AUBRY Emile, Joseph, Jean, Louis

AUBRY Emile, Joseph, Jean, Louis // Naissance : 26-11-1919 à Saint-Méloir-des-Ondes (Ille-et-Vilaine) ; Domicile : La Gouesnière Ille-et-Vilaine () ; Repression : Déporté le 23-4-1941 à  ;  ; Rescapé Remscheid-Lüttringhausen Allemagne

Fils de cultivateur, Emile Aubry qui s’est initié au pilotage dans une section d’aviation populaire, s’engage pour la durée de la guerre en décembre 1939. Il est affecté comme élève pilote à l’Ecole élémentaire de pilotage de Saint-Brieuc (EEP) dans les Côtes-du-Nord. Démobilisé depuis l’Algérie, il retourne à La Gouesnière (Ille-et-Vilaine) travailler dans la ferme de son oncle. Il s’engage avec plusieurs camarades de l’EEP dans le projet de rejoindre les Forces françaises libres en Angleterre conduit par le sergent-chef Jean Dorange  et Pierre Devouassoud . Un bateau est acheté fin janvier 1941 à un marin-pêcheur de Saint-Malo : le Buhara, cotre de neuf mètres, désarmé au fond de la baie de la Fresnaye.

Le 12 février 1941 par une « nuit longue », ils sont 15 à embarquer vers 20h30 depuis la baie de La Fresnaye (dont quatre habitants de Dinard). À la suite de plusieurs avaries, le Buhara prend du retard et est arraisonné le 13 vers 11 heures du matin par un patrouilleur allemand. Conduits à la prison maritime de Cherbourg après une étape à Guernesey, ils sont interrogés les premières nuits par l’Abwehr puis transférés le 3 mars à la prison de Saint-Lô. Leur procès se déroule du 19 au 20 mars devant le tribunal militaire de la Feldkommandantur 722 pour « intelligence avec l’ennemi ». Il se conclut par la condamnation à mort de Dorange  et de Devouassoud , considérés comme les « âmes » du projet, et la détention à perpétuité en Allemagne pour les autres participants, à l’exception du plus jeune. Le 12 avril 1941 au petit matin, leurs deux camarades sont fusillés à Montebourg (Manche). Emile Aubry est déporté avec le reste de l’équipage le 23 avril, conduit d’abord à la prison de Düsseldorf-Derendorf puis transféré le 14 mai à la Zuchthaus de Remscheid-Lüttringhausen. Premiers prisonniers politiques français à y être détenus, ils bénéficient de l’aide des prisonniers politiques allemands pour supporter des conditions de vie de plus en plus dures qui entraînent le décès d’Auguste Zalewski  dont Emile Aubry partage la cellule presque jusqu’à la fin. Libéré le 15 avril 1945 par l’US Army, il est rapatrié le 7 mai 1945 via le centre de Jeumont. Emile Aubry est décédé le 30 juillet 1972 à Galluis (Yvelines), à l’âge de 52 ans.

Son nom figure, avec celui de ses camarades, sur le monument à la mémoire des Évadés de France érigé sur la pointe de l’Isle à Saint-Cast-le-Guildo (Côtes-d’Armor) ainsi que sur la plaque apposée à Port-Nieux à Plévenon (Côtes-d’Armor) pour le 60e anniversaire du départ.

Sources : Arolsen ; Landesarchiv de Rhénanie du Nord-Westphalie : Gerichte Rep. 174, Nr. 1 ; SHD-Caen : 21P699820 ; SHD-Vincennes : GR16P21376, GR28P8629 ; deces.matchid.io

Isabelle Neuschwander