CHOTARD Louis, Victor, Marcel

CHOTARD Louis, Victor, Marcel // Naissance : 9-2-1911 à La Ferté-Bernard (Sarthe) ; Domicile : Bihorel-lès-Rouen Seine-Inférieure () ; Repression : Déporté le 27-4-1944 à  ;  ; Rescapé Pösing Allemagne

Il est le fils de Victor Charles Paul Chotard, libraire, et de Marcelle Chenel. À l’âge adulte, Louis Chotard, plus souvent prénommé Marcel, est employé à la mairie de Rouen (Seine-Inférieure), au service de la voierie. Il réside à Bihorel dans la banlieue rouennaise au1 rue de Madagascar. Marié le 21 mai 1932 avec Pierrette Lenjalley, il a une fille, Colette, née en 1937. Aux dires des renseignements généraux de Rouen, il aurait été un militant communiste avant la guerre. Mais durant l’Occupation, il s’est engagé dans la Résistance auprès du mouvement Libération-Nord, plutôt proche des milieux socialistes. Attesté par William Cornier, Marcel Chotard se révèle un excellent faussaire, spécialisé dans la fabrication de faux papiers. En effet, la réalisation de cartes d’identité, livrets de famille, pièces d’état civil, cartes d’alimentation, visas n’ont plus de secrets pour lui. Les documents servent ainsi aux personnes menacées par la police allemande et leur permettent de quitter la ville : réfractaires au STO, résistants, prisonniers de guerre évadés, juifs. Il travaille avec André Leblond  et un secrétaire de la police régionale de Rouen qui lui fournit de fausses adresses. Il pratique cette activité au moins depuis mai 1942 et fournit ainsi des centaines de fausses cartes d’identité, sans contrepartie financière. Il est arrêté après André Leblond le 15 décembre 1943 par la Gestapo, place des Carmes à Rouen, pour trafic de cartes d’identité. Une perquisition au chantier de voierie municipale permet de trouver le matériel compromettant.

Le cantonnier est incarcéré à la prison Bonne-Nouvelle à Rouen du 18 décembre 1943 au 12 avril 1944. Puis il est transféré au camp de Royallieu à Compiègne (mle 31 637) où il est interné jusqu’au 27 avril 1944. De Compiègne, il est déporté à Auschwitz le 27 avril 1944 par le convoi dit « des Tatoués », en référence au tatouage sur leur avant-bras fait à l’entrée du camp. Il comprend surtout des « politiques ». Il arrive à Auschwitz le 30 avril (mle 185 295). Puis le 12 mai 1944, il est redirigé sur le KL Buchenwald qu’il découvre le 14 mai (mle 53 540). Il est affecté au Block 57 du Petit camp et au Kommando 55. Peut-être parce qu’inapte au travail, il reste au camp central et y croise Marcel Halbout et Georges Boudier . Le 26 octobre 1944, il est opéré d’une ostéomyélite. Le 10 avril 1945, il est évacué au KL Flossenbürg où il arrive le 15 avril. Le 19 avril, le camp est évacué de force par leurs geôliers. Jeté dans une marche de la mort prenant la direction du Sud, il est libéré à Pösing le 23 avril 1945 par l’armée américaine. Devant se débrouiller, il arrive à Cham avec Pierre Nivromont . Il est rapatrié le 9 mai 1945 par le centre de Thionville et retrouve son foyer le 12 mai.

En octobre 1945, il est directeur du centre d’internement de Gaillon (Eure). Son témoignage est recueilli par la police qui enquête sur José Gomez , accusé de dénonciation.

Il est décédé le 27 mai 1949 à Dieppe, des suites de la maladie contractée en déportation. Son nom est inscrit sur le mémorial des déportés de la Sarthe.

Sources : Arolsen, SHD-Caen : 21P727524, AD76 : 51W424, 3868W22 ; D. Epelbaum, Matricule 186 140, p. 163

Chantal Cormont