/e, elle n’est pas exposée comme dans les parcs de la noblesse, elle ne lutte pas symboliquement contre le caractère éphémère de l’existence mais accompagne sa disparition. Elle est enterrée au pied d’un arbre qui doit, quant à lui, perpétuer la mémoire – selon le cycle naturel de la durée de vie d’un arbre. Seule une petite plaque (facultative) apposée sur le tronc sert de point de repère aux éventuels visiteurs. Aucun monument, aucun élément décoratif ne sont autorisés. Ce nouveau type de concession est accordé pour 99 ans (contre 20 ans en moyenne dans les cimetières traditionnels).
Dernière trace du dernier repos
Dernière trace du dernier repos, RuheForst Ruppiner Heide
Anne-Marie Pailhès, 2018
28Cependant, les aspects économiques ne sont pas complètement absents de ce nouveau rituel funéraire. Si l’urne biologique déposée dans un FriedWald séduit une part de plus en plus importante de la population, elle n’est pas non plus sans porter la marque d’une forme de distinction sociale. En effet, l’idée même de FriedWald ayant fait l’objet d’un dépôt de brevet, elle ne peut être mise en œuvre sans que son inventeur perçoive des droits. Introduit de Suisse en Allemagne, le concept a permis à l’entreprise de connaître rapidement une très grande expansion. L’homme d’affaires qui a développé les FriedWälder en Allemagne, Axel Baudach, est cité comme un exemple de réussite économique fulgurante28. En quelques années, son entreprise a atteint un chiffre d’affaires supérieur à un million d’euros. Il serait en 2017 de plus de 20 millions d’euros, avec un taux de croissance de 6 à 8 % par an29. Il en va de même pour le RuheForst.
29Face à cette concurrence, les cimetières classiques commencent à proposer des sépultures au pied des arbres, quand ils sont, depuis leur origine, des parcs paysagers boisés, où des emplacements deviennent vacants du fait de la courte durée de concession en ces lieux. L’expansion des forêts du dernier repos entraîne effectivement une désaffection sensible des cimetières traditionnels et des difficultés financières pour les communes. À Hambourg par exemple, le nombre d’enterrements traditionnels dans le célèbre cimetière d’Ohlsdorf a baissé de 22 % depuis 199530.
30Toutes les nouvelles concessions gérées comme des sépultures de pleine nature relèvent d’une initiative privée : à l’origine, un propriétaire de forêt, sollicité par une entreprise funéraire proposant des « sépultures dans la nature » décide d’attribuer cette fonction à l’une de ses parcelles, mais il doit obligatoirement s’associer à une commune ou une église. Il choisira de préférence un lieu qui réponde à certains critères d’attractivité pour les éventuels clients, mais y destinera aussi des bois qui ne sont pas d’un grand rendement économique. Ainsi la « forêt du dernier repos » de Bennewitz, proche de Leipzig, est située dans un bois humide au sol pauvre qui ne se prête pas à l’exploitation forestière.
31Le phénomène s’est peu à peu développé dans toutes les régions de l’Allemagne de l’Ouest au cours des années 2000. Depuis une date récente, l’Allemagne de l’Est devient aussi un nouveau marché pour cette pratique, d’autant plus intéressant que l’incinération y est déjà la règle. Bennewitz fut le premier cimetière de ce type, situé à proximité de Leipzig. Entretemps, le prince Georg zur Lippe, de la famille des Wettin, a manifesté son intérêt pour le secteur et consacré soixante-dix-sept hectares de ses bois à son projet situé à Niederau près de Dresde. Après de longs débats publics, il n’a pu l’inaugurer qu’à l’automne 2017 lorsque l’évêque lui en a donné l’autorisation. On apprend aussi dans la presse populaire que le prince Daniel de Saxe a fait de même à quelques kilomètres de là, près de Coswig. Ce dernier n’est cependant pas entré dans le réseau FriedWald. Jouant sur une seule lettre il a baptisé son cimetière en pleine forêt « Naturruhe Friedewald »31. Ce phénomène concernerait actuellement un certain nombre de familles allemandes à particule qui destinent ainsi leurs propriétés foncières à cet usage mais ne s’y font pas enterrer. Leur présence dans ce secteur s’explique par la place qu’elles occupent dans les associations de propriétaires fonciers et par les contacts qu’elles ont eus dès ses débuts avec l’entreprise FriedWald.
