CATAF Nesea, dite Nelly

CATAF Nesea, dite Nelly // Naissance : 20-12-1911 à Chisinau (Roumanie) ; Domicile : Bois-Guillaume Seine-Inférieure () ; Repression : Déportée le 11-2-1943 à  ;  ; Assassinée

En 1930 ou 1931, Nesea Cataf (à l’origine Katzaf) a quitté sa Moldavie natale, incorporée à la Roumanie après avoir été sous domination russe, pour s’installer à Paris. Elle habite dans le quartier du Marais, à l’adresse où son parent Max Kaciaf  (peut-être son oncle) exploite un commerce de vêtements. En 1934, elle suit ses proches dans l’agglomération rouennaise, à Bois-Guillaume où elle devient marchande ambulante. Dans cette commune, elle épouse en 1937 l’électricien hongrois Georges Erdelyi . Désormais sans profession, elle met au monde trois filles, Betty  en 1938, Michèle  en 1939 et Annie  en 1941. La famille Erdelyi réside à Rouen, puis 6 bis rue Girot à Bois-Guillaume. C’est là qu’elle est victime, parce que juive, de la politique antisémite engagée dès 1940 par les occupants avec la complicité du régime de Vichy.

Encore considérée par l’administration française comme Roumaine malgré son mariage, Nesea Edelyi fait partie des Juifs étrangers à arrêter, sur ordre de la Sipo-SD, lors de la rafle nocturne des 9/10 octobre 1942. Appréhendée avec ses trois filles, elle passe plusieurs jours au centre d’internement de la rue Poisson à Rouen. Mais par ses démarches auprès du consulat de Hongrie, son mari parvient à les faire libérer le 15, veille du départ pour Drancy. En janvier 1943, la distinction entre les nationalités « déportables » et les autres n’est plus opérante et ce sont désormais tous les Juifs français et étrangers qui sont victimes de la grande rafle de Seine-Inférieure planifiée par la Gestapo de Paris. Figurent parmi eux les Erdelyi, que la police française vient chercher à leur domicile dans la nuit du 15 au 16 janvier 1943. D’abord internée avec les siens dans le même centre rouennais, Nesea est transférée au petit matin à Drancy, d’où elle est déportée comme toute sa famille à Auschwitz, par le convoi no 47 du 11 février 1943. Arrivée sur la rampe, elle est envoyée à la chambre à gaz avec ses trois fillettes, tandis que son mari Georges entre dans le camp et survit à sa déportation.

À Bois-Guillaume, une Stolperstein honore la mémoire de Nesea Erdelyi, à laquelle le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris rend aussi hommage.

Sources : AD76 : 3352W2, 22W Z11751, 54W5445 ; EC (Bois-Guillaume) ; gallica.bnf.fr.

Corinne Bouillot