32Le secteur du FriedWald devient donc rentable pour ceux qui cherchent à valoriser leurs forêts. Dans un cimetière public ordinaire, ou dépendant d’une Église, le prix d’une concession varie beaucoup en fonction du lieu, il est plus élevé dans les grandes villes. L’attractivité d’un FriedWald (dont les prix sont les mêmes dans toute l’Allemagne) variera donc aussi en fonction des prix pratiqués dans les cimetières communaux ou chrétiens des alentours. Pour une « sépulture » en FriedWald, le prix varie en fonction de l’essence de l’arbre et de la formule choisie (sépulture isolée, de couple, de famille ou de groupe). À Bennewitz, un arbre pour une ou deux personnes coûte 2700 euros au moins, un arbre familial ou pour un groupe d’amis entre 2700 et 5850 euros, une place sous un arbre communautaire entre 770 et 1200 euros32. Le nombre de ces forêts de marque FriedWald serait d’environ 140 en Allemagne à l’heure actuelle33.
33Les études sur le sujet se multiplient en Allemagne et ce phénomène attire l’attention d’un certain nombre d’anthropologues enthousiastes qui voient là l’expression d’un engagement écologique jusque dans la mort34. Cependant, aucun d’entre eux ne prend réellement en compte la dimension économique de ce secteur dorénavant lucratif. Alors qu’une place au cimetière était autrefois conçue comme une assurance d’obtenir une petite place au paradis, la concession biodégradable donne bonne conscience au citoyen écologique jusqu’à la mort qui ne laisse pas de trace et réduit l’empreinte écologique de sa disparition au maximum : plus d’arbre à abattre pour fabriquer un cercueil, plus de marbre à extraire d’une lointaine carrière, plus de roses du Kenya à disposer régulièrement en bouquet, plus de corvée d’entretien de la tombe qui importunerait les proches. Le FriedWald permet de se soustraire à une contrainte sociale forte en Allemagne, qui incite les citoyens à rivaliser dans l’entretien des tombes des défunts (Grabpflege en allemand, c’est-à-dire soin apporté aux tombes). Il reflète aussi l’évolution sociale de familles géographiquement éparpillées ou désunies et un refus de la mémoire des générations, accompagné de l’idée d’une fusion avec la nature. Cependant, l’effacement de la tombe résulte parfois du seul choix individuel, il n’est pas sûr que les vivants s’en contentent. En témoignent les signes distinctifs, interdits dans le FriedWald ou le RuheForst, mais qui y sont encore bien présents et tolérés : une touffe de crocus au printemps, un cœur taillé dans le bois, un angelot de porcelaine.
Jonquilles miniatures
RuheForst Ruppiner Heide
Anne-Marie Pailhès, 2018
Cœur taillé dans le bois
RuheForst Ruppiner Heide
Anne-Marie Pailhès, 2018
Angelot en porcelaine
RuheForst Ruppiner Heide
Anne-Marie Pailhès, 2018
34L’examen attentif de l’arsenal technique, juridique et financier qui entoure ce nouveau type de sépulture permet de remettre en question le fait que le FriedWald soit l’expression même du retour à une nature présentée comme presque vierge. En effet, les forêts doivent être entretenues régulièrement et leur bois continue d’être exploité et vendu. Il s’agit bien d’un lieu dominé par l’être humain qui le contrôle – même en cas de tempête, les arbres tombés sont évacués et remplacés par de jeunes spécimens. La législation qui les régit est très stricte, en termes d’accès, de concession, de rapports avec les pouvoirs publics. Peut-être faut-il voir là une imitation encore plus poussée de la nature, mais qui n’est en fin de compte pas si éloignée par l’esprit des tombeaux situés dans les parcs paysagers, comme celui de Frédéric le Grand à Sanssouci35. « Devenir une part de la forêt vierge après la mort, ne s’agit-il pas là d’une belle idée ? », écrit Peter Wohlleben, auteur du bestseller La vie secrète des arbres36. Ainsi les morts ne reposent-ils pas dans la nature vierge, mais dans une représentation qu’ils en ont, fidèle à la tradition romantique de la forêt allemande37.
Notes
1 Leur présence devrait se renforcer après la publication en 2014 de la loi Labbé qui interdit l’usage de produits phytosanitaires dans les espaces publics. Cette loi fait cependant l’objet de diverses interprétations, car seuls sont visés par la loi les cimetières qui sont des lieux de promenade comme c’est le cas dans les grandes villes telles que Paris, ou bien qui comprennent des tombes de personnages célèbres faisant l’objet de pèlerinages. Les gestionnaires des cimetières ordinaires ne sont pas tenus d’appliquer la loi avant 2022… « Il est interdit aux personnes publiques mentionnées à l'article L.1 du code général de al propriété des personnes publiques d’utiliser ou de faire utiliser les produits phytopharmaceutiques mentionnés au premier alinéa de l’article L. 253-1 du présent code, à l’exception de ceux mentionnés au IV du présent article, pour l’entretien des espaces verts, des forêts ou des promenades accessibles ou ouverts au public et relevant de leur domaine public ou privé ». https://www.legifrance.gouv.fr/eli/loi/2014/2/6/DEVX1330135L/jo/texte (consulté le 7 mai 2019).
2 Isabelle Dubois, « Le cimetière de demain : du granit au souvenir », in Études sur la mort, 2/2009, p. 75.
3 Voir un autre exemple p. 29 in Rosemarie Fret, Lebensorte, Leipzigs alte Friedhöfe, Beucha, Sax Verlag, 2000. Tombeau conçu par Lehnert pour le fils du brasseur Naumann.
4 Selon différentes sources (sa surface est estimée de 78 à 82 hectares). À titre de comparaison, le plus grand cimetière parisien, le Père Lachaise, a une surface de 45 ha.
5 Cité par Brunhilde Rothbauer, « Zur Geschichte der Leipziger Friedhöfe und ihrer Grabmale », in Rosemarie Fret, op. cit., p. 111, « Bericht des Friedhofsdirektors Mönch vom 31.12.1898 ». « Friedhöfe sollen in allererster Linie schöne Parks sein, prächtige, stimmungsvolle Stätten, nicht Ort des Grauens […]. Der Besucher soll sich in schöner Umgebung gern der Erinnerung hingeben […]. Am Sonntag ist er für viele Besucher ein schöner Park ».
6 Cité par Élise Julien et Elsa Vonau, « Le cimetière de Friedrichsfelde, construction d’un espace socialiste (Des années 1880 aux années 1970) », in Le Mouvement Social, 2011/4, p. 93.
7 Ibid., note 12 du même article.
8 Barbara Happe, Der Tod gehört mir - Die Vielfalt der heutigen Bestattungskultur und ihre Ursprünge, Berlin, Reimer, 2012, p. 33. « Damit wurde dem Grab an und in der Kirche seine theologische Begründung entzogen, der Kirchhof verlor seinen Status als locus sacer und das Grab an diesem einst geheiligten Ort seine heilsfördernde Wirkung ». Traduction A. M. Pailhès.
9 Martin Luther, « Si l’on peut fuir devant la mort », La Pléiade, vol. II, p. 348. En allemand : Weimarer Ausgabe (WA), vol. 23, p. 377, lignes 13-14 : https://archive.org/details/werkekritischege23luthuoft (consulté le 7 mai 2019). L’engouement allemand pour la forêt se traduit aujourd’hui encore dans les best-sellers du garde-forestier allemand, Peter Wohlleben.
10 Voir Barbara Happe, op. cit., chapitre sur la crémation et l’attitude des Églises envers cette pratique, p. 76-81.
11 Professeur de psychopathologie clinique à l’Université Louis-Pasteur de Strasbourg (en 2018).
12 Marie-Frédérique Bacqué, « Pourquoi la crémation résiste sur le plan psychologique en France », in Études sur la mort, 2007/2 n° 132, p. 52.
13 « Kremationen, weltweit und in Europa, 2013 und 2014 », https://fowid.de/meldung/kremationen-weltweit-und-europa-2013-und-2014, étude publiée en ligne du Forschungsgruppe Weltanschauungen in Deutschland (fowid), Fondation Giordano Bruno (consulté le 3 juillet 2018).
14 Comme cela apparaît clairement dans les tableaux présentés dans l’étude historique de Felix Robin Schulz, Death in East Germany 1945-1990, New York, NY Berghahn, 2013, chapitre « Burning Bodies – Cremation in the GDR », p. 124-153.
15 Norbert Fischer, « Feuerbestattung, Sozialdemokratie und Geschichte : Bestattungskultur als Reformprojekt der SPD im späten 19. und frühen 20. Jahrhundert », in OHLSDORF - Zeitschrift für Trauerkultur, n° 133, II, 2016. L’auteur rappelle l’incinération d’August Bebel en 1913 à Zurich.
16 Felix Robin Schulz, op. cit., p. 135.
17 Le politologue Michael Vester a souligné que si le milieu alternatif au sens strict ne représentait plus dans le monde germanophone qu’environ 2,3 % de la population allemande au début des années 1990, il ne s’agissait là que de la pointe d’un iceberg concernant 28 % de la population qui tentaient de réaliser avec plus ou moins d’envergure les idéaux alternatifs (autodétermination, cogestion, égalité des femmes, des immigrés, écologie et pacifisme). Michael Vester, « Alternativbewegungen und neue soziale Milieus », in Sven Reichardt/Detlef Siegfried, Das alternative Milieu. Antibürgerlicher Lebensstil und linke Politik in der Bundesrepublik Deutschland und Europa. 1968-1983, Göttingen, Wallstein, 2010, p. 58.
18 Cette question a été d’ailleurs précédée par celle du choix d’un lieu pour vivre le grand âge.
19 Anne-Marie Pailhès, « L’exportation du 'New Age' en Allemagne de l’Est depuis 1990 : l’exemple des communautés alternatives » in Revue d'Allemagne et des pays de langue allemande, Strasbourg, 2/2009, p. 229-241.
20 https://www.friedhoefewien.at/media/files/2015/park%20der%20ruhe%20und%20kraft_folder_135165.pdf (consulté le 7 mai 2019).
21 Pascal Eitler a étudié en détail ce phénomène dans la société allemande. Voir Pascal Eitler, « Körper − Kosmos − Kybernetik. Transformationen der Religion im 'New Age' (Westdeutschland 1975-1990) », in Zeithistorische Forschungen 4 (2007), p. 116-136, http://www.zeithistorische-forschungen.de/1-2-2007/id%3D4460 (consulté le 7 mai 2019).
22 Il existe à notre connaissance deux musées de ce type dans l’espace germanophone, l’un étant donc situé à Vienne (Bestattungsmuseum, créé en 1967) et l’autre en Allemagne, à Kassel (Museum für Sepukralkultur, créé en 1992).
23 Barbara Happe, op. cit., chapitre « Gartengräber des Adels », p. 44-50.
24 Rosemarie Fret, Lebensorte, Leipzigs alte Friedhöfe, Becha, Sax Verlag, 2000.
25 Une évolution chiffrée des types de sépulture, en lien avec une analyse sociologique des pratiques allemandes, est proposée dans Frank Thieme / Sabine Evertz, Alles Geschmackssache ? Bestattungskultur und soziale Milieus in Deutschland, publication issue du projet « Wandel der Bestattungskultur in Deutschland », https://www.bestattungsvergleich.de/ratgeber/assets/pdf/studie-zur-bestattungskultur.pdf (consulté le 7 mai 2019).
26 Sylvie Assig, Waldesruh statt Gottesacker – Der Friedwald als neues Bestattungskonzept, eine kulturwissenschaftliche Spurensuche, Stuttgart, Ibidem Press, 2007, p. 13-14.
27 Ainsi des Alsaciens se rendent-ils en Allemagne pour y choisir l’arbre au pied duquel ils voudraient être enterrés. De même, on trouve sur internet des mentions de cas de pratique illégale de lieu de dispersion sanctuarisé dans une forêt, comme celle de Saint-Germain-en Laye. La seule commune proposant un cimetière paysager depuis 2014 est la ville de Niort. Voir la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=Tr-Xa4WX7u0 (consultée le 3 juillet 2018).
28 Il est l’un des exemples proposés en modèle dans le livre de la coach Kerstin Gernig, Werde was du kannst, Hambourg, Murmann Verlag, 2014.
29 « Unternehmen im Gespräch : Friedwald GmbH in Griesheim » in Echo, 18/11/2017, http://www.echo-online.de/wirtschaft/wirtschaft-suedhessen/unternehmen-im-gespraech-friedwald-gmbh-in-griesheim_18329072.htm (consulté le 3 juillet 2018).
30 « Was wird aus dem Friedhof Ohlsdorf ? », in Die Welt, 23/3/2016.
31 « Nächster Adliger eröffnet Bestattungswald », in Morgenpost, Dresden und Umgebung, 30/9/2017, p. 6-7.
32 Prix indiqués dans la brochure distribuée sur place en 2017.
33 La carte de leurs emplacements est visible à l’adresse suivante : https://www.friedwald.de/standorte/ (consulté le 7 mai 2019).
34 Par exemple : Sylvie Assig, op.cit. ; Britta Bauer, Baumbestattungen in Deutschland, sozialwissenschaftliche Untersuchung einer alternativen Bestattungsform, Hambourg, Verlag Dr. Kovac, 2015 ; Stefanie Rüter, Friedwald, Waldbewusstsein und Bestattungskultur, Münster, Waxmann, 2011. Les publications de Frank Thieme prennent plus de recul sur ce phénomène.
35 Adrian von Buttlar / Marcus Köhler, « Friedrichs Grabstätte im 'Ewigen Osten' : Der Tod in Arkadien » in Tod, Glück und Ruhm in Sanssouci : Ein Führer durch die Gartenwelt Friedrichs des Großen, Ostfildern, Hatje Cantz Verlag, 2012, p. 43-53.
36 Peter Wohlleben, Das geheime Leben der Bäume. Was sie fühlen, wie sie kommunizieren – die Entdeckung einer verborgenen Welt, Munich, Ludwig, 2015, Kapitel « Nach dem Tod ein Teil des Urwaldes zu werden – ist das nicht eine schöne Vorstellung ? ». Traduit en français : La Vie secrète des arbres. Ce qu’ils ressentent. Comment ils communiquent, Paris, Les Arènes, 2017, chapitre « Le royaume des ténèbres ».
37 Voir le résumé de la thèse de doctorat de Johannes Zechner, publié en ligne : « Natur der Nation. Der ‘deutsche Wald’ als Denkmuster und Weltanschauung », in Aus Politik und Zeitgeschichte, 49/50, p. 4-10 : http://www.bpb.de/apuz/260674/natur-der-nation-der-deutsche-wald-als-denkmuster-und-weltanschauung?p=all (consulté le 7 mai 2019). Titre de la thèse: Johannes Zechner, Der deutsche Wald. Eine Ideengeschichte zwischen Poesie und Ideologie 1800-1945, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2016.
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Anne-Marie Pailhès
Université Paris Nanterre, CEREG
Anne-Marie Pailhès, germaniste, est maître de conférences HDR à l’Université Paris Nanterre. Spécialiste de l’histoire culturelle de la RDA et de l’Allemagne de l’Est depuis 1990, elle a publié Jardins d’Allemagne, transferts, théories, imaginaires (avec Hildegard Haberl, Honoré Champion, 2014) et La contre-culture : genèses, circulations, pratiques, (avec Bernard Lacroix, Xavier Landrin et Caroline Rolland-Diamond, Paris, Syllepse, 2015), ainsi que des articles sur la culture alternative de l’Allemagne de l’Est, sur Rudolf Bahro et sur les jardins ouvriers est-allemands